Samedi 23 novembre 2024

Politique

Lycée Kirundo : La marque du président Ndadaye

20/10/2018 Commentaires fermés sur Lycée Kirundo : La marque du président Ndadaye
Lycée Kirundo : La marque du président Ndadaye
Le Lycée Kirundo dit «Lycée Ndadaye »

Sur une décision du feu président Melchior Ndadaye, le Lycée de Kirundo a vu le jour à la grande satisfaction des habitants de la province Kirundo. Auparavant, ses locaux avaient été construits pour abriter une prison. A la veille de la commémoration du 25è anniversaire de l’assassinat du héros de la démocratie, Iwacu est allé à la découverte de cet établissement.

«Lycée Ndadaye », comme aiment l’appeler les habitants de la province Kirundo, se trouve à quelques mètres de la route qui mène vers la frontière burundo-rwandaise. Au loin, on voit une dizaine de bâtiments en briques cuites. Certains sont anciens.

D’autres sont récents. A l’intérieur, on remarque plusieurs terrains de football, de basket et de handball. Ce qui frappe le plus, ce sont les fenêtres de tous les bâtiments. En plus des vitres, elles sont renforcées par des barres de fer. «C’est comme à la prison», lance un professeur de cet établissement.

Il est 14h. Les élèves sortent des classes. Les internes, filles et garçons, se ruent vers le réfectoire. Ils ont apparemment très faim. Avec le directeur de l’établissement, Cyriaque Nkerabahizi, nous faisons le tour du propriétaire. Nous tombons sur un long mur en pierre d’une dizaine de mètres de haut. Il ressemble à celui qui entoure les prisons burundaises. « C’était la clôture de la prison. Lors de la transformation, on l’a utilisée pour construire d’autres salles de classe.» De l’autre côté, il y a aussi un autre mur semblable. On remarque que la construction de cette clôture n’a pas été achevée. Toutes les infrastructures font penser à un pénitencier.

La promesse

Cyriaque Nkerabahizi : «Nous demandons aux bienfaiteurs de nous aider dans la réhabilitation de nos bâtiments.»

D’après les habitants de la province, c’était une promesse de campagne du candidat Ndadaye. «Il l’a dit, lors d’un meeting à Kirundo», assure C.K., un septuagénaire du centre-ville Kirundo. Pour la population de Kirundo, c’était une bonne chose. «A cette époque, la province Kirundo éprouvait des difficultés dans le domaine de l’éducation», indique un autre habitant de la province. Selon lui, il y avait un manque criant de lycées publics à régime d’internat. «Il n’y avait que deux lycées : le Lycée pédagogique de Kanyinya, qui était réservé aux filles, et le Lycée pédagogique Mukenke dans la commune Bwambarangwe.» D’après les témoignages recueillis, les élèves, surtout les garçons, avaient du mal à trouver une école. «On était obligé d’envoyer nos enfants dans d’autres provinces. On s’est réjoui car cette décision était salutaire ».

En octobre 1993, la crise éclate. Le président Melchior Ndadaye est assassiné. Malgré la tragédie, il fallait se battre pour que cette manne ne leur passe pas entre les doigts. «L’administration, appuyée par l’Association des natifs de Kirundo, a approché les hautes autorités en particulier le ministère de l’Education Nationale afin que la promesse soit traduite dans les faits», raconte Jean Bosco Nkeraguhiga, conseiller principal du gouverneur de l’époque.

Selon lui, la transformation de la prison en une école a commencé en 1996. «Les autorités de l’époque nous ont beaucoup aidé.» L’administration locale approche aussi la Regideso et l’eau et l’électricité sont installées. «Il fallait faire vite car on voulait que l’école commence avec la rentrée scolaire 1996-1997 ».

Et la rentrée scolaire vint

L’intérieur de l’établissement

«C’était la joie. Mais, on avait peur car l’image de la prison était dans nos têtes», témoigne un ancien élève de la première promotion. «Le jour de la rentrée scolaire, nos parents et une grande partie de la population étaient très contents. Ça se lisait sur leurs visages ».

Le hic, l’école manquait de tout. «J’ai hérité d’une école sans équipements ni personnel», se souvient Jean Berchmans Buratsinze, le premier directeur de ce lycée. D’après lui, les infrastructures n’étaient pas adaptées aux exigences pédagogiques et il manquait du matériel didactique. «Le dortoir était vide. Dans les salles de classe, il n’y avait pas de bancs pupitres et nous n’avions pas également de livres.» Avec l’aide des autorités, ils ont essayé de glaner tout cela ici et là, surtout dans les autres écoles.

«C’est le président Pierre Buyoya, accompagné de son ministre de l’Education, qui est venu procéder à l’inauguration de l’école. C’était en janvier 1997.» M. Buratsinze assure que les choses sont devenues simples après la visite du chef de l’Etat. «Comme j’avais le soutien des hautes autorités, tout ce que je demandais, on me le donnait sans broncher. Une voiture de l’école est venue directement de la province Cibitoke ».

L’établissement a ouvert ses portes avec 3 classes : la 7ème, la 3ème Lettres modernes et la 3ème Scientifique. 119 élèves débutent avec l’école. «J’avais des élèves très appliqués. La première promotion au niveau de la session scientifique a réussi à 100% à l’Examen d’Etat.»

A Kirundo, nombre d’habitants aimeraient voir cet établissement porter officiellement le nom de Lycée Melchior Ndadaye. «Ça serait une marque de grande reconnaissance à notre bienfaiteur ».

Une réhabilitation s’impose

Au niveau du classement des écoles, le Lycée Kirundo se classe parmi les premières au niveau de la sous-région, selon son directeur. Toutefois, il fait face à beaucoup de problèmes. «Premièrement, les enceintes de l’école ne sont pas clôturées. Du coup, l’encadrement des élèves pose problème car parfois certains élèves échappent à notre vigilance», indique Cyriaque Nkerabahizi. L’autre problème est la vétusté des locaux. Dans le dortoir et dans les salles de classe, certaines vitres sont cassées. Mais aussi certains lieux d’aisance ne sont pas fonctionnels. «Nous demandons aux bienfaiteurs de nous aider dans la réhabilitation de nos bâtiments.» Le manque de matelas pose aussi problème. «Certains élèves dorment sur des morceaux de matelas. Nous lançons un appel aux bienfaiteurs car cette situation impacte énormément sur l’éducation de nos élèves.» M. Nkerabahizi demande à l’Etat de revoir à la hausse les subsides qu’il octroie aux écoles à régime d’internat.

Signalons que depuis sa création jusqu’à aujourd’hui, 4262 élèves ont fréquenté cet établissement. Jusqu’à l’année scolaire passée, les diplômés de cette école sont au nombre de 1509.

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