Durant 29 ans, l’eau était vraiment de l’or blanc au Lycée Cibitoke. Actuellement, les élèves peuvent faire leur toilette, laver le linge et faire la propreté sans parcourir des kilomètres.
L’eau y est disponible depuis le début de l’année scolaire 2011-2012 grâce aux aides du président de la République et du Comité International de la Croix-Rouge(CICR). «Etudier au Lycée Cibitoke était un véritable calvaire. Prendre une douche ou faire sa toilette était une équation à plusieurs inconnues. Les garçons pouvaient passer plus de deux jours sans se laver. Les filles, elles, doivent le faire quotidiennement pour ne pas être la risée de tout le monde », raconte un ancien du lycée Cibitoke qui se souvient de son séjour très pénible dans cet établissement.
Maintenant, c’est un ouf de soulagement que poussent les lycéens et leurs encadreurs. En train de faire la lessive, filles et garçons lavent leurs habits dans la cours. « C’est la satisfaction totale. Nous pouvons boire de l’eau potable, faire la lessive, faire la propreté, etc., sans parcourir des kilomètres », indique Eric Ndayizeye, de la 1ère Lettres Modernes. Désormais, il peut économiser les 1000Fbu ou 1500Fbu qu’il dépensait mensuellement pour s’approvisionner en eau : « Désormais, je peux acheter quelques avocats ou d’autres fruits comme dessert après le repas. »
Les filles, quant à elles, ne trouvent pas de mots pour décrire leur joie. « Maintenant, nous pouvons faire la douche au moins trois fois par jours. Nous perdions beaucoup de temps à aller puiser loin. Ce temps qui devrait être consacré aux études. Des fois, on rentrait bredouille », indique Elvane Bucuti, de la 2nde Lettres Modernes et doyenne au lycée.
Gain de 60.000 Fbu par jour
« On effectuait trois tours par jour pour puiser de l’eau, avec le véhicule de l’école. A chaque tour, ce dernier consommait au moins 10 litres d’essence. Ce qui nous coûtait 60.000Fbu par jour », souligne Edmond Uwobikundiye, directeur du lycée Cibitoke. Cette eau n’était pas gratuite. Selon lui, un fût de six bidons (20 litres chacun) coûtait 1.800Fbu.
Il indique que c’est à Muyange, en Commune Mugina, à plus de 10 km, que l’école s’approvisionnait en eau destinée à la cuisine et aux travaux de propreté dans les dortoirs et les salles de classes.
Une gestion rationnelle
M. Uwobikundiye souligne que l’école est en train de s’organiser pour distribuer cette eau dans les différentes salles de bains, dans les sanitaires et multiplier les robinets. Le centre Cibitoke étant dépourvu d’eau, la population aux environs s’approvisionne sur le seul robinet du lycée.
En outre, souligne M. Uwobikundiye, les élèves utilisent l’eau des pluies pour la lessive. « D’où nécessité de recueillir cette eau dans de gros futs en plastique de 2000 litres, chacun », précise le directeur de ce lycée, seul endroit dans toute la province où l’on peut naviguer sur internet. En effet, les professeurs peuvent se documenter grâce à 25 ordinateurs connectés (sur 27). Ils profitent de ce don de l’Initiative francophone pour la formation à distance des maîtres (IFADEM), pour se mettre à jour.
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Le lycée Cibitoke, mixte, compte 702 élèves dont 570 internes (120 filles internes). Construit en 1983, il a la section des beaux arts (Lettres Modernes), scientifique B et un centre de formation pédagogique. Il se trouve presqu’à 2km du chef lieu de la province Cibitoke.
S’il est pourvu en eau potable, il est loin d’être un établissement model. Les salles de cours sont exigües, surtout au cycle supérieur où chaque classe a plus de 100 élèves, l’école n’est pas clôturée, les matelas sont en putréfaction, etc.