Le milieu scolaire s’avère un lieu de socialisation par excellence. Cependant, dans une société en conflit ou post-conflit, il peut être un foyer de transmission de discrimination, de tribalisme et de violence. Rodolphe Baranyizigiye, ex-conseiller au ministère de l’Education chargé des questions des élèves du secondaire, nous explique.
Quels sont les milieux de socialisation des enfants ?
La socialisation commence généralement dans la famille, car la famille est le milieu par excellence où l’enfant doit recevoir une éducation de base. A l’âge de sa scolarisation, l’école la complète. Ce sont effectivement les enseignants et la direction de l’établissement qui s’occupent de l’éducation de l’enfant. A ce moment-là, ils veillent sur sa conduite pour lui inculquer un comportement qui lui permet d’être un bon citoyen.
Le milieu scolaire peut-il être un foyer de transmission des messages haineux ?
Cela peut arriver dans une société post-conflit ou qui connaît des crises. Des enfants viennent de différentes régions du pays et se rencontrent à l’école. Ils ont une appartenance à des groupes sociaux différents. Le milieu scolaire peut être un vecteur de messages de haine, de discrimination, etc. Par exemple, quand des élèves discutent dans des groupuscules où se transmettent des messages haineux. Cela peut se produire à l’insu des responsables qui devraient être vigilants. Car une des missions de l’éducation est de former de bons citoyens.
Concrètement…
Je veux dire par là que le pays par le biais du ministère de l’Education a tout prévu. Il a instauré un cours très important qui porte sur le patriotisme. Nous reconnaissons que notre pays a connu des crises cycliques. Ce cours doit sensibiliser les enfants sur le vivre-ensemble dans leurs différences. Les responsables et les parents doivent intervenir si des messages de haine sont transmis en milieu scolaire.
Comment l’enfant peut-il résister à l’intoxication ?
Avant d’aller à l’école, l’enfant a un bagage de conseils lui donnés par ses parents. Les éducateurs reviennent également sur les comportements dignes, notamment la cohabitation pacifique avec les membres d’autres groupes sociaux. Ils les empêchent d’apprendre d’autres enseignements et comportements dangereux pour la nation. Et lorsque l’enfant se retrouve face à cette situation, il ne se laisse pas manipuler et intoxiquer par ses camarades. Il peut devenir un témoin actif en sensibilisant les autres sur le danger que représentent les messages haineux.
Quel rôle des parents et éducateurs pour déconstruire ce genre de messages ?
Quand les parents envoient un enfant à l’école, ils doivent lui rappeler les attitudes positives à adopter. Il faudra lui faire remarquer qu’il va y trouver beaucoup de gens d’appartenance ethnique différente avec qui il est appelé à cohabiter en paix. A chaque début d’année, les autorités scolaires tiennent également des réunions pour rappeler le comportement digne à adopter. Il faut rappeler aux enfants que les appartenances ethniques et les évènements malheureux du passé ne devraient pas compromettre leur harmonie et cohésion sociale.
S’ils sont déjà intoxiqués, il faut des explications pour les désintoxiquer. Cela permet d’enlever en eux de mauvaises pensées qui mèneraient à la violence. Quand les enfants refusent de se ressaisir, on passe à l’étape supérieure de la punition afin de les dissuader d’adopter tel comportement incriminé.