Après les deux jours de formation, du 11 au 12 avril, sur le VIH/Sida, à l’endroit des enseignants de l’école primaire Saint Aloys de Gonzague (Bujumbura rural), des recommandations ont été formulées. L’Etat et les personnes infectées par le VIH/Sida (PVVS) doivent s’impliquer activement pour lutter contre la discrimination et la stigmatisation.
<doc3630|left>« Tout ce que je viens d’apprendre sur le VIH/Sida, durant cette formation, était nouveau pour moi », reconnait Francine Uwizeyimana, une jeune sœur encore au noviciat et enseignante en 1ère année à l’école Saint Aloys de Gonzague. Comme recommandations, les participants à la formation trouvent que les personnes vivant avec le VIH/Sida (PVVS) ont un rôle important à jouer au sein de la société : « Elles doivent être associées dans l’organisation de celle-ci, être sensibilisées sur la nécessité d’adhérer aux associations de lutte contre le VIH/Sida pour se prévenir, s’opposer à la discrimination lorsqu’elle se produit. »
Quant à l’Etat, l’enseignante pense qu’il devrait organiser des formations pour les leaders d’opinions, renforcer les capacités des enseignants en matière de lutte contre cette maladie et mettre dans les programmes scolaires des cours y relatifs.
Avant cette formation, Francine Uwizeyimana, par ignorance, ne voulait pas entendre parler du VIH/Sida. Maintenant, elle connait beaucoup sur la maladie : « J’ai compris qu’il y a plusieurs façons de se protéger, qu’une personne infectée peut avoir une progéniture saine, etc. Mes petits écoliers entendent souvent parler du VIH/Sida à la radio. En plus de ce que je viens d’apprendre, il me sera facile d’en parler avec eux. »
Le directeur du service Yezu Mwiza, le père jésuite Désiré Yamuremye, indique qu’au Burundi, la sexualité chez un jeune adolescent, surtout les filles, commence très tôt, en 5ème année primaire. « Donc, il faut qu’ils aient une éducation sur la sexualité, sur la vie, sur l’amour, … » Durant cette formation, en plus d’un témoignage d’une personne vivante avec le VIH/Sida, des thèmes ont été abordés comme les avantages du dépistage volontaire : l’impact de la propagation de la maladie ; les perspectives socioprofessionnelles, le suivi médical, la prise en charge psychosociale et l’accompagnement des PVVS.
A propos du conflit sur la gestion des fonds
<doc3631|right>Pour le directeur du service Yezu Mwiza, cette formation permet de déclencher un autre discours par rapport au conflit existant entre l’Etat, l’ABS et le RBP+ (Organisations actives dans lutte contre le VIH/Sida, au Burundi) sur la gestion des fonds alloués à la lutte contre le VIH/Sida au Burundi. Il regrette que cette affaire ait eu une ampleur très médiatique : « En s’acharnant au sujet du problème de gestion des fonds alloués à la prise en charge des PVVS, ils (les différents protagonistes, Ndlr) laissent les malades à eux-mêmes », déplore père Yamuremye.
Cette situation, poursuit-il, décourage beaucoup ces PVVS : « En aidant une personne infectée, il ne faut jamais lui dire que ça ne marche pas. Il faut lui donner une espérance, lui montrer la meilleure façon de se prendre en charge, de se nourrir à partir des produits locaux et de ne pas dépendre tout le temps de l’extérieur. » Il conseille à tous les décideurs, par rapport à cette question, d’associer les malades dans chaque action posée : « C’est une façon de les rendre responsables de leurs propres vies. Même malades, ils ont les potentialités de produire et d’avoir une indépendance socioéconomique. »