Malgré [l’interdiction du maire de la ville->http://www.iwacu-burundi.org/spip.php?article3397], les organisations de la société civile engagées dans la lutte contre la vie chère ont tenu leur conférence publique, ce mardi 7 août, à Bujumbura. Des jeunes, des cadres de l’Etat, des représentants du peuple ont participé massivement. La tension était vive dans la salle.
<doc4904|left>A l’entrée de l’Hôtel WaterFront de Bujumbura, des policiers sont positionnés depuis 14h. Quelques passants, sur le boulevard du Peuple Murundi se demandent s’ils sont là pour empêcher la conférence. « On est ici pour assurer la sécurité », rassure un des policiers.
A 15 h 30, la salle est pleine. Des jeunes militants du Cndd-Fdd « Imbonerakure » et d’autres cadres de ce parti, dont Françoise Ndayizeye, sénatrice et Emmanuel Habimana, directeur-adjoint de la régie des services aéronautiques sont parmi les participants. Leur présence inquiète plus d’un. « C’est la première fois qu’on voit des militants du parti au pouvoir participer, aussi nombreux, à une conférence organisée par la société civile », murmure un journaliste.
40 minutes plus tard, Gabriel Rufyiri lève l’équivoque. « La parti au pouvoir a tenu une réunion entre 13 h et 14 h et a décidé d’envoyer quelques membres suivre nos activités », déclare-t-il, en ajoutant que leurs contributions étaient les bienvenues.
Sans tarder, Pacifique Nininahazwe, délégué général du FORSC, précise que la société civile ne milite que pour les intérêts politiques de la population (réclamation du droit de vote, bonne gouvernance, par exemple) et non pour des places politiques.
« De l’électricité et de la justice fiscale s’il vous plaît ! »
Dans un échange houleux et contradictoire, des gens venus de plusieurs quartiers de Bujumbura exigent du gouvernement de l’électricité en permanence et dans l’immédiat comme cela avait été promis avant la 1ère hausse des prix.
« Je suis soudeur. Sans l’électricité, je ne peux pas travailler. Et voilà que, dans mon quartier (Buyenzi), la Regideso nous donne de l’électricité à minuit. Explique-moi comment je peux travailler à cette heure là ? », se lamente A.N.
Pour lui, il est incompréhensible de livrer l’électricité 24/24 h aux quartiers dits nobles comme Kiriri et Gasekebuye, alors que les autre dits populaires à l’instar de Bwiza, Kamenge ou Buyenzi, qui vivent grâce à ce produit, ne sont servi que pendant 6/24h. Il demande donc à la Regideso de procéder à l’inverse.
Ces mêmes personnes dénoncent une injustice fiscale, au cours de cette conférence. Elles ont été contre le non paiement de l’impôt professionnel sur le revenu (IPR) par les mandataires politiques et d’autres cadres du gouvernement.
Concernant la hausse des prix des produits de la Brarudi, elles demandent au gouvernement de revoir cette mesure et de penser à l’intérêt de la population. « Si non, on va arrêter de les consommer », menacent-elles.
Au moment où presque toute l’assistance était préoccupée par la question de la cherté de la vie, Emmanuel Habimana, membre du CNDD-FDD présent dans la salle, était soucieux de voir l’Accord d’Arusha appliqué par la société civile. « Il faut faire tout pour qu’il y ait 40% de Tutsi et 60% de Hutu dans vos organisations comme le précise cet Accord », a-t-il demandé.
Il était soutenu par Donate Ndayisenga, elle aussi membre du parti au pouvoir. Elle accuse la société civile de constituer un groupe d’opposants au gouvernement.
A 19 h, Gabriel Rufyiri a mis fin aux échanges en promettant qu’une autre conférence serait organisée très prochainement.