Des individus ou groupes de gens qui recourent à la violence parviennent toujours à justifier leurs actes. Le socio-anthropologue Tharcisse Bimenyimana rappelle que seuls les appareils répressifs de l’Etat ont le monopole de la violence.
L’homme est par nature égocentrique, explique le socio-anthropologue Tharcisse Bimenyimana. Il n’hésite pas à recourir à la violence pour arriver à ses fins. « Lorsqu’il ne peut pas atteindre son objectif par des procédures légales connues, il utilise la violence soit physique soit symbolique ».
M. Bimenyimana fait savoir que l’auteur ou les auteurs de la violence cherchent toujours des prétextes pour justifier le recours à la violence. Ils peuvent, par exemple, recourir à des qualificatifs collés à des gens pour faciliter leur mise à l’écart. Dans le passé, certains ont été appelés des traîtres, des ennemis du pays, des fauteurs de trouble. Pour les membres d’un groupe donné appelés ennemis nationaux, cette étiquette leur fait perdre la place dans le pays. « N’importe qui peut l’abattre, a droit de le faire».
De telles dénominations, constate-t-il, amènent les autres compatriotes à féliciter les auteurs de violence au lieu de les dénoncer. C’est une façon d’enlever la dignité humaine à quelqu’un pour légitimer tout acte violent contre sa personne. Depuis longtemps, on avait droit de le chasser ou d’user de la violence contre les traîtres. Cela revient à dire qu’écarter l’ennemi permet au pays d’avancer.
Mise en cause de la stabilité du pays
Le socio-anthropologue Tharcisse Bimenyimana explique que l’usage de la violence a toujours des conséquences catastrophiques pour la société. Cet usage de la violence dans la société risque d’être considéré comme une valeur. « Les membres d’un groupe que cette violence a touchés peuvent s’organiser pour se venger. Ainsi, nous serons dans des cycles de violences et vengeance, ce qui ne profitera en rien au pays».
Cet expert rappelle que l’utilisation de la violence ne peut être justifiée que lorsque toutes les procédures pour régler les conflits ont échoué. Seuls les appareils répressifs de l’Etat, notamment la police, l’armée et la magistrature, ont le monopole de la violence physique. Cet usage de la violence s’exerce néanmoins dans les limites de la loi. Ils permettent d’éviter l’usage de la violence par des tiers. « Chacun saura que tout usage de la violence est punie par la loi et qu’il aura à respecter son semblable», conclut-il.