28 fautes lourdes. Le président du parti Uprona Abel Gashatsi est accusé par 20 membres du bureau exécutif du comité central de son parti Uprona. Ses camarades le somment de démissionner. Il a 15 jours pour convoquer la réunion du bureau et apporter sa lettre de démission.
Les griefs lui reprochés sont essentiellement liés à la gestion politique et financière du parti. Ils dénoncent une gestion opaque des biens du parti : vente d’une parcelle située dans la zone Kamenge, en mairie de Bujumbura pour un montant d’un milliard BIF, celle d’une parcelle située au boulevard de l’Uprona, l’ancien Ballet National etc.
Les signataires évoquent également le détournement des recettes issues de la salle de réception de la permanence du parti, dit ’’Ku Mugumya’’. Abel Gashatsi aurait détournée aussi plus de 8 millions BIF mensuellement, le fruit des loyers de locaux communément appelés ’’CFA’’.
Selon un des signataires, Dieudonné Giteruzi, le président du parti refuse tout dialogue. « Nous l’avons téléphoné à maintes reprises pour lui exposer nos inquiétudes, en vain ». Un des reproches est également ce refus de convoquer des réunions prévues par les statuts du parti.
Gashatsi balaie ses accusations d’un revers de la main
Pour le président du parti, il n’est pas question de rendre son tablier. Il se targue d’avoir le « capital sympathie » des Badasigana. « Ce n’est pas un groupuscule de gens qui vont me faire plier. »
Le président du parti Uprona indique que l’intention manifeste de ces signataires est la volonté de se positionner en tête de liste pour les prochaines élections.
Il rejette les accusations de mauvaise gestion des biens du parti. « Aucun retrait bancaire ne peut se faire sans l’aval du vice-président et du secrétaire général».
Abel Gashatsi ne comprend pas comment ceux qui ont signé sur les documents de vente de parcelles du parti se retrouvent sur la liste des signataires qui lui reprochent ces transactions. Là, il cite l’ex-présidente du parti, Concilie Nibigira et le député Anicet Niyongabo.
« Ils font partie du comité d’orientation du parti, l’organe suprême qui donne le feu vert avant de prendre une décision qui relève de l’intérêt général du parti. »
Des réunions contre les signataires
Les responsables du parti Uprona en mairie de Bujumbura ainsi que dans différentes provinces du pays telles que Rumonge, Gitega, Mwaro, Cibitoke et Muramvya ont tenu des réunions en début de semaine. Objectif : prêter encore une fois allégeance à la direction du parti et condamner la demande de démission du président Gashatsi, faite par les 20 membres du bureau exécutif.
Ils dénoncent une note « diffamatoire » et une violation des recommandations du congrès tenu en 2016 dans la province de Gitega. Tous soutiennent qu’il a été convenu que le président du parti en place organise les prochaines élections. Au sortir de ces échéances électorales, il organisera un congrès universel du parti.
Bien plus, les deux signataires demandeurs de démission ressortissant de la province Rumonge ont été suspendus temporairement du parti par leurs pairs de la province. Il s’agit de la députée Gloriose Nimenya et du sénateur Jean Pierre Ndayahundwa.
Gloriose Nimenya déplore ces condamnations venant des différents coins du pays. La députée estime que ceux qui les condamnent ne fournissent pas pour autant les réponses aux inquiétudes émises. « Nous avons critiqué la mauvaise gestion des biens du parti notamment la vente des parcelles et nous demandons des éclaircissements. »
Le 1er vice-président soutient Gashatsi
Gaston Sindimwo dit soutenir le président et les institutions du parti. Il condamne ceux qui ont demandé la démission du président Abel Gashatsi. « Ils se sont trompés de moment. Ce n’est pas le moment des chicaneries au sein du parti. »
Le premier vice-président de la République issu de l’Uprona assure que parmi les dissidents, certains ont déserté le parti, d’autres sont frustrés pour avoir été virés des postes qu’ils occupaient. « Là ils veulent semer le chaos et la zizanie pour se positionner. »
Pour Gaston Sindimwo, Abel Gashatsi doit continuer sa mission d’accompagner le parti aux élections de 2020. A l’issue de celles-ci, un congrès sera convoqué pour élire une autre direction. « Ce n’est pas un groupe marginal qui n’est pas représentatif des Badasigana qui va décider autrement. »
Il n’exclut pas pour autant l’hypothèse d’une réconciliation avec les dissidents. « Je veux le rassemblement de tous les membres du parti Uprona sans exclusion et je vais les appeler pour qu’on discute. »