Lundi 25 novembre 2024

Économie

L’Union européenne soutient le BBN pour « booster » le « Made in Burundi »

05/11/2022 et Commentaires fermés sur L’Union européenne soutient le BBN pour « booster » le « Made in Burundi »
L’Union européenne soutient le BBN pour « booster » le « Made in Burundi »
Denis Nshimirimana : « Les consommateurs sur le marché international font confiance aux entreprises qui sont certifiées système.»

Le BBN n’a pas les moyens de faire un contrôle systématique de toutes les unités de transformation agroalimentaires qui avoisinent 700 dans tout le pays. Non certifiés par une institution accréditée système, les produits burundais ne peuvent percer sur le marché international. Les entrepreneurs burundais apprécient l’appui du projet Mark Up financé par l’Union européenne pour aider le BBN à relever les défis. Eclairage.

Le Programme d’amélioration de l’accès aux marchés « Mark Up » (Market Access Upgrade Programme), conçu conjointement par l’Union européenne avec le secrétariat général de la communauté est africaine, est une initiative régionale qui vise à contribuer à la croissance économique de la Communauté Est Africaine. Une communauté estimée à 283,7 millions de personnes. Un grand marché potentiel, donc.

Au Burundi, le programme s’est particulièrement concentré sur la conformité aux normes de qualités et à la certification des trois laboratoires nationaux à savoir ceux de BBN, ISABU et le CNTA. Il est financé par l’Union européenne pour un montant de 3,680 millions d’euros.

L’entreprise de jus de fruits Fruito, un des bénéficiaires des services offerts par le BBN, déplore que la non-conformité à la certification des laboratoires de ce dernier constitue une entrave dans la commercialisation internationale de leurs produits. Elle est convaincue que la certification système des laboratoires du BBN va contribuer à l’accroissement de leur marché extérieur.

« Les produits ne sont pas acceptés sur le marché extérieur faute de cette conformité », regrette Marie Müque Kigoma, patronne de l’entreprise Fruito active au Burundi depuis 1987.

Cependant, elle redoute que le processus d’accréditation des laboratoires du BBN prenne plus de temps et propose aux bailleurs du projet Markup d’octroyer plus d’investissements à ce centre afin d’accélérer le processus.

« Ce qui serait extraordinaire, c’est que les produits burundais soient sur le marché international », espère la fondatrice de l’entreprise Fruito. Ce sera un gain pour le pays, car l’accréditation des laboratoires du BBN générera aussi des devises.

« Le chemin est encore long »

« Le Bureau burundais de normalisation n’est pas très avancé en termes d’équipements, de la qualité et de la quantité de son staff. Il y a encore un chemin à parcourir. Il n’est pas capable de certifier tous les produits faute d’équipements et faute de ressources humaines suffisantes », indique Denis Nshimirimana, secrétaire général de la chambre fédérale du commerce et de l’industrie du Burundi (CFCIB).

Le BBN compte une soixantaine d’employés. Pour remplir pleinement sa mission, le DG de ce bureau confie qu’il faudrait au moins 227 employés.
Selon lui, le problème de certification a des conséquences négatives sur la sécurité des citoyens et celle des investisseurs. « Il y a des constructions qui s’écroulent et c’est probablement à cause de la qualité des matériaux de construction. Cela peut causer des accidents et l’entrepreneur qui y a investi son argent enregistre une perte énorme ».

Il regrette que cette institution chargée de la certification et de la normalisation ne soit pas en mesure de tester la qualité des matériaux de construction comme les fers à béton, les tubes, les tôles, par exemple.

Pour Denis Nshimirimana, un problème majeur est que le BBN n’est pas certifié système. Même si le BBN fait partie du réseau des agences de certification dans la région, soutient-il, il doit avoir la certification système. « Si nos entreprises ne sont pas certifiées système, quand nos produits vont sur le marché extérieur, tout le monde s’en méfie. Les consommateurs sur le marché international ont confiance aux entreprises qui sont certifiées système ».

Il appelle les entreprises de transformation à chercher elles-mêmes des certificats systèmes dans des institutions internationales connues dans la certification. Le secrétaire général de la CFCIB déplore qu’il y ait encore très peu d’entreprises burundaises certifiées système.

Comme conséquence, explique-t-il, l’ensemble des produits burundais ne peuvent pas être appréciés sur le marché international tant que les entreprises et les industries ne sont pas certifiées système par des maisons connues.

Pour Denis Nshimirimana, il sera difficile pour le Burundi de profiter de la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF) sans que le BBN et les entreprises burundaises soient certifiés système. « Il sera difficile que les produits burundais puissent avancer sur le marché continental si les entreprises productrices ne sont pas certifiées système ».

Une gamme de produits alimentaires non certifiés inonde le marché local

Le secrétaire général de la CFCIB regrette que le BBN n’ait pas les moyens de faire un contrôle systématique de toutes les unités de transformation agroalimentaires qui avoisinent 700 dans tout le pays. Et de dénoncer des entreprises qui mettent un label BBN sur leurs produits alors qu’ils ne sont pas certifiés par cette institution : « Cela est un danger pour la santé de la population burundaise. A cause de ces tricheries, les produits exportés vers les pays de la région, à l’instar de la Tanzanie et du Rwanda, sont même refusés ». Selon lui, l’exportation des produits made in Burundi devrait être boostée pour juguler le problème de manque des devises.

Denis Nshimirimana appelle le gouvernement du Burundi à injecter des fonds dans le BBN pour équiper ses laboratoires, recruter le staff et organiser des renforcements de capacités pour le personnel pour que l’institution soit à la hauteur de garantir la qualité des produits.

Il recommande que le BBN soit aussi équipé au niveau des postes-frontière pour que seules les analyses compliquées soient transférées aux laboratoires de Bujumbura.

Il apprécie l’appui du projet Mark Up financé par l’Union européenne pour relever certains défis auxquels fait face le BBN : « L’appui du projet Mark Up qui s’est intéressé sur un certain nombre de produits, notamment le café, le thé et l’horticulture, va donner une plus-value ».

Le BBN reste optimiste

Un des matériels de laboratoire de BBN donnés par l’Union européenne dans le cadre du programme Mark Up.

« La faiblesse qui est toujours là est que le BBN n’est pas certifié système. Nous sommes en train de chercher ces certificats, surtout ISO 17065, pour que nos laboratoires soient accrédités et 17025 pour montrer que nos services dans la certification des produits sont reconnus au niveau international », indique Séverin Sindayikengera, directeur général du bureau burundais de normalisation et de certification.

Il apprécie l’état d’avancement de ce processus d’accréditation des laboratoires et de sa certification système : « Nous sommes à plus des deux tiers pour que le BBN soit certifié système. Nos laboratoires sont aussi prêts à être accrédités ».

Pour le moment, ajoute-t-il, le BBN a opté pour travailler avec d’autres bureaux de normalisation, surtout ceux de la région Est-Africaine, de l’Afrique du Sud, de la Chine et l’organisation internationale de normalisation (ISO). « Nous venons aussi d’entrer dans l’organisation africaine de normalisation (ARSO). Les normes que nous utilisons sont nationales, régionales et internationales ».

Concernant la non-reconnaissance de la certification BBN dans certains pays de la sous-région, le directeur général de BBN parle d’un problème de préjugés : « Il y a des préjugés du passé du fait que le BBN n’était pas capable de contrôler, de certifier les produits. Maintenant nous sommes capables. Nous harmonisons et élaborons les normes au niveau de l’EAC. »

Il rappelle que le contrôle de la qualité n’est pas typique au Burundi. Il regrette que la Tanzanie exige que les produits certifiés par le BBN soient réanalysés. « C’est leur droit, mais nous apprécions qu’ils commencent à comprendre ».

En ce qui est de l’état des lieux des laboratoires du BBN, Séverin Sindayikengera soutient qu’ils sont bien équipés par rapport à d’autres laboratoires impliqués dans le management de la qualité, comme celui de l’ISABU, du CNTA, de l’Université du Burundi, etc. En plus du matériel de routine pour faire les analyses chimiques, biochimiques et microbiologiques, ils ont aussi des équipements chromatographiques de pointe.

Concernant le projet Markup, il reconnaît que ce projet a beaucoup appuyé le BBN dans l’achat du matériel de laboratoire.

Mais l’espoir est là et les résultats du projet Mark Up appuyé par l’Union européenne et le centre du commerce international (ITC) sont satisfaisants : « Nous apprécions beaucoup le projet. Ils ont équipé les laboratoires de microbiologie et de chimie en achetant des matériels de chromatologie de pointe qui nous aident à bien analyser les produits pour la certification. »

Le Directeur général de BBN explique que ce projet est en train d’aider le BBN pour l’accréditation de ses laboratoires, le renforcement des capacités du personnel en vue d’acquérir la certification système.

Le projet a pour objectif l’amélioration de l’infrastructure nationale de la qualité qui comprend cinq piliers à savoir la normalisation, l’accréditation, la métrologie, l’évaluation de la conformité (la certification, l’inspection, les analyses et essais) et la promotion de la culture de la qualité.

Démarrée le 30 octobre 2018 à Bujumbura, la première phase du projet Mark Up s’est focalisée sur l’appui au renforcement des services de l’infrastructure de qualité afin de permettre au Burundi de respecter des mesures sanitaires et phytosanitaires.

Un milliard de BIF pour équiper les laboratoires du BBN

Les laboratoires de Chimie et de microbiologie du Bureau Burundais de Normalisation et du contrôle de la qualité (BBN) ont été dotés de matériel à travers le projet de l’Union européenne Mark Up. Des équipements financés avec un budget de 1 milliard de BIF.

Ces équipements vont permette d’analyser les contaminants chimiques des produits alimentaires selon les normes internationales. Cela aussi permettra d’améliorer la qualité des produits alimentaires pour le marché interne, mais aussi de faciliter l’exportation des produits agricoles burundais dans la région et vers le reste du monde.

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