La seconde partie de club de la presse numéro 57 a porté sur le récent verdict dans l’affaire qui opposait la radio communautaire « Umuco FM » de Ngozi à cinq de ses journalistes ayant été licenciés « abusivement ».
La radio est tenue de verser aux plaignants des amandes de l’ordre de 15 millions de francs burundais de dommages et intérêts d’ici le mois de juin prochain. Le verdict a alimenté un riche débat lors de l’émission et Alexandre Niyungeko, président de l’union burundaise des journalistes(UBJ), a révélé que c’est son organisation qui a disponibilisé les moyens de défense des confrères et « je suis très content de l’issue du procès.» « Il fallait interroger la loi et c’est ce que le tribunal a fait », est-il revenu à la charge, avant de rappeler que les cinq journalistes ont même séjourné en prison pendant quelques temps.
Ngozi : des journalistes licenciés saisissent la justice
Selon Alexandre Niyungeko, « la loi précise les conditions de licenciement et je me réjouis encore une fois du traitement avec diligence du dossier. Disons, d’un autre côté, que dans l’état actuel des choses, nos médias n’évoluent pas dans une viabilité totale pour pouvoir négocier des conventions collectives. Les travailleurs et les employeurs s’entendent sur des minima en ce qui concerne les avantages et indemnités. » Et d’ajouter : « Chaque média devrait appliquer des conventions collectives. Même pour les simples contrats de travail, on a remarqué, après enquête, que peu de journalistes en avaient. Quoi qu’il en soit, il va falloir se conformer à la loi ». De l’avis de Vincent Nkeshimana, directeur de la radio Isanganiro, une telle somme de 15 millions de francs burundais d’amende est énorme. C’est difficile de débourser en une fois 15 millions. Mais il faut aussi voir pourquoi il va falloir rembourser ce montant. Est-ce que le code du travail a été respecté lors de la prise de la décision de licenciement des journalistes en question? A mon niveau, si j’avais des moyens suffisants, je donnerais des contrats satisfaisants à tout le monde ». Jacques Bukuru, rédacteur en chef de la Radio nationale, quant à lui, s’est intéressé au sort des pigistes, une catégorie de journalistes qui sont payés par article produit. « Présentement, le système de pige n’existe plus à la radiotélévision nationale du Burundi(RTNB), sauf pour les correspondants régionaux. Les pigistes ont posé un sérieux problème à un certain moment. Ils ont failli porter plainte contre les conditions de travail. Mais ce qu’il faut savoir est que le fait d’être pigiste ne signifie pas la précarité », a-t-il souligné en substance. Désiré Ndanziza avait représenté l’association des femmes journalistes (AFJO) à ce débat. Son témoignage est allé plutôt dans le sens des besoins spécifiques aux femmes journalistes. «Dans leurs revendications de meilleures conditions de travail, les femmes journalistes vont encore plus loin et réclament une prime de maternité en plus des contrats et autres conventions collectives », a précisé M. Ndanziza. Pour lui, en plus du micro, il y a le balai et le bébé entre les mains des femmes journalistes. En ce qui concerne le dossier des cinq journalistes d’Umuco FM, en particulier, et des autres confrères, en général, estime qu’il faut des contrats précis : « Mais la contrainte majeure est liée à la question de la viabilité des entreprises de presse au Burundi».