Après que le procureur général de la République, Valentin Bagorikunda, ait décidé de permettre la réouverture du studio de la Maison de la presse, en en interdisant l’accès à certains médias, les associations des professionnels des médias ne cachent pas leur indignation.
« Cette décision est un non-lieu, qui démontre plutôt, une fois de plus, que le pouvoir de Bujumbura ne veut pas du tout qu’il y ait la réouverture des medias qu’il a détruits », martèle Alexandre Niyungeko, président de l’Union Burundaise des Journalistes (UBJ). Pour lui, c’est d’abord étonnant que de voir que le procureur général de la République ne connaît pas le propriétaire de ce studio. « Le studio appartient à l’Association Burundaise des Radiodiffuseurs, même s’il est logé dans les enceintes de la maison de la presse. » Il souligne que la décision du procureur général de la République ne résout rien. « C’est une mascarade puisque ceux qui ont le droit d’y travailler sont interdits d’accès. Une fois de plus, Bujumbura viole la Constitution en montrant qu’il veut en découdre avec la presse, et en foulant au pied la liberté de la presse et le droit a l’information », s’indigne Alexandre Niyungeko.
Un studio de la maison de la presse qui ne lui appartient pas…
Un sentiment que partage Patrick Nduwimana, président de l’ABR. Pour lui, cette décision du procureur général de la République est insensée. Il rappelle que ce dernier n’a pas vraiment répondu à la requête des représentants des medias détruits qui lui demandaient, dans une correspondance du 27 mai 2015, de leur permettre l’accès au site de la radio Isanganiro, qui peut diffuser, malgré l’attaque qu’elle a subie, pour travailler en synergie. « Non seulement le procureur général nous a interdit, pour des raisons d’enquête, l’accès à nos radios, détruites par des agents de l’Etat, mais aussi, il nous refuse l’accès à un studio auquel nous avons droit en tant que membres de l’ABR. Il n’en a pas le droit, à moins qu’il veuille s’approprier ce studio. » Les medias interdits d’accès a ce « studio de la Maison de la presse » sont la radio Bonesha FM, la radio télévision Renaissance, la RPA (Bujumbura et Ngozi), la radio Isanganiro et la radio Humuriza FM. Toujours pour des raisons d’enquête, selon le procureur général de la République.
Bakeneye kwica.kwiba atawamira ariko barabeshe duhagaze bwuma
Le site du gouvernement offre un document intéressant :
http://www.presidence.gov.bi/spip.php?article1223
Il s’agit d’un discours de son excellence le président de la république tenu à Gitega, le 4 mars 2011. J’en cite le point 2 :
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2. Actuellement, la communication est devenue un outil important de gestion de toute société qui se veut démocratique. C’est pourquoi, le Gouvernement a fait le choix d’en faire son cheval de bataille au niveau transversal, à travers la politique de reconstruction, de développement, de consolidation de la paix, de la sécurité, de la démocratie et de la bonne gouvernance, réaffirmant ainsi sa ferme volonté de sauvegarder le principe de la liberté d’opinion et de presse.
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Bien que, par certains côtés, le passage ci-dessus ait les qualités d’un poème lyrique, si on lit correctement, sans se laisser emporter par des émotions qui n’ont pas leur place, le gouvernement annonce sa ferme volonté de sauvegarder le *principe* de la liberté d’opinion et de presse.
Peut-être que nul n’a jamais dit que le gouvernement sauvegarderait et la liberté d’opinion et la liberté de presse. Et ce serait vraiment dommage.
Nous autres en dehors de l’affaire, il y a quelque chose que nous ne comprenons pas? A qui appartient le studio finalement? Est-ce l’UBJ ou l’ABJ qui ont acheté le matériel qui est là? La maison qui abrite le studio appartient-elle aux journalistes ou à l’Etat?
Si la maison appartient à l’Etat et que le studio est un don, il est clair que la mesure du procureur est légale! Si la maison et les installations ont été achetées par les journalistes (ce qui est moins évident), alors, tôt ou tard, il faut qu’ils saisissent la justice!!!
Néanmoins, il se dit que certains journalistes privés ont activement collaboré avec les gens qui ont tenté le putsch échoué. L’UBJ devrait savoir que dans ce genre de choses, il y a toujours des conséquences. C’est le moment d’user de la sagesse et de la prudence plutôt qu’un langage de dureté qui ne sauve rien dans les conditions similaires.
Tôt ou tard, l’histoire nous révélera que Niyungeko Alexandre et Sandrine N sont d’origine rwandaise. Ce site cache toujours cette révélation. Publiez ce msg.
Quel rapport entre l’origine du journaliste et la fermeture des radios?
Dans la correspondance,j’avais cru voir qu’IWACU figurait parmi les indesirables a ce studio mais je ne vous vois pas sur la liste.
Du reste,le Procureur ne s’est pas trompe ou n’a pas repondu a vos requetes.c’est a vous de comprendre le message et de travailler sur cela.Le droit au travail (pour les journalistes) et le droit d’acces a plusieurs sources d’information(population) est en perpetuel disparution.
Est ce que vous pensez qu’ils peuvent vous laisser emettre!!???Peut etre en Septembre 2015.
Il parait que c’est Patrick Nduwimana(jour du coup d’Etat) qui a envoyé un message à Ndayirukiye lui demandant de dépêcher les militaires pour bruler la radio TV Rema (message trouvé dans le téléphone de Ndayirukiye).D’après ce message,c’est lui qui a également demandé aux putschistes de mettre à leur disposition les militaires pour protéger les radios rpa, bonesha, isanganiro et tv renaissance.
Vous COMPRENEZ alors où se trouve la responsabilité!!!!!!!!
Vous etes membres lorsque vous exinstez
Cher ami Jewe,
Si je comprends bien le sens de votre message, les radios et télévisions détruites ne sont plus membres de l’Association Burundaises des Radiodiffuseurs (ABR) parce qu’elles ont été incendiées ou saccagées par le gouvernement ? Autrement dit, pour prouver qu’une personne ou un groupe humain ne font plus partie d’une association, selon vous, il faut les tuer ou les paralyser. Il fallait y penser !
Dans le même ordre d’idée géniale, il est à parier que la prochaine étape que la justice burundaise franchira allègrement consistera à inculper ces radios et télévisions de complicité avec « les putschistes Hima », comme certains les appellent. Le nouveau délire ou fantasme à la mode dans certains milieux du parti au pouvoir !
Prochainement, la justice burundaise organisera des procès contre les responsables de ces médias détruits et les condamnera à perpétuité pour complicité avec les auteurs du coup d’Etat. Et la boucle sera bouclée. Qu’est-ce qu’on parie. L’Etat burundais se dédouanera ainsi de toute responsabilité dans le saccage de ces médias indépendants et ne paiera aucune réparation.
J’espère que je me trompe et que cette hypothèse ne deviendra pas une prophétie !
Athanase Karayenga
Cher Athanase Karayenga,
Je vous posais une question ces derniers temps de savoir quelle pourrait être l’attitude des responsables d’une république comme la France pays où vous avez vécu, si une radio-télévision, privée ou publique , servait de relais pour permettre à un général de l’armée française pour annoncer la destitution du président de la République François Hollande?
Et après, quel pourrait être la considération ou l’estime que ces mêmes médias pourrait avoir auprès du même pouvoir?
Dans tous les cas et avant même votre réponse, c’est le retrait purement et simplement de toute autorisation d’émettre sur le territoire nationale. La justice sévirait pour complicité de rébellion ou je ne sais quoi, le conseil supérieur de l’audiovisuel se saisirait du cas etc..
Alors, le Burundi n’est pas cet espace où tout est permis!
Il y a des choses à améliorer mais mon cher ami, il faut se féliciter que contrairement à ce que une certaine presse et une certaine opinion malintentionnées essaient de faire passer, nous avons une certaine liberté d’action et d’opinion contrairement à la plupart de certains pays, dont nos voisins…
Pour vous répondre, oui ces médias qui ont servi de relais aux putschistes doivent en assumer les conséquences..mon seul soucis est que notre justice a toujours été à la solde du pouvoir..
Portez-vous bien!
@Jean-Pierre Ayuhu,
Une telle question ne mérite même pas un début de réponse. Passez votre chemin, SVP
JP-K
Cher Jean-Pierre Ayuhu,
Votre question mérite respect et réponse. Elle est légitime.
En France où dans toute démocratie avancée d’Afrique, d’Europe, d’Amérique du Nord, d’Asie ou d’Océanie, les délits et les crimes commis par les médias sont punissables après un procès équitable, équilibré, à charge et à décharge.
Si la justice burundaise ouvrait des enquêtes judiciaires pour vérifier si ces médias ont été complices avec les militaires qui ont organisé le coup d’Etat, ce serait tout à fait normal. Si la justice prouvait que ces médias ont été coupables, il faudrait que cette culpabilité soit étayée par des faits précis. En outre, il faudrait qu’ils soient condamnés après un procès un bonne et due forme au cours duquel les médias incriminés seraient défendus par des avocats et auraient le droit de faire appel jusqu’à la Cour de Cassation s’il le faut. C’est cela qu’on appelle un Etat de droit.
Le Burundi dispose d’une loi régissant les médias ainsi que d’un code pénal qui constituent des instruments appropriés pour que l’Etat intente un procès à un médias coupable d’un crime ou d’un délit. En outre, il existe au Burundi une institution publique, le CNC, qui aurait pu porter plainte ou alors aurait dû intervenir auprès du gouvernement et de la justice pour calmer leurs ardeurs de justiciers empressés.
Au contraire, le CNC a été défaillant et n’a pas exercé ses obligations et n’a pas incarné la mission que lui confie la constitution du Burundi. A savoir être un arbitre équitable et un médiateur bienveillant entre les pouvoirs publics et les médias, entre la justice et les médias, entre le public et les médias.
Ainsi, le gouvernement a ordonné l’incendie et le saccage des médias comme si ceux-ci étaient déjà et forcément coupables. Le gouvernement n’a donné aucune chance aux médias attaqués pour plaider devant une cour normale.
Dans le cas des médias incendiés et saccagés après le coup d’Etat et dont le personnel avait déjà été menacé, harcelé et emprisonné, et ce bien avant cette tentative de putsch, il apparaît clairement que l’Etat du Burundi les a condamnés sans avoir attendu qu’un procès régulier prouve leur culpabilité.
Les Etats démocratiques respectent la présomption d’innocence de tout citoyen ou de toute institution tant que la justice n’a pas prouvé sa culpabilité. De ce fait, le gouvernement, le CNC , la police, les services de renseignement et la milice supplétive de la police, imbonerakure, sont collectivement coupables d’avoir détruit des biens d’autrui et d’avoir privé les citoyens burundais du droit fondamental de la liberté d’information et d’expression. C’est très grave.
En résumé, l’Etat du Burundi, dans ce dossier des médias incendiés et saccagés s’est vraiment comporté comme un Etat voyou qui se moque éperdument du droit des citoyens et des médias.
Athanase Karayenga
« Ainsi, le gouvernement a ordonné l’incendie et le saccage des médias… »
Athanase nta soni?!! Uraruciye rero nta gisigaye kurondera. Wibagiye gushinga ibihnao gusa.