Du 5 au 7 novembre, Smaël Chergui, commissaire paix et sécurité de l’Union africaine, a effectué une visite au Burundi. Un passage loin de tirer de l’impasse le dialogue inter-burundais.
Son arrivée ne fait pas beaucoup de bruit. Smaël Chergui atterrit à Bujumbura dans un contexte particulier : au lendemain du fiasco des pourparlers de Ngurdoto. Par le principe de subsidiarité, l’UA a délégué la question burundaise à la communauté de l’Afrique de l’Est. Pour l’heure, elle peine à avancer. Certains parlent déjà d’un échec de la médiation régionale. M. Chergui vient- il à la rescousse du dialogue inclusif agonisant ?
En effet, plusieurs voix au sein de l’opposition burundaise notamment ne cessent de réclamer une plus grande implication de l’UA dans la recherche d’une solution à la crise burundaise. « Il est grand temps que l’UA et l’ONU prennent le relais ou la relève. Le principe de subsidiarité ne marche plus sur ce dossier », amer constat de l’acteur politique Tatien Sibomana, lors de la clôture du cinquième round.
Durant son séjour, le diplomate algérien rencontre officiellement trois hautes autorités du pays. Notamment les ministres des Affaires Etrangères, de l’Intérieur et celui de la Défense. Au cours de ses entretiens, l’émissaire réaffirme l’ « attachement » de l’UA à la « promotion d’un accompagnement » devant garantir un dialogue inclusif. Mais également à la création d’un environnement apaisé propice à la libre expression et au retour des réfugiés .La question des sanctions est aussi évoquée.
Venu pour constater le blocage
Cependant, l’Ambassadeur Chergui ne rencontre pas le président de la République Pierre Nkurunziza comme « convenu ». La raison est que le Chef de l’Etat croule sur une pile de dossiers, le temps lui fait défaut.
Néanmoins, le vice- président va l’accueillir à titre « informel ».En dehors des officiels du gouvernement, seul l’ancien président de la République Sylvestre Ntibantunganya a un bref tête à tête avec le commissaire Chergui. Aucun contact avec un responsable d’un parti politique de la mouvance présidentiel ni celui de l’opposition.
Pour un observateur avisé de la scène politique burundaise, sa visite est très importante car elle s’inscrit dans la lignée des décisions des chefs d’Etat de l’UA lors du sommet de Nouakchott. Cette dernière avait demandé « à la commission d’accompagner le Burundi et de contribuer, avec la Communauté de l’Afrique de l’Est, à ses efforts pour un dialogue inclusif et le renforcement de la démocratie et du respect des droits de l’homme ». Bujumbura semble toujours inflexible. Sa position ne bouge pas d’un iota. Cet accompagnement, il n’en veut pas.
Ainsi, poursuit-il, le seul mérite du passage du commissaire Chergui est le constat du blocage du dialogue inter burundais. « Maintenant que vont faire l’ONU et l’UA ? »S’interroge-t-il.