«Crocus », des fleurs qui sentent bien. C’est le nom choisi par une étudiante pour créer sa maison de décoration et d’habillement traditionnels. Elle finance ainsi ses études.
« J’aime la mode depuis longtemps. La télévision numérique a accru mon admiration pour les couleurs », explique Eddyne Francette Kaneza, patronne de « Crocus », une maison de décoration et habillement traditionnels, située devant la boulangerie chez Kapa, en plein centre de Bujumbura.
Cette orpheline de 27 ans, membre du club culturel « Intatana », attirée par les couleurs de décor qu’elle voyait dans des émissions télévisées, a pensé à un projet : « Faire le décor à la burundaise avec nos couleurs et habiller traditionnellement les gens lors des festivités. » Cela ne lui a pas été facile, faute de moyens : « J’ai passé quatre mois à penser où trouver de l’argent, sans succès. » En janvier 2011, elle a demandé une avance aux gens qui avaient besoin d’un décor et des habits traditionnels à louer. « J’ai alors acheté les premiers objets et habits avec cet argent ». Depuis,
elle a continué à équiper petit à petit sa maison d’habits et de bijoux traditionnels.
« J’ai même créé de l’emploi »
Le grand défi auquel est confrontée la patronne de Crocus est que ceux qui ont besoin de décorations et d’habillement se dirigent vers les grandes maisons, surtout chez les propriétaires de salles de réception : « Or, moi je n’ai pas de moyens, pas même une pancarte. » Elle emploie deux jeunes filles de son âge, deux assistantes, l’une dans la décoration, l’autre dans l’habillement. A la fin du mois, chacune reçoit 30% des bénéfices réalisés.
Eddyne Francette Kaneza couvre toutes les festivités : mariages, fête pour la dot, remise des diplômes, etc. « Par exemple, le 20 août, j’ai habillé sept personnes, un record depuis le début de mes activités », dit-elle fièrement. Alors que dans plusieurs maisons le décor se loue 600 mille Fbu, chez Crocus, il est à 300 mille Fbu. Pour les habits traditionnels, la location d’une paire est de 25 mille Fbu alors que les autres maisons les louent à 70 mille Fbu, pour attirer les clients, explique-t-elle. Pour Eddyne Francette Kaneza, il est capital que les jeunes pensent à créer leurs propres emplois pour éradiquer le chômage. Elle demande au gouvernement et aux ONG de soutenir les initiatives des jeunes.