Ils proviennent d’une même organisation, s’adressent au même pays. Pourtant, ils portent un regard tellement différent sur la situation burundaise. Le 9 août, l’envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU, Michel Kafando, a brossé un tableau très positif, presque immaculé, sur la situation au Burundi. Devant le Conseil de sécurité, M. Kafando souligne les actes posés par le chef de l’Etat burundais à savoir la promulgation, le 7 juin, de la nouvelle Constitution et son annonce officielle de la fin de son mandat pour 2020. « Deux actes majeurs dont nous devons souligner l’importance et qui nous offrent une opportunité à saisir pour avancer dans le règlement de la situation burundaise. »
L’atelier d’échanges des leaders politiques qui a abouti « à l’adoption d’une feuille de route consensuelle pour les élections de 2020 rentre dans cette logique et mérite nos encouragements. » Selon Michel Kafondo, depuis le référendum constitutionnel, mises à part les quelques contestations de l’opposition, la situation demeure calme. « II y a donc lieu de saluer les efforts du gouvernement et de l’encourager à toujours demeurer vigilant. » La liste des compliments n’est pas exhaustive.
Mieux, il va même encourager le Burundi et l’Union Européenne à reprendre bientôt le dialogue en vue de la poursuite rapide de leur coopération. « Les restrictions financières ne sont pas toujours la meilleure solution. »
Et pourtant, dans un deuxième Rapport sur la situation des droits de l’Homme au Burundi, le 5 septembre, les enquêteurs des Nations Unies vont accuser Bujumbura de graves violations des droits de l’Homme. Notamment des exécutions sommaires, la torture, les violences sexuelles et les arrestations arbitraires.
Question : Qui a réellement raison entre M. Kafando et la Commission de M. Diène? Cette profonde divergence de points de vue désoriente, déroute l’opinion et suscite des spéculations.
Lors d’un débat parlementaire sur ces rapports, ce mardi 11 septembre, il s’est dégagé un constat chez « nos honorables »: M. Kafando connaît la réalité du pays pour avoir un bureau au pays et y fréquenter souvent.
Tandis que M. Diène et sa commission ne se basent que sur WhatsApp et certaines chancelleries occidentales qui cherchent à ternir l’image du pays. Non seulement il faut les traduire devant la justice, mais aussi ils doivent absolument indemniser les Burundais. Surtout pour avoir commis le péché de lèse-majesté en pointant les « appels récurrents à la haine » du chef de l’Etat. D’ailleurs, il faut frapper le fer pendant qu’il est chaud. La même journée, Doudou Diène, Lucy Asuagbor et Françoise Hampson, donc la commission entière, sont déclarés persona non grata sur tout le territoire de la République du Burundi. Une opinion se demande si l’ONU serait devenue un autre Janus, dieu à deux visages, pour le Burundi. Il n’y a qu’une vérité.