Ceci est le souhait formé à la fin d’une des plus chouettes soirées dédiées à la musique burundaise. Ce 28 juillet, l’IFB accueillait les (jeunes) stars du hip-hop de Bujumbura.
Ze american dream. En plein ghetto américain sommes-nous dans cette salle de l’IFB gratuitement livrée aux spectateurs qui s’entassent jusque dehors. Tenez : tous les gars portent le pantalon bas, sous les fesses, chaussures à semelle plate et mini essuie-main glissé dans la poche arrière, traînant comme une queue. Même s’il fait un peu sombre dans les travées, des lunettes fumées sont vivement conseillées. Les filles sont en jean ou collants hyper moulant, les cheveux bien travaillés (nous sommes en vacances, hein?), ou en robe ultramoulante. La moyenne d’âge est de 18 ans. Tout ce monde (400 personnes?) crie, hurle, chante, se repose, danse, entonne, sue.
Ce soir, la radio Bonesha FM, [la deuxième station privée du Burundi->http://www.iwacu-burundi.org/spip.php?article558] (fondée en 1994 grâce entre autres à Bernard Kouchner) lance un prix musical, tiré de l’émission TopTen Tube. Il s’agit de récompenser les artistes qui ont marqué l’année, de juillet 2010 à juillet 2011. Créé en 2008 par un jeune animateur Davy Carmel, ce rendez-vous de chaque jeudi (20h05) est parvenu à s’imposer chez les jeunes mélomanes burundais. Notamment en proposant un classement des dix meilleures chansons en tenant compte des propositions des 1725 amis sur Facebook…
Soirée réussie
Comme outre-Atlantique, l’évènement se veut glamour et fluide, façon BET Awards. Simple aussi, à l’image de ces trophées remis aux artistes, simples losanges fabriqués en bois ciré. Davy Carmel (très bon français, au passage), accompagné par ses collègues féminines palpe l’amour de la jeunesse citadine pour ses chanteurs. Cette dernière lui répond aimablement. Sur scène, se succèdent des jeunes stars de l’underground bujumburois, tous élèves nourris au crunk, au rap style façon Lil Wayne ou à la gestuelle scénique de Usher.
Par exemple, la révélation de l’année, 19th (oui, c’est son surnom). « Il faut préciser que c’est la fille de Domitile Kiramvu » vous susurre une co-animatrice de l’émission TopTen Tube, en regardant avec douceur le jeune homme présenter {Nyirabire}. Il y a Samantha qui interprète avec talent {Hello}, de Lionel Ritchie, en passant par du Mariah Carey. Si vous hurlez dans la salle « Steven Sogo », on vous regarde d’un drôle d œil. Et au cas où l’on vous demanderait le meilleur artiste de l’année, répondez « Sat-B Satlight ! ». Prononcez {satellite} s’il vous plaît.
Pourquoi soutenir l’initiative
Il est vrai que les artistes présents lors de ce TopTen Tube ne représentent que le courant « modernisant » de la musique burundaise. Ici, point d’instruments traditionnelles, ou d’instruments tout court. Un synthétiseur, au plus. Et un micro. Mais la soirée de ce 28 juillet a le mérite d’éclairer un peu plus sur les goûts des jeunes burundais en matière de musique. Nous savons désormais qu’ils aiment le rap en kirundi, et les textes d’une belle poésie rappelant feu Canjo ( {Kuri ka kagezi} – Sur le ruisseau, de Rally Joe). Mais surtout, nous savons qui aime quoi, et à quel degré.
C’est à dire qu’il y aura compétition, et donc développement dans le domaine. Souhaitons une seule chose : que les organisateurs du concours maintiennent sa simplicité. Car beaucoup de projets culturels burundais meurent pour avoir été trop gourmands en moyens, et pauvre en vision.
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Le palmarès
– <doc753|player|right> Meilleure vidéo : {« Kuri ka kagezi »}, de Rally Joe
– <doc754|player|right> Meilleur révélation de l’année : 19th
– <doc751|player|right> Meilleur artiste de 2010 : Sat-B
– <doc752|player|right> Meilleure chanson : {« Sheba »} de R-Flo
– <doc755|player|right> Meilleur artiste gospel : Chanelle Ngabire
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