Iwacu revient, dans ses différentes rubriques, sur les événements qui ont défrayé la chronique.
11/01/2018
Dossier réalisé par Christian Bigirimana, Fabrice Manirakiza, Félix Haburiyakira, Rénovat Ndabashinze, Hervé Mugisha, Parfait Gahama, Clarisse Shaka, Pierre Claver Banyankiye. Edition : Elvis Mugisha
Images :
Christian Bigirimana, Fabrice Manirakiza, Félix Haburiyakira, Rénovat Ndabashinze, Hervé Mugisha, Parfait Gahama, Clarisse Shaka, Pierre Claver Banyankiye
Politique : 2017, une année bien chargée
Pierre Nkurunziza versant 5 millions pour la contribution aux élections
La politique a été marquée, l’an passé, par plusieurs événements, dont un processus d’Arusha au point mort, l’appel à la contribution aux élections de 2020, le référendum en vue, le retour de certains politiques, etc.
L’année qui vient de s’écouler a démarré sur les chapeaux de roues par la déclaration de Pierre Nkurunziza, annonçant sa probable candidature pour les élections de 2020, lors d’une séance de questions publiques en province Rutana. « Si la nouvelle Constitution le permet et que la population le demande, je ne vais pas me dérober », dixit le président de la République, leur demandant au passage d’arrêter « leur obsession » pour les mandats présidentiels. « Avez-vous besoin des mandats ou des autorités qui vous mènent vers le progrès ? » Toutefois, il a ajouté qu’il respectera la décision des Burundais : «Si vous avez besoin de quelqu’un d’autre, je m’effacerai sans problème.»
Les réactions de l’opposition n’avaient pas tardé. Le Cnared avait parlé d’une déclaration de guerre au peuple burundais. Jérémie Minani, alors porte-parole de cette plateforme de l’opposition en exil, avait déclaré : « Devant un homme déterminé à enterrer l’Accord d’Arusha et la Constitution pour s’éterniser au pouvoir, il me semble qu’il n’y ait aucun autre choix que celui d’user de tous les moyens pour contrecarrer son plan. » Pour Willy Nyamitwe, conseiller en communication du président, les propos du président n’étaient qu’hypothèses, en affirmant qu’on n’est pas encore là. Mais Agathon Rwasa, 1er vice-président de l’Assemblée nationale, demandait au président de la République d’arrêter de prêter aux Burundais ses intentions.
Pour Amnesty International, tout changement majeur de la Constitution, telle que la modification de la limitation du nombre de mandats, devait se faire par le biais d’un processus authentique consultatif et inclusif.
L’on connaît la suite. Une commission qui sera mise en place le 15 mars par un décret présidentiel pour proposer le projet d’amendement de la Constitution. Le 12 décembre, le chef de l’Etat lance solennellement, à Bugendana, la campagne pour le référendum du projet de Constitution amendé.
Dialogue au point mort
Un événement qui suscite encore des polémiques car la Constitution qui sera soumise au référendum en mai prochain, d’après la commission électorale nationale indépendante, consacre un mandat de 7 ans au lieu de 5 et certains opposants accusent le président actuel de vouloir rempiler pour deux autres mandats à partir de 2020.
Côté processus de paix. La situation n’a pas bougé d’un iota. Déjà dès le début de 2017, le facilitateur Benjamin Mkapa organise une session de dialogue à Arusha. L’objectif est d’annoncer un agenda devant aboutir à une feuille de route pour les élections de 2020. Il se donne six mois. Mais malgré sa volonté, il ne parviendra pas à un accord entre les parties prenantes, Bujumbura ayant refusé de s’asseoir avec l’opposition en exil qu’elle accuse toujours d’être derrière le coup d’Etat manqué de mai 2015. Le 4ème round d’Arusha de mi-décembre n’y change rien. Au sortir de cette session, le gouvernement burundais se félicite du déroulement du 4ème round des pourparlers inter-burundais pendant que le parti politique Ranac déplore que la session n’ait pas débouché sur aucun accord. Et l’Olucome dénonce le refus d’inviter des personnes poursuivies par la justice et parle d’une exclusion injustifiée.
Parallèlement à Arusha, l’on se souviendra d’Helsinki avec des concertations de deux jours, début août, organisées par le CMI. Les protagonistes burundais ont enfin pu se parler face à face. Sans aboutir, cependant, à une quelconque avancée.
Une contribution polémique
2017 aura été également marqué par l’appel du président de la République à la population de contribuer aux élections de 2020. Un évènement qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive.
Lundi 7 août, le président Pierre Nkurunziza se rend lui-même au guichet de la Banque centrale où il verse 5 millions de Fbu liquides. Il saisit cette occasion pour demander aux Burundais de lui emboîter le pas.
Le président de la République parle d’un geste patriotique : «Un signe éloquent de l’indépendance d’un pays réside dans sa capacité de se mobiliser pour tenir des élections grâce aux contributions de sa population. »
Pour le numéro Un burundais, un pays privé des institutions est sujet au chaos. Selon les possibilités de chacun, les Burundais peuvent contribuer de 10 Fbu jusqu’à 100 millions. «Nous voulons que le compte de mobilisation de fonds soit bien garni en 2020.»
Malgré les protestations de l’opposition et de la société civile en exil, le 11 décembre, le ministre de l’Intérieur et celui des Finances sortent une ordonnance conjointe sur les modalités de collecte de la contribution aux élections de 2020. Tout Burundais est appelé à contribuer en fonction de la catégorie dans laquelle il se trouve. Les citoyens non-salariés, les citoyens fonctionnaires et autres. Ceux de la première catégorie donneront une contribution fixe : «Elle est de 2 mille Fbu par an par ménage et de mille Fbu par an pour les élèves et les étudiants en âge de voter. » Il s’agit là du Burundais vivant de «l’agriculture ou d’un simple métier qui ne génère pas de salaire mensuel.»
Catégories mises en place
Les contributions pour la deuxième catégorie sont déterminées en fonction de leurs salaires. Les Burundais qui touchent jusqu’à 50 mille Fbu contribueront 500 Fbu par mois. Ceux dont le salaire est compris entre 50.001 et 100 mille Fbu donneront une contribution mensuelle de 1000 Fbu. La contribution sera de 2 mille Fbu chaque mois pour ceux dont le barème salarial est entre 100.001 et 200 mille et de 5 mille Fbu pour celui situé entre 200.001 et 500 mille Fbu. Entre 500.001 et un million, la contribution sera de 30 mille par mois. Pour ceux dont le salaire est supérieur à un million, leur contribution sera d’un mois de salaire par an.
Est citoyen fonctionnaire, précise l’ordonnance, toute personne qui exerce une fonction publique et parapublique. Entre autres des membres du parlement et du gouvernement, des diplomates burundais, des membres des corps de défense et de sécurité et cadres de l’Etat.
Une contribution équivalente telle que définie dans les lignes précédentes sera retenue à la source pendant une période deux ans à partir du mois de janvier. La catégorie dénommée « Autres » regroupe en son sein tous ceux qui ne figurent pas dans les deux dernières. Des entreprises, des sociétés, des confessions religieuses, des associations sans but lucratif, des commerçants, des Burundais de la diaspora, des opérateurs économiques, etc. L’ordonnance souligne que les contributions de ces derniers sont volontaires. «Elles sont guidées par leur propre volonté et sens patriotique de chaque contributeur.»
Le ministre de l’Intérieur, Pascal Barandagiye, insiste sur l’importance de la tenue des élections. S’il n’y a pas d’élections, avance-t-il, c’est un vide institutionnel qui s’en suit, entraînant des guerres, des destructions, etc. «Une situation que l’on ne pourra souhaiter à aucun pays dans le monde.»
Une contribution extrabudgétaire
Les réactions fusent. Faustin Ndikumana, président de la Parcem parle d’une contribution extrabudgétaire. « Une dynamique interne d’autofinancement des élections de 2020 est bonne. Cela rentre dans ce qu’on appelle les dépenses de souveraineté.» Toutefois, cette contribution ne doit pas revêtir un caractère contraignant parce qu’il s’agit d’une contribution extrabudgétaire. Il indique que la contribution citoyenne s’inscrit dans le paiement d’impôts et taxes. 20% du budget de consommation de chaque citoyen rentre dans les caisses de l’Etat. D’après lui, les fonds pour la préparation des élections doivent figurer dans le budget.
Pour Phénias Nigaba, porte-parole du parti Frodebu, il n’y a aucune base légale pour cette contribution. « Une telle contribution à travers une loi est une aberration.» Le citoyen burundais contribue déjà à l’assiette fiscale à travers le paiement des taxes et impôts. « D’autres contributions appauvriront davantage le citoyen burundais.»
M. Nigaba craint que l’obligation de contribuer à ces élections risque de créer des abus : « L’obtention des documents administratifs à la commune peut être conditionnée par le paiement de cette contribution.
Quand le Fbu tousse, l’économie s’enrhume
Vendeurs de pomme de terre en attente des clients.
Manque de devises, hausse des prix de l’électricité, inflation galopante, réhabilitation des marchés en mairie de Bujumbura… Tels sont les évènements importants qui ont marqué l’année 2017.
Fin avril, les travaux de réhabilitation des marchés de Kinindo, Jabe, Ngagara, Kinama, Kanyosha, Ruziba, Musaga ont pris fin. Les anciens occupants, aujourd’hui œuvrant dans des marchés provisoires, attendent impatiemment la réouverture. L’inauguration de ces infrastructures était prévue le 23 février. Mais, elle a été reportée par la mairie pour le 27 avril. Ce rendez-vous n’a pas été respecté.
Le 10 août, l’Union Européenne, le bailleur de fonds, a remis officiellement ces infrastructures à la mairie. Les commerçants rencontrés au marché de Jabe, le 27 décembre, se demandaient ce que faisaient les autorités municipales depuis lors.
Ramadhan Nkurikiye, conseiller principal du maire, a fait savoir, ce mardi 2 janvier que cette situation résultait de la demande des stands qui excède le nombre de places disponibles. « Actuellement, l’heure est à l’attribution des stands aux commerçants.» Les listes sont disponibles aux marchés de Ruziba et Kinama.
Hausse des prix d’électricité : une addition corsée
Le 15 septembre, la Regideso a augmenté les tarifs de l’électricité. Jéroboam Nzikobanyanka, son directeur général, a justifié cette hausse par le déficit énergétique essentiellement dû à la vieillesse des infrastructures hydroélectriques.
« Pour faire face à cette insuffisance énergétique, les centrales thermiques étaient le seul recours. » La Regideso a décidé de s’approvisionner en énergie thermique de 30 MW chez un producteur privé, la société Interpetrol.
Il a précisé que l’énergie thermique coûte énormément plus cher que l’énergie hydroélectrique. « Une enveloppe de 6 milliards de Fbu par mois pour 30 MW.» Par le passé, l’énergie électrique était subventionnée par l’Etat et les bailleurs de fonds, en particulier l’Union Européenne. « Il vaut mieux une hausse du prix de l’électricité qu’une pénurie.»
Les prix ont augmenté de 20% pour ceux qui consomment une quantité inférieure ou égale à 50 KWh par mois et plus de 100% pour ceux qui consomment une quantité supérieure à 50 KWh.
Les clients de la Regideso constatent actuellement un léger mieux dans la fourniture de l’électricité.
Le Fbu en chute libre
Cette année a été caractérisée par le manque criant de devises. Lundi 2 octobre, le taux de change d’un dollar américain a atteint un pic de 2.940 Fbu et celui de l’euro 3.340 Fbu. C’est du jamais vu dans l’histoire du Burundi. Ce jour-là, le taux de change officiel était de 1.765,04 pour le billet vert et de 2.076,39 pour l’euro. A part que le taux de change augmentait de jour en jour, les devises n’étaient pas disponibles en quantité suffisante ni sur le marché de change ni dans les banques commerciales.
Au cours du mois d’octobre, la BRB a revu sa politique. Elle a autorisé les banques commerciales à servir les transferts en devises à condition que les bénéficiaires ouvrent des comptes en devises.
La perte de valeur de la monnaie burundaise a entraîné des conséquences, entre autres la hausse généralisée des prix des produits importés. Au début de l’année 2017, les prix des denrées alimentaires montaient en flèche.
L’inflation a atteint un pic aux mois de février et mars. Un kilo du riz s’achetait à 2 400 Fbu, un kilo de haricot coûtait 1 700 Fbu et celui de pomme de terre 1200 Fbu.
Le 3 mars, le gouvernement avait pris la mesure de détaxation de certaines denrées alimentaires. Mais, cette décision est entrée en vigueur le 15 mai. Les produits concernés étaient le manioc, la farine de manioc, les graines de maïs, la farine de maïs, le riz et le haricot. Sur le marché, les prix de ces produits ont connu une légère baisse. Un sac de 25 kg de farine de maïs se vendait à 50.000 Fbu contre 53.000 avant l’exonération et un sac de 25 kg du riz importé de la Tanzanie s’achetait à 62.000 Fbu contre 65.000 Fbu avant la détaxation. Cette mesure avait une durée de trois mois, elle a pris fin 27 juillet.
A la fin de l’année, la tendance était à la baisse pour les produits vivriers. Un kilo de pommes de terre s’échangeait à 600 Fbu contre 850 au mois d’octobre, un kilo de haricot s’achetait à 1 100 Fbu contre 1300 Fbu en octobre et un kilo de petits pois coûtait 1 500 contre 2500 Fbu en comparaison avec la même période. Malgré cette baisse, les commerçants affirmaient qu’ils manquaient des clients.
Cette dépréciation a affecté le commerce des produits pharmaceutiques. L’Olkene se vendait à 49 mille Fbu. Pourtant, son prix était de 35 mille Fbu au mois de septembre. L’Avamus est un autre antibiotique dont le prix a grimpé en flèche. Il s’achetait à 25 mille Fbu en octobre contre 15 mille Fbu au mois d’août.
Le secteur de construction n’est pas épargné. Le prix du ciment s’est emballé. Du mois d’avril jusqu’en novembre, ce prix a connu une augmentation de plus de 41%. Au mois d’avril, un sac de ciment Simba de 50 kg s’achetait à 25.500 Fbu. Mais au mois de novembre, il était à 36.000 Fbu. Certains entrepreneurs versés dans la construction étaient désemparés. Ils déploraient travailler à perte.
Austérité budgétaire maintenue
Pénuries répétitives de carburant, polémiques autour de l’exploitation minière, vote du budget d’austérité figurent parmi les faits marquants de l’année dernière.
L’année 2017 a été marquée par plusieurs pénuries de carburant. La plus importante était celle de la semaine du 27 mars. Le ministre de l’Energie et des Mines, Côme Manirakiza, avait justifié cette pénurie par le manque de devises et la spéculation des pétroliers.
À partir du 17 avril, une autre pénurie a frappé le pays. Daniel Mpitabakana, directeur en charge des carburants au ministère de l’Energie et des Mines, avait justifié le manque de carburant par une panne technique survenu à l’Office burundais des recettes (OBR). Une annonce qui a été rapidement démentie par cet office.
Suite à ces pénuries répétitives, la spéculation s’est généralisée. Le 3 mai, ledit ministère avait annoncé une série de mesures pour endiguer ce phénomène. Notamment le transport de carburant en fûts et en bidons.
A la fin de l’année, le carburant était disponible dans les différentes stations-services.
L’exploitation des terres rares et de l’or
Le 6 septembre 2017, les pioches et les pelles ont fait leur réapparition à la mine de Gakara, soixante ans après les premiers prélèvements. L’exploitation est assurée par la société britannique, Rainbow Burundi Mining.
Cette activité a commencé par le refus du ministère de l’Energie et des Mines de publier le contrat d’exploitation. Le ministre Côme Manirakiza a rechigné de publier cette convention minière : «Je ne peux pas vous donner ce contrat. Je ne sais pas ce que vous voulez en faire. »
La société Rainbow Burundi Mining est sortie de son silence. Gilbert Midende, son Directeur général, s’est opposé à toute publication incontrôlée: «Rainbow Burundi Mining ne peut pas aller dans la rue et distribuer cette convention à tout le monde.» Il a renvoyé la presse sur le site web de Rainbow Burundi Mining.
Gabriel Rufyiri, président de l’Olucome, a affirmé que ce secteur souffre d’une gestion opaque. Il a signalé que le Burundi n’a toujours pas adhéré à l’Initiative pour la transparence des industries extractives (ITIE). « Par conséquent, l’argent provenant de cette exploitation va dans les poches des individus ou est versé sur des comptes qui échappent au contrôle des institutions financières officielles. »
Le 31 octobre, le chef de l’Etat a lancé officiellement les travaux d’exploitation d’or, d’argent et de cuivre, en commune Mabayi de la province Cibitoke. L’exploitation et la vente de ces minerais sont effectuées par une société mixte, Tanganyika mining Burundi. Le gouvernement burundais a pris des parts dans la société russe Tanganyika Gold. Il compte investir jusqu’à 15 %.
Problème : les indemnités tardent à venir. L’entreprise et les orpailleurs ne se sont pas entendus sur le calcul des indemnités.
Finances : Un budget d’austérité
Le 13 décembre, le budget général de l’Etat exercice 2018 a été adopté par le Parlement. Comme celui de l’année dernière, la politique budgétaire d’austérité est maintenue. Le gel des annales et du recrutement dans la Fonction publique est aussi maintenu, sauf dans les secteurs de l’Education et de la Santé publique. Le financement interne est de 81, 2% en 2018 contre 70,3% en 2017. Le taux de croissance prévu en 2018 est de 3,9% contre 3,5% en 2017. Le déficit budgétaire est estimé à 164 milliards de Fbu contre 174 milliards en 2017 et sera financé localement.
Désormais, les institutions financières sont soumises à une contribution spéciale équivalente à 5% de leurs résultats nets avant l’impôt. La perception des recettes non fiscales réalisée par les administrations en violation de la loi sera désormais effectuée par l’OBR. Le secteur informel sera également fiscalisé.
Sécurité : une année mouvementée
Lors des obsèques du ministre Emmanuel Niyonkuru
Assassinats, jets de grenades, disparitions, chasse des militants pro-Rwasa, phénomène de cadavres… l’année 2017 a été tumultueuse en matière de sécurité.
1 janvier
Le pays se réveille avec une mauvaise nouvelle. Le ministre de l’Eau, de l’Environnement, de l’Aménagement du Territoire et de l’Urbanisme, Emmanuel Niyonkuru, est assassiné. Le ministre rentrait chez lui, dans la zone Rohero, vers 00h45 minutes. D’après Pierre Nkurikiye, porte-parole du ministère de la Sécurité Publique, le ministre était à bord de son véhicule avec une femme. «Une personne a tiré trois coups de feu sur le ministre avec un pistolet et il est mort sur le champ.» Dans la foulée, la femme qui était avec le ministre est interpellée ainsi que Benoît Ndorimana, le patron du Bar-Restaurant «Chez André», un établissement que le ministre venait de quitter avant son assassinat. Ce dernier sera relâché, par la suite. Le lendemain, deux serveurs de ce même restaurant, Nadège Nkunzimana et Amissi Juvénal, sont aussi appréhendés. Le président Pierre Nkurunziza a vite réagi et a promis que ce crime ne restera pas impuni.
24 janvier
Le camp de Mukoni en province Muyinga essuie une « attaque » à 2h du matin. Des arrestations s’en suivent. Trois civils Ndabambarire, Eric et Ferdinand, tous originaires du camp des déplacés de Mutaho en province Gitega (centre du pays), sont arrêtés. Ils sont suspectés d’avoir participé dans l’attaque de Mukoni. Suivront ensuite des arrestations de militaires, surtout des ex-Fab, dans plusieurs provinces du pays. Le caporal-chef Fulgence Ndayikengurutse du camp de Mukoni et un ancien membre de la Brigade spéciale de protection des Institutions (BSPI) sont ainsi appréhendés. L’adjudant François Nkurunziza, administrateur du camp de Mukoni, sera lui aussi arrêté, le 24 janvier, dans l’après-midi. La dépouille du militaire sera retrouvée, avec deux autres corps non identifiés, sur la Colline Rusengo, commune et province Muyinga, à deux kilomètres du camp de Mukoni.
Le 26 janvier 2017, 18 prévenus dont 7 militaires, un policier et 10 civils, arrêtés dans ce dossier, comparaissaient au Tribunal de Grande Instance de Muyinga. Ils sont poursuivis pour «vol en bande organisée avec armes à feu ». Après un procès expéditif, ils écoperont d’une peine de 30 ans de prison et d’une amende de 5 millions de Fbu.
20 avril
Oscar Ntasano, un homme d’affaires, propriétaire du «Nonara Beach Hotel», est enlevé sur la route Bujumbura-Gatumba. D’après différentes sources, il faisait l’objet de menaces à cause d’un contrat de location qu’il avait signé avec le Bureau des Nations Unies au Burundi (BNUB). Trois jours après son enlèvement, son véhicule est retrouvé, accidenté, sur la route Ngozi-Muyinga. A son bord, se trouvait Lambert Bitangimana, un homme que la police présente comme le ravisseur de l’homme d’affaires. Depuis, cet ancien sénateur du Cndd-Fdd de 2005 à 2010, puis député de 2010 à 2015 est porté disparu. La police a affirmé que les enquêtes sont en cours.
17 mai
Cédric Kwizera, Audifax Ndayizeye et Ligan Harerimana, trois jeunes affiliés au parti Cndd-Fdd sont tués dans le quartier Gikoto, zone Musaga de la commune Muha en mairie de Bujumbura. « L’enquête a déjà commencé et la nuit même il y a eu l’arrestation de quatre suspects tandis qu’un autre d’origine rwandaise a été arrêté le matin de ce jeudi », a déclaré Pierre Nkurikiye, porte-parole de la police, le lendemain de ce triple assassinat.
25 mai
Aimé-Aloys Manirakiza alias Musaga et Eddy Uwimana disparaissaient sans laisser de traces. La dernière fois qu’on les a vus, ils étaient à Kanyosha. Ces deux Imbonerakure collaboraient, selon les habitants de Musaga, avec le SNR. Ils seraient soupçonnés d’être derrière le triple assassinat des trois Imbonerakure de Musaga tués le 17 mai. Depuis ce jour, leurs familles n’ont aucune nouvelle d’eux.
26 mai
Deux lieutenants-colonels, 16 majors et 5 capitaines sont révoqués par décret présidentiel. Ils sont accusés de désertion à l’extérieur du pays. Ce que réfutent ces derniers qui avancent, entre autres, des raisons de sécurité. Ces officiers avaient été envoyés en Belgique, France, Canada et au Rwanda pour faire leurs études de master et doctorat.
21 juin
L’épouse de Jean Bigirimana, le journaliste du Groupe de Presse Iwacu, disparu le 22 juillet 2016, reçoit un tract contenant des intimidations et des menaces de mort. Depuis, Godeberthe Hakizimana et ses deux enfants ont fui le pays.
13 juillet
Arrestation par le Service national du renseignement (SNR) de Germain Rukuki à son domicile, sis au quartier 6 de la zone Ngagara, commune Ntahangwa en mairie de Bujumbura. Cet ancien employé de l’Acat-Burundi (Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture) et président de l’Association Njabutsa Tujane est accusé de trouble à l’ordre public. «Il a été appréhendé avec des preuves prouvant comment ils ont utilisé l’argent lors des manifestations en achetant des armes et des stupéfiants », a souligné Pierre Nkurikiye. De plus, poursuit-il, il est aussi accusé d’aider dans l’élaboration des «rapports biaisés» sur le Burundi. Il est incarcéré à la prison de Ngozi.
12 septembre 2017
Enlèvement en plein avant-midi de Léopold Habarugira, un membre du parti Union pour la paix et le développement (Upd-Zigamibanga). C’était sur l’Avenue Nyankoni à Mutanga-Nord, zone Gihosha, commune Ntahangwa. Son épouse Libérate Nzitonda, qui était avec lui, a affirmé qu’un des quatre ravisseurs était en tenue policière et armé. Ils étaient à bord d’une voiture noirâtre aux vitres teintées. Dans la foulée, Pierre Nkurikiye annonce le début des enquêtes. Jusqu’à maintenant, il est introuvable.
15 septembre
39 réfugiés Burundais sont assassinés à Kamanyola (72 km au sud de Bukavu) en RDC par l’armée congolaise. Il y a eu aussi 117 blessés, dont 39 grièvement. Côté congolais, ces incidents ont fait 6 éléments des FARDC blessés. Lors de ces heurts, 4 policiers ont également été blessés. Par le biais du ministre des Relations extérieures et de la Coopération internationale, le Burundi a demandé à la RDC, à la Monusco et au HCR de lui fournir des éclaircissements sur les conditions dans lesquelles ces réfugiés burundais ont été tués. D’après Lambert Mende, ministre congolais de la Communication et des Médias, en même temps porte-parole du gouvernement, il était question de ’’légitime défense’’. «Des assaillants armés ont attaqué le bureau du maire, ils ont tué un officier et ils ont été repoussés.»
Le 21 novembre
Arrestation de Nestor Nibitanga, ancien représentant de l’APRODH en province Gitega. Il est pour le moment incarcéré dans la prison de Rumonge.
Des jets de grenade qui sèment la panique
L’année 2017 a été également caractérisée par des jets de grenade dans les provinces de Kayanza, Cibitoke et la mairie de Bujumbura. Iwacu revient sur quelques cas.
9 juillet
Sur la colline Shinya à 8 kilomètres du chef-lieu de Gatara en commune Kayanza, une grenade a été lancée aux environs de 19h, dans un bar de cette localité. Le bilan est de 5 morts : Osias Niyomukunzi (10 ans), Gaudence Irankunda (18 ans et mère d’un bébé), Narcisse Nsabimana (66ans), Jean Marie Bigirindavyi (5ans) et Côme Nsabimana (15ans). On compte aussi une quarantaine de blessés. Sept personnes sont appréhendées et écrouées.
Les habitants de Shinya ont dénoncé des arrestations d’ordre politique car ces personnes incarcérées sont de l’Uprona pro-Nditije ainsi que des militants du MSD. Ils pointent du doigt le chef du parti Cndd-Fdd en commune Gatara, Jean Bosco Ndikumwenayo, d’être derrière ces arrestations.
4 décembre
Une grenade fait 5 blessés, dont deux grièvement. C’était vers 20 h au parking des bus situé à proximité de l’Hôpital dénommé ‘‘Maison médicale’’ en commune Mukaza, dans la mairie de Bujumbura. Le porte-parole de la police a évoqué l’arrestation d’un suspect pour une enquête. Dans la foulée, l’attaque a été revendiquée sur les réseaux sociaux par un mouvement dénommé ‘‘Girafe’’, jusqu’ici inconnu des services de sécurité.
6 décembre
Une explosion d’une grenade a fait 4 blessés dans la zone Musaga, commune Muha de la mairie de Bujumbura. Elle a été lancée, vers 19h, à l’intérieur d’une échoppe située dans le quartier de Gitaramuka à proximité de la route RN7.
10 décembre
Vers 20h, une grenade a été lancée par des inconnus. C’était à la 2ème Avenue à Bwiza, zone Mukaza en mairie de Bujumbura. Cette grenade a fait deux blessés. Selon un serveur d’un des bars de cette rue, les auteurs étaient à bord d’une voiture qui roulait à grande vitesse. Arrivée à la hauteur de ce bar, raconte-t-il, elle a un peu ralenti et un des passagers a lancé une grenade sur les clients.
19 décembre
Un homme et sa femme soupçonnés de sorcellerie ont été grièvement blessés dans une attaque à la grenade. C’était sur la colline Buseruko de la commune Mugina, en province de Cibitoke. Il s’agit de Jérôme Sinumvayaha, 70 ans et son épouse, Emeliane Ntacoripfa, 55 ans.
Pour toutes ces attaques à la grenade, le porte-parole de la police indique que les enquêtes ont montré qu’il s’agissait de règlements de comptes entre particuliers : « Ils profitent souvent du contexte politico-sécuritaire dans le but de faire passer leur forfait pour une attaque avec un mobile politique. Il ne s’agit pas donc d’une recrudescence de la criminalité, mais de cas isolés. »
Satisfaction du ministre Bunyoni
Lors de la présentation des réalisations de son ministère, mercredi 27 décembre, le ministre de la Sécurité Publique, Alain-Guillaume Bunyoni, s’est réjoui de la baisse de la criminalité au cours de l’année 2017. «Nous avons enregistré 277 cas d’assassinat.» Selon lui, les cas d’assassinat sont passés de 401 à 277 en 2017, les ’’actes de terrorisme’’, de 134 à 11 cas. Les cas de détention illégale d’armes à feu sont réduits de 161 à 42 cas.
Le ministre Bunyoni a indiqué que la police a effectué 12.675 fouilles-perquisitions à travers tout le pays. «Dans ces opérations, 132 armes, 60 bombes, 392 grenades et des milliers de cartouches,…ont été saisies.»
Anschaire Nikoyagize, activiste des droits de l’homme, dresse le bilan de 397 personnes tuées et 99 autres portées disparues. Pour lui, même 277 cas d’assassinat rapportés sont déjà nombreux.
Phénomène de cadavres et chasse des militants pro-Rwasa
Un autre fait qui a marqué cette année est la découverte des cadavres à travers tout le pays. Des cadavres sont retrouvés jetés dans les rues, brousses ou flottant sur les rivières. Anschaire Nikoyagize parle de recrudescence du phénomène des cadavres et évoque 48 cas documentés entre juillet et septembre. Les provinces les plus touchées pendant cette période sont Gitega, Cibitoke et Kayanza. M. Nikoyagize déplore le comportement des administratifs qui enterrent les cadavres sans aucune identification. «Vu leur empressement de les inhumer, cela montre qu’ils sont impliqués. C’est aussi une nouvelle stratégie de faire disparaitre les gens.» Pierre Nkurikiye assure qu’il n’y a pas eu de recrudescence : «Nous faisons face à des suicides, des noyades, des vols à main armée, suivis de justice populaire et d’assassinats sur fond de conflit foncier. Il est donc difficile de parler de phénomène de cadavres.»
La chasse aux sympathisants d’Agathon Rwasa a aussi défrayé la chronique. Au centre (provinces Gitega et Muramvya), au sud (province Makamba), au nord (provinces Kirundo et Kayanza) et à l’ouest (provinces Cibitoke et Bubanza), ils ont été malmenés et pourchassés.
Les dernières arrestations en date ont eu lieu dans les provinces de Ruyigi, Bubanza et Gitega. Les fidèles de Rwasa arrêtés sont accusés de tenir des réunions clandestines en vue de faire campagne pour le non au prochain référendum constitutionnel prévu en mai 2018. Pour Agathon Rwasa, ces arrestations traduisent l’intolérance politique. «Les gens ne doivent pas tous être du Cndd-Fdd pour servir leur pays.»
Droits de l’Homme : Bujumbura dénonce tous les rapports
L’année 2017 a été marquée par les rapports présentés sur la situation des droits de l’Homme au Burundi et le retrait de ce dernier de la CPI. Bujumbura a rejeté tous ces rapports et parle plutôt de rapports fondés sur des informations erronées.
Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a transmis un rapport sur le Burundi, le 23 février 2017, au Conseil de sécurité. Dans ce rapport, le secrétaire général trouve que malgré une baisse de la violence et une réduction du nombre d’affrontements armés, il subsiste des violations des droits de l’Homme, notamment des meurtres, des disparitions forcées, des arrestations et détentions arbitraires, des cas de torture et de mauvais traitements.
Il déplore l’impunité dont les présumés coupables de violations des droits de l’Homme continuent de jouir. « Rien n’a été fait pour enquêter sur les atteintes portées aux droits de l’Homme par des agents de l’État ou par des Imbonerakure.»
Bujumbura ne tarde pas de réagir. «Le gouvernement voudrait rappeler au SG des NU que l’auteur du rapport, à savoir M. Jamal Benomar, a été officiellement désavoué par le gouvernement», répond Philippe Nzobonariba, porte-parole du gouvernement. Bujumbura annonce que ledit rapport ne lui a pas été officiellement signifié et qu’il en ignore le contenu.
Toutefois, il dit regretter que certains lobbies aux intérêts et positions avérés contre le Burundi semblent avoir la main haute sur certains organes des NU jusqu’à influencer certains rapports.
Le rapport de Fatsah Ouguergouz fait tache d’huile
La Commission indépendante d’enquête sur le Burundi a présenté, le 19 septembre 2017, son rapport final, devant le Conseil des droits de l’Homme. Interdite d’accès au Burundi, la commission a notamment sillonné les pays de la sous-région. De nombreux Burundais en exil ont été interrogés. Au total, plus de 470 témoignages de violations des droits de l’Homme ont été recueillis depuis avril 2015.
La commission fait état d’exécutions extrajudiciaires, d’actes de torture, de violences sexuelles et sexistes. Sans oublier les arrestations arbitraires et les détentions et disparitions forcées. Ce qui laisse croire, selon le rapport, que des crimes contre l’Humanité ont été commis au Burundi depuis avril 2015.
Le président de cette commission, Fatsah Ouguergouz, place la responsabilité au plus haut niveau de l’Etat, des officiers supérieurs et agents du corps de défense et de sécurité ainsi que les Imbonerakure. La commission d’enquête demande à la Cour pénale internationale (CPI) d’ouvrir une enquête sur le Burundi, depuis avril 2015.
Bujumbura monte au créneau
Le gouvernement burundais rejette ce rapport. Il le qualifie de partial, manipulé et orienté politiquement. Des manifestations contre ce rapport sont organisées dans tout le pays.
Le ministre des droits de l’Homme, Martin Nivyabandi accuse la commission d’avoir confectionné un rapport sur base de témoignages de Burundais en exil. « Ceux-là même impliqués dans la perturbation du pays.» Pour Philippe Nzobonariba, les conclusions du rapport montrent que cette Commission a été créée pour mettre en marche la CPI.
Deux commissions d’enquête concurrentes
A l’issue de la 36ème session du Conseil des droits de l’Homme des NU, deux mécanismes différents pour le Burundi sont adoptés. Il y a d’abord une résolution africaine qui soutient Bujumbura dans son bras de fer contre les organisations internationales qui demandent des enquêtes indépendantes sur les crimes commis dans le pays.
La résolution votée demande donc qu’une nouvelle enquête soit menée par trois experts, non plus de manière indépendante, mais en coopération avec le pouvoir de Bujumbura. Elle demande aussi que les éventuelles poursuites judiciaires soient menées par la justice burundaise et non par la CPI.
La résolution de l’UE mentionne juste l’extension du mandat de la commission Ouguergouz d’un an. La commission d’enquête a donc un an supplémentaire pour continuer sa documentation sur les violations des droits de l’homme commis au Burundi.
Martin Nivyabandi, ministre des Droits de l’homme, assure que le gouvernement va collaborer avec le mécanisme proposé par le groupe africain. « Parce qu’il reconnaît la souveraineté du pays et les compétences de ses juridictions.» Par contre, le Burundi n’entend pas travailler avec la commission d’enquête présidée par Fatsah Ouguergouz. « Elle émane d’une résolution de l’UE qui a été rejetée par le Burundi. »
Bujumbura divorce avec la CPI
Au mois d’octobre 2017, la chambre basse du parlement burundais vote le projet de loi portant retrait définitif du Burundi du Statut de Rome. Le Burundi se retire officiellement de la Cour le 27 octobre 2017. Il devient le premier pays à se retirer du Statut de Rome adopté le 17 Juillet 1998, auquel il a adhéré en 2004. Des manifestations de joie sont également organisées. Bujumbura se félicitant du retrait de cette Cour jugée « d’instrument impérialiste et corrompu.»
Comme motifs du retrait, la ministre de la Justice, Aimée Laurentine Kanyana, a estimé que cette cour est « un instrument de pression sur les gouvernements des pays pauvres. » Pour elle, les enquêtes de la CPI se font sous l’impulsion des grandes puissances, dont certains n’ont même pas ratifié le statut de Rome.
La ministre a rassuré que la justice burundaise travaille d’une manière professionnelle. « Elle répond aux normes internationales et le gouvernement s’engage à punir tous les criminels.»
Pour certains analystes, le retrait du Burundi de cette Cour est apparu comme une confirmation de la culpabilité.
Ouverture d’une enquête sur le Burundi
Bujumbura pensait en avoir fini avec la CPI. Il se croyait à l’abri des poursuites depuis son retrait définitif le 27 octobre.
Coup de théâtre. On apprend que la Chambre préliminaire III de la Cour pénale internationale a autorisé la procureure Fatou Bensouda d’ouvrir une enquête.
Composée des juges Chang-ho Chung, Antoine Kesia-Mbe Mindua et Raul C. Pangalangan, cette Chambre a jugé que les éléments justificatifs présentés par la procureure de la CPI donnent une base raisonnable pour mener une enquête.
Compétence de la CPI
La procureure est donc autorisée à étendre son enquête à des crimes perpétrés avant le 26 avril 2015 ou se poursuivant après le 26 octobre 2017, si certaines conditions juridiques sont remplies.
En outre, la CPI a exigé la coopération du Burundi car elle indique « l’avoir autorisée le 25 octobre avant la date à laquelle le retrait a pris effet.»
L’enquête pourra durer aussi longtemps que nécessaire. Si des preuves suffisantes en matière de responsabilité pénale sont établies, la procureure demandera de délivrer soit des citations à comparaître soit des mandats d’arrêt aux personnes soupçonnées.
Société : Bujumbura en pleine opération de rapatriement
Les réfugiés burundais en Tanzanie rentrent par la frontière de Makamba.
Le gouvernement burundais a lancé, depuis septembre jusqu’à la fin de l’année, une campagne de rapatriement des réfugiés burundais. Plus de 13 mille Burundais y ont répondu favorablement.
Ruyigi, puis Makamba et enfin Muyinga… c’est par les frontières burundo-tanzaniennes de ces trois provinces que 13.104 réfugiés en Tanzanie dans le camp Nduta sont rentrés.
Le premier convoi, composé de 97 familles, soit plus de 300 personnes, est arrivé le 7 septembre par la frontière de Ruyigi.
Le deuxième groupe arrive le 19 septembre. 137 familles, soit plus de 500 réfugiés, ont été accueillies par le ministre de l’Intérieur sur la frontière de la province Makamba.
Enfin, 303 réfugiés burundais en Tanzanie ont été rapatriés le 21 décembre, depuis la frontière de Muyinga.
Vieillards, adultes, jeunes, enfants devaient passer dans un camp de transit pour 48h, au plus, avant d’être conduits sur leurs collines d’origine.
Motifs de départ divergents
Diverses sont les causes de leur départ en exil. Certains évoquent les manifestations de 2015 contre le 3ème mandat, l’insécurité qui a précédé et suivi les élections de 2015, le coup d’Etat manqué du 13 mai 2015, « la rumeur sur l’imminence d’une guerre colportée avant les dernières élections »… d’autres avancent la famine ou affirment avoir été tout simplement entraînés.
Les rapatriés ont bénéficié d’un paquet retour : des vivres pour trois mois (du haricot, du riz, de la farine, de l’huile, des couvertures, des pagnes, etc) Les femmes auront particulièrement droit à un paquet sanitaire : six pièces de sous-vêtements pour chacune, dont l’âge est compris entre 10 à 49 ans. Toute personne adulte se verra octroyer une somme équivalent en Fbu à 40 dollars et chaque enfant, 20 dollars.
Un certificat de reconnaissance de rapatriement, qui leur permettra de réintégrer le service, l’école, etc., leur sera donné.
La guerre des chiffres
En juillet, deux mois avant le rapatriement, le HCR et l’administration de la province Makamba ne s’entendaient pas sur le nombre de réfugiés en Tanzanie, originaires de Makamba.
68.567 est le chiffre avancé par le HCR, rapport de mars 2017. Le gouverneur de Makamba a rejeté ces données et a parlé de 47 mille personnes revenues sur les 50 mille exilés en 2015.
« Je ne veux accuser personne, mais il est évident que ce manque de communication profite à certains», avait affirmé, fâché, le gouverneur de Makamba.
Trafic humain : 350 femmes interceptées en 2017
Le président de l’Observatoire national contre la criminalité transnationale (ONRCT), Prime Mbarubukeye, a tiré la sonnette d’alarme en novembre: « Des femmes habitant les quartiers défavorisés en mairie de Bujumbura abandonnent leurs maris dans la clandestinité. »
Il a signalé que 17 femmes ont été interceptées en moins de deux semaines au cours de ce mois. La plupart d’entre elles provenaient des zones Kinama et Kamenge de la commune Ntahangwa.
M. Mbarubukeye soutient que le phénomène de trafic humain va crescendo, depuis le début de l’année 2017. Elles vont principalement dans trois pays : l’Arabie Saoudite, l’Oman et le Koweït.
Timothée Niyonkuru, habitant de la zone Kamenge, a été une victime collatérale. Sa femme a été interceptée au mois de novembre en province Kirundo. Elle lui avait laissé un bébé d’une année.
Des sources au sein de la police ont indiqué que cette dernière fait tout pour mettre un terme à ce phénomène. Mais elle n’y parvient pas, car il y a beaucoup d’argent en jeu.
M. Mbarubukeye souligne que plus de 350 femmes ont été arrêtées, depuis janvier 2017.
Faits sociaux macabres
Deux enfants mutilés
Richard et Jean Claude, 12 et 10 ans, deux enfants amputés de poignets gauches par leurs voisins, le 21 novembre. Ils habitent sur la colline Karemba, commune Itaba dans la province Gitega.
Un homme tue sa femme
Elvis Nduwimana, alias Makenze, a tué sa femme à coups de couteau dans la nuit du 7 décembre. Ce crime a été commis à Kajaga en commune Mutimbuzi de la province Bujumbura.
Selon Pierre Nkurikiye, porte-parole de la police, la victime avait porté plainte auprès de la police judiciaire contre son mari. Elle l’accusait d’un vol de 460 mille Fbu.
Un homme tue sa mère
Un certain Cyprien de la colline Karemera, commune Kiremba a tué sa mère, en décembre, pour n’avoir pas préparé de la nourriture pour lui.
Environnement : des réussites et des promesses non tenues
Le pont près du marché de Kamenge réhabilité sur la rivière Nyabagere.
Aménagement des rivières traversant Bujumbura, la désillusion chez les riverains de la Ntahangwa, des effets du réchauffement climatique … ont marqué l’année 2017.
Dans le cadre du projet d’urgence et de la résilience des infrastructures (PURI), depuis mai, des travaux de canalisation de la Nyabagere et Gasenyi ont été réalisés. Ils s’étendent sur plus de dix km. Et ce, grâce à un don de plus de dix millions de dollars de l’Association Internationale de Développement (IDA).
Dieudonné Kazoviyo, chargé de projets à l’Agence burundaise pour la réalisation des travaux d’intérêts publics (ABUTIP), a indiqué que c’est pour atténuer la pression de l’eau en cas de fortes pluies.
Sur Gasenyi, il s’agissait des ouvrages de chute, des constructions en bétons armés et des escaliers et de grands murs pour bloquer les grosses pierres. Car, a-t-il expliqué, lors des inondations de février 2014, à Gatunguru, elles ont causé d’énormes dégâts humains et matériels.
Côté Nyabagere, sur une distance de 3.472 m, les travaux consistaient à aménager un canal en forme de trapèze, des terrassements, un radier en béton armé et des parois en maçonnerie de moellons.
Plusieurs dalots ont été construits à Kamenge, Ngagara et Mutakura.
Sur le lot dit Gasenyi rurale, commune Mutimbuzi, trois autres dalots et des ouvrages de traversée (de petits dalots de 3 à 4 m de largeur) ont été érigés. Et à Carama, sur les avenues Muka et Kinyami, au moins 14 petits dalots y ont été installés.
Pour la rivière Gasenyi, ces travaux ont débuté à partir de la route nationale (RN1), commune Mutimbuzi, province Bujumbura, jusqu’à la RN9 et aux rizières du quartier Buhinyuza, zone Kinama, commune Ntahangwa. C’était sur une distance de 6946 m scindés en quatre lots.
Des ponts ont été réhabilités comme celui situé tout près du marché de Kamenge ou de la Paroisse Guido Conforti de Kamenge (Chez Buyengero).
Un bassin de retenue d’eau était prévu entre Gahahe et Carama, sur une superficie de 500 m2. Avec une capacité de plus ou moins 20 mille m3, il servirait à atténuer la pression d’eau en cas de crues.
« Les eaux y entreront avec un grand débit de plus ou moins 30 m3/seconde, pour sortir avec moins de 8 m3/seconde », avait-il expliqué.
Au moment où les habitants de Carama s’inquiètent du retard d’installation de ce bassin, Vincent Karire, de l’Office des routes rassure qu’il sera construit.
Cinq entreprises de construction à savoir ECBROH, ECAM, ERCON, ROBUCO et SOCOA se partagent la réalisation de ces travaux.
La désillusion des riverains de la Ntahangwa
Avec le début des travaux de stabilisation des berges de cette rivière, ses riverains, côté Mugoboka et Kigobe espéraient sauver leurs maisons. Ils n’ont récolté que déception.
« En effet, si rien n’est fait pour la protection des rives de la Ntahangwa, en plus d’écroulement de maisons, d’écoles… beaucoup d’autres dégâts vont être enregistrés », avait déclaré Célestin Ndayizeye, ministre de l’Environnement, au mois de juillet lors du lancement des travaux. Il faisait allusion aux travaux d’urgence à l’approche de la saison pluvieuse, programmés pour trois mois (juillet-septembre).
A cette occasion, il a rappelé qu’en 1983, 1986,2006 et 2009, les crues de la Ntahangwa ont entraîné des pertes estimées à plus de 3 milliards Fbu. Les principaux dégâts étant les destructions des maisons à Buyenzi, la détérioration des équipements publics, des stocks et d’entrepôts des entreprises dans le quartier industriel, etc.
Le coût de ces travaux de stabilisation était estimé de 4 milliards Fbu. La part gouvernementale étant de 1,5 milliards Fbu. L’autre partie vient du GEF (Global environment facility) et le Programme des Nations-Unies pour le développement (PNUD). Et le gouvernement devait fournir également via les ministères de la Défense et celui des Travaux publics, des bulldozers, des camions ainsi qu’un appui technique.
Ces activités consistaient à ériger des gabions, des murs de soutènement des bergers, des escaliers en bétons armés pour diminuer la pression de l’eau, avait confié Alexis Nimubona, coordinateur du projet Gestion communautaire de risques des catastrophes liés au changement climatique au Burundi.
Trois mois après le début des travaux, l’espoir a cédé la place à la déception. Côté Kigobe, les activités étaient au ralenti. A Mugoboka, rien n’a été fait. S’exprimant sur les raisons de cette lenteur, M. Ndayizeye a déclaré : « Nous sommes en train d’approcher 50% des travaux et nous sommes en train de mobiliser toutes les forces pour pouvoir canaliser cette rivière.» Et il a avancé des problèmes matériels tout en fixant la fin des travaux en octobre.
Une promesse non tenue, car les travaux se sont, par la suite, arrêtés. Et dans une interview exclusive à Iwacu, CP Antoine Ntemako, président de la plateforme nationale de prévention de risques et de gestion de catastrophes, a affirmé que le comité de pilotage a fait un arrêt pour revoir la façon de redresser les travaux. Finalement, ces derniers ont repris.
Des effets du réchauffement climatique
Dans la nuit du 16 mars, des glissements de terrain et des inondations ont occasionné la mort de six personnes dans différents coins du pays, suite aux pluies torrentielles.
A Gafumbegeti, commune Mabayi de la province Cibitoke, un glissement de terrain a recouvert quelques maisons faisant cinq victimes d’une même famille. Et deux autres personnes dont la mère ont été blessées, selon un bilan fourni par Joseph Iteriteka, gouverneur de province. Et plus de 100 maisons ont été détruites et plusieurs champs de culture endommagés.
Dans la mairie de Bujumbura, zone Kinama, commune Ntahangwa, le débordement d’un caniveau a créé subitement un puissant torrent sur un terrain en pente et une personne a été emportée par le courant. Et elle est décédée, selon un bilan établi par la première vice-présidence de la République.
En zone Buterere, à la 9ème avenue, la rivière Kinyangonge a débordée envahissant des habitations et bloquant la circulation.
La commune Kiganda, de la province Muramvya et Mutimbuzi de Bujumbura-rural ont été touchées par ces pluies torrentielles. En tout, 162 maisons détruites ont été recensées.
Et dans la province Karusi, dans la nuit du 5 mars, des pluies torrentielles ont détruits quatorze salles de classe et le bureau du directeur du Lycée communal Nyabikere. Les collines touchées étaient Mbabazi et Maramvya. Des documents administratifs, des cahiers, des livres de l’Ecofo I et II ont été abîmés, d’après un bilan fourni par Léonidas Nakumurango, administrateur communal. Des toitures de trois églises et 51 maisons emportées par des vents violents et plusieurs hectares de champs ravagés.
Education : la ministre aux mille et une décisions
La ministre de l’Education.
2017, correspondance sur correspondance… le secteur de l’éducation a été touché par plusieurs mesures de la ministre de l’Education, Janvière Ndirahisha.
Cours de renforcement suspendus
Les séances supplémentaires organisées sur presque tous les établissements secondaires, depuis bien des années, ont été suspendus depuis le 4 janvier. Un détournement de leur objectif a été dénoncé.
Selon le ministère de l’Education, les coûts de ces cours sont devenus exorbitants. « Les cours de renforcement sont des activités pédagogiques complémentaires qui doivent être fondés sur les besoins des élèves », a estimé Edouard Juma, le porte-parole de ce ministère.
Des écoles privées dans l’œil du cyclone
Dans une correspondance du 28 février 2017, la ministre de l’Eduction a mis en garde des établissements privés qui auront moins de 20% au concours national de 2017.
« Toute école privée dont les résultats seront inférieurs à 20% audit concours sera fermée après la clôture de l’année scolaire 2016-2017.» Elle a cité plus de 40 établissements de différentes provinces du pays.
D’après la ministre, la visibilité d’une école se manifeste à travers les résultats obtenus aux évaluations nationales. «Moins de 20% s’avère un indice de l’incapacité pour l’école à atteindre le seuil minimal de la qualité souhaitée des enseignements. »
Menace de destitution des directeurs d’écoles
Tous les directeurs des écoles publiques, dont les résultats sont inférieurs à 30% au concours national éditions 2016 et 2017, seront destitués. Ainsi en a décidé la ministre dans une correspondance du 17 mai.
La ministre de l’Education a pointé du doigt 12 écoles de la province Muramvya qui ont eu moins de 30% au concours national de 2016.
D’après Janvière Ndirahisha, la compétence d’un directeur se manifeste à travers les résultats obtenus aux évaluations nationales. « Moins de 30% s’avère comme un indice d’incompétence pour la direction. »
Même look pour tous les élèves !
Pas de cheveux défrisés, de maquillage, de boucles d’oreilles… pour les élèves des écoles privées. La déclaration de la ministre du 17 juillet a été claire. Motif : la notion d’uniforme ne se limite pas aux habits, mais s’applique de la tête aux pieds.
Une mesure qui a suscité un débat houleux. Certains ont qualifié la décision d’absurde, d’autres donnent plutôt raison à la ministre.
Le psychopédagogue, Joseph Ndayisaba, a estimé que cette mesure n’a rien à voir avec la science pédagogique. Elle relève du domaine des croyances. Pour lui, les capacités d’apprentissage d’un élève ne dépendent pas le moins du monde de son look. « Une élève brillante n’échouera pas parce qu’elle a de cheveux défrisés ! »
Neuf écoles fermées
Ces écoles de la capitale ont obtenu 0% de réussite au concours national édition 2017. Dans un point de presse du 22 août, Janvière Ndirahisha n’y est pas allée avec le dos de la cuillère : « Qu’elles ferment immédiatement les portes !»
Ces établissements sont : CEBU, CEPUB, EAC school, Ecole Emmaus, Groupe scolaire Maendeleo, Groupe intercontinental de Bujumbura, ETEC, Lycée technique islamique de Ntahangwa et Lt Ernide.
1h de plus sur l’horaire scolaire journalier
La mesure a été prise au mois d’octobre. 45 à 50 minutes ont été ajoutées à l’horaire journalier des écoles post-fondamentales. Au lieu de 13h40, les élèves rentrent aujourd’hui à 14h30. Un nouvel horaire dans le but de totaliser 40 h par semaine prévu par le nouveau règlement scolaire.
Elèves et enseignants dénoncent des minutes supplémentaires qui viennent alourdir leur horaire. Les directeurs eux parlent d’une décision salutaire qui va les aider à avancer rapidement dans leur programme. Avis qui n’est pas partagé par la représentation du personnel enseignant. Elle parle d’une mesure qui a des répercussions plutôt négatives.
Vacances écourtées dans l’enseignement primaire et secondaire, décembre
Mesure tombée au mois de décembre. Le ministère de l’Education décide de diminuer de moitié les périodes de vacances dans l’enseignement primaire et secondaire. Elles passent de deux semaines à une pour les vacances de Noël et de Pâques.
L’examen d’Etat à 50 mille Fbu
Ordonnance du 4 décembre. L’élève qui échoue à ce test décisif et qui désire le refaire devra désormais verser une somme de 50 mille Fbu à l’Office burundais des recettes.
Motif de la décision selon la ministre : la majorité des autodidactes inscrits ne se présente pas à la passation de l’examen. L’accroissement annuel de ces autodidactes a donc un impact non moins important sur le budget général de l’Etat.
Elèves et parents sont désespérés. Certains syndicalistes parlent d’une décision qui décourage complètement les élèves qui veulent tenter encore leur chance.
D’autres estiment que les parents devraient contribuer. Car la passation d’un examen demande des moyens.
Gel des bourses d’études en Belgique, France et Etats-Unis
Plus jamais de bourses d’études dans ces trois pays. Déclaration du porte-parole du gouvernement, Philippe Nzobonariba, lors de la retraite des membres du gouvernement, du 28 au 30 août. Ces pays sont accusés de « kidnapper » les cerveaux burundais après leurs études.
D’après M. Nzobonariba, l’Etat octroie des bourses aux étudiants qui, au terme de leurs études, sont dotés de connaissances recherchées. Cependant, certains pays, après avoir détecté leur génie, font de leur mieux pour les garder à leur service. Il a indiqué que des mesures vont être prises pour les pays déjà connus. «Il n’y a pas d’intérêt d’y envoyer des étudiants.»
Pour des boursiers déjà au service, ils devront signer au préalable un contrat d’engagement au retour. Ce sera une dette vis-à-vis de l’Etat s’ils ne rentrent pas.
Pour celui qui est tenté de ne pas rentrer, le porte-parole du gouvernement est clair : il demandera la mise en disponibilité et partira. Il ne recevra plus son salaire et les frais de ses études ne seront plus à la charge de l’Etat.
Santé : la ministre de la Santé, une année dans l’œil du cyclone
Une épidémie de malaria tardivement déclarée, des fonds destinés à la lutte contre le Sida qui sont retirés de la gestion du ministère de tutelle, etc. Josiane Nijimbere aura passé toute une année dans le collimateur de ses partenaires.
Le 12 octobre, Le fonds mondial de lutte contre le sida, le paludisme et la tuberculose retire au ministère de la Santé la gestion des subventions (2018-2020). La correspondance explique que les résultats programmatiques et financiers n’ont pas été à la hauteur des cibles convenues. Le fonds dénonce un financement non-utilisé estimé à 30 millions USD. Désormais, indique sa correspondance, la gestion est accordée au Programme des Nations Unies pour le Développement(PNUD).
La ministre de la Santé, dans une interview exclusive accordée à Iwacu, dira qu’elle n’a « aucune injonction à recevoir de personne. » Et aussitôt de relativiser cette décision : « Les fonds ne sont pas retirés au Burundi. Ce n’est que le récipiendaire principal qui change. L’essentiel, pour moi, est que la population continuera à bénéficier de l’aide. »
Un tout autre avis de la part des associations de personnes vivant avec le VIH/Sida. Hamza Burukikuye, président de Capes+, n’hésitera pas à tirer boulets rouges sur la ministre : « Je croyais que le ministère s’était corrigé. Mais apparemment non. » Il fait savoir que cet argent qui vient de partir en fumée était une manne non seulement pour les malades, mais aussi pour les employés de ces programmes. Ces derniers vont donc perdre leur boulot. « C’est très regrettable. »
La malaria, l’autre front de bataille…
En mars 2017, l’OMS sort un rapport alarmant. Il montre qu’en 2016 plus de 3 mille cas de décès sont survenus à cause de cette maladie. Pourtant, face à sa recrudescence (environ 7 millions de cas enregistrés), le ministère de la Santé rechigne à déclarer l’état d’épidémie. Finalement, après moult réactions, Josiane Nijimbere a déclaré, le 13 mars, l’épidémie de la malaria. Une decision salutaire parce qu’elle permettra la mise en place d’une politique de riposte.
L’on signalera, par ailleurs, les cas de choléra dans les communes de Bubanza et Bujumbura.
Le début de 2017 aura été également marqué par une pénurie des médicaments, en particulier les spécialités et les réactifs pour examens médicaux dans certains hôpitaux. Heureusement, le « désastre sanitaire » tant redouté par pas mal de gens sera évité à temps. Les banques commerciales permettront aux pharmacies d’acquérir des devises. Malheureusement, se désolent toujours certains, les pharmacies grossistes publiques sont avantagées par rapport aux privés quand il s’agit d’importer.
Culture : Une étoile s’est éteinte
Malgré le passage à Bujumbura de stars de renom international, l’année 2017 restera marquée à jamais par la disparition d’Antime Baranshakaje, gardien de la tradition sacrée des tambours burundais.
L’annonce de sa mort, dimanche 9 avril 2017 à l’hôpital Roi Khaled de Kamenge, résonne comme ce coup sec, écorchant les tympans, donné sur le flanc du tambour après ce cri de ralliement lancé aux « Batimbo » (tambourinaires) avant chaque présentation.
Pendant plus d’un demi-siècle, cet homme est attaché aux tambours et donne ses lettres de noblesse au sanctuaire de Gishora où il voit le jour en 1936.
C’est la consécration, quand de son vivant, les tambours burundais sont inscrits jeudi 27 novembre 2014 au patrimoine mondial de l’Unesco. Le charisme de ce tambourinaire pèsera de tout son poids. Et à cela, il faut ajouter ses initiatives pour la défense et la promotion du tambour burundais.
Tous les Burundais se souviendront de ces funérailles dignes d’un roi réservées à cet homme. Les images de cette longue procession funèbre de tambourinaires, par centaines, en face de l’hôpital Roi Khaled, accompagnant son cercueil à bord d’un corbillard limousine, défileront pendant longtemps dans la tête des Burundais.
Ces héritiers d’Antime Baranshakaje, en double rangée, tambour bien posé sur la tête, arborant les couleurs nationales, marchent au rythme du tambour.
Autre souvenir : l’inhumation lundi 17 avril de cette icône burundaise du tambour au sanctuaire de Gishora, sa première et sa dernière demeure. Tous évoquent le souvenir d’un grand patriote.
Les officiels ne tarissent pas d’éloges pour ce digne fils du pays. Le ministre burundais de la Jeunesse, du Sport et de de la Culture fera même une promesse : «L’Etat burundais va ériger un monument en son honneur afin que les générations futures continuent à se souvenir de lui.»
La famille d’Antime Baranshakaje ainsi que la cinquantaine de tambourinaires de Gishora formés et initiés aux secrets du tambour par ce vieux patriarche parlent d’un héros. «Nous sommes extrêmement attristés par sa disparition. Il s’est donné corps et âme pour nous transmettre ses connaissances».
Ses voisins pleurent sa disparition : «On espérait sa guérison après l’annonce de son transfert à l’étranger pour sa fracture à la hanche, mais cela n’a pas été fait. C’est une grande perte pour le pays.»
Quelques mois après sa mort, exactement le 20 octobre, un décret présidentiel portant réglementation de l’exploitation du tambour au niveau national et international, tombe.
Il stipule notamment que «toute exhibition du tambour en dehors des cérémonies officielles requiert l’autorisation du ministre de la Culture». Le décret ne fera pas l’unanimité notamment du côté des groupes de tambourinaires.
Adieu Antime, bienvenu Koffi Olomidé
L’année 2017 verra le passage à Bujumbura de cette star congolaise. L’auteur de Ekotite, de Nyataquance et de Danse ya ba Boss est accueilli en grande pompe.
Le Grand Mopao sera reçu par le premier vice-président de la République, sa photo recevant son cachet des mains des patrons de la Banque centrale et une vidéo polémique montrant un Koffi Olomidé brutalisant une de ses danseuses en train de cueillir des billets de banque, font le buzz.
Autre fait désagréable, ses musiciens et ses danseuses seront retenus pendant toute une journée à leur hôtel pour non-paiement de leurs consommations. Un certain Shabani Ndayishimiye, sorte d’agent local de la star, présenté par la police comme un ’’escroc récidiviste’’ se sauve avec «tout l’argent collecté pendant les concerts.»
Autre fait culturel marquant pour 2017, les concerts à Bujumbura de Fally Ipupa et des Sauti Sol. Dans leurs messages, toutes ces stars diront en chœur que «la paix règne au Burundi». Une chose est sûre, Bujumbura, soignera la com’ autour de ces stars pour éviter toute fausse note.
Enfin, la valse des médecins spécialisés dans plusieurs domaines, venus soigner la population burundaise. Parmi ceux-là, un dermatologue iranien et ses collègues égyptiens ainsi que des gynécologues qui ont opéré les fistules obstétricales.
Retro sport : Encore une fois, Francine a sauvé l’année…
Les Intamba qui sont éliminés dans presque toutes les compétitions africaines, le Burundi, hôte des Jeux militaires, qui a du mal a arraché une médaille, etc. Seule Francine Niyonsaba a porté haut les couleurs du pays.
Comme en 2016, lors des Jeux Olympiques de Londres, la semi-fondeuse de 800 m a eu les épaules larges pour porter loin le rêve de tout un peuple.
En véritable guerrière, le 13 août, après une magistrale course, maîtrisée de bout en bout, elle arrache l’argent.
Une consécration qui vient auréoler sa bonne saison. Précédemment, elle s’était illustrée, lors des meetings de la Ligue de Diamant.
Quant aux autres athlètes, hormis Onesphore Nzikwinkunda qui s’était illustré aux mondiaux de Cross-country juillet en Ouganda, ils sont passés à côté de leur course.
Même Antoine Gakeme, pourtant habitué des grands rendez-vous, n’a pas été épargné. Seule note positive, la fédération burundaise d’athlétisme (FAB),en organisant les compétitions à l’intérieur du pays, a permis de dénicher de nouveaux talents. Une bonne perspective à quelques mois des JO de la Jeunesse à Buenos Aires(en Argentine).
Côté Jeux militaires, le Burundi, n’a pas eu la moisson tant attendue. Malmené presque dans toutes les disciplines, seul le basketball a sorti la tête de l’eau. L’équipe militaire a terminé en argent.
Malgré les records nationaux pulvérisés aux mondiaux de Budapest, la natation n’a pas eu les résultats escomptés. Toutefois, les nageurs burundais (Billy Bandenzamaso et Belly Crésus Ganira) ont fait bonne sensation.
La Cecafa, la consolation des Intamba
Tour à tour éliminée de la course au Mondial 2018 et du Championnat des Nations(CHAN), la sélection nationale peine à trouver ses marques. Et le limogeage de l’Algérien Ait Abdelmalek n’a produit aucun effet. Pour les fans, Mutombola, l’actuel sélectionneur national, est responsable de ces mauvaises performances.
« Des rancœurs infondées, car l’équipe est en quête de rodage », se justifie Mutombola. Pour lui, sans beaucoup de matches amicaux, franchir un palier leur sera toujours difficile.
Toutefois, leur récente 4 ème place au tournoi de la Cecafa a mis du baume au cœur des supporteurs et leur a redonné l’espoir d’une éventuelle qualification à la CAN 2019 prévue au Cameroun.
La bonne note revient aux Intamba féminins des moins de 20 ans. Pour leur 1ère participation, elles sont parvenues à se hisser au 2ème tour des éliminatoires de la Coupe du monde 2018 prévue en France.
Le sacre en Primus ligue de Lydia Ludic et d’Olympic Star en Coupe du président, sont les autres faits marquants de cette année. Une surprise pour le club en provenance de Muyinga. Sur son itinéraire de champion, il a terrassé toutes les grosses cylindrées.
Ne cessant d’être dépouillé de ses meilleurs joueurs notamment Claude Ndarusanze, alias Lambalamba (meilleur buteur la saison passée), Gaël Duhayindavyi (meilleur joueur), le championnat du Burundi est devenu un incubateur. Beaucoup en sont venus à se demander si le Burundi ne forme pas pour les autres pays.
Des départs qui se répercutent inexorablement sur les clubs. Comme en témoigne les piteuses prestations d’Athletico Olympic. Deuxième la saison passée, le club frôle de peu la zone rouge.
Le bon et le moins bon dans les autres disciplines
Dans les autres sports, 2017 a été généralement l’année des élections dans différentes fédérations, bien que parfois les querelles intestines aient semblé prendre le dessus.
Au basketball, la guéguerre interminable entre la FEBABU (Fédération Burundaise de Basketball) et l’ACBAB (Association de Basketball de Bujumbura), suite au transfert du meneur de Dynamo, Jean Hakizimana, a tenu en émoi le monde du ballon orange.
Situation identique au handball. Après plus de 8 ans à la tête de la fédération nationale, Aloys Nahayo a cédé sa place à Felix Nzisabira. Seul bémol : depuis octobre, il’ n’y a pas encore eu de remise et reprise.
Font figure d’exception le karaté et le judo qui ont fait honneur au Burundi. A Yaoundé, lors des championnats d’Afrique juniors et cadets, les Burundais ont décroché une 5ème place. Un bon classement synonyme de qualification à la coupe du monde de karaté. Elle s’est tenue à Tenerife(Espagne) et a vu Elvis Terimbere ramener la 11 ème place sur plus de mille participants.
Le judo a aussi porté haut les couleurs du pays. Tout récemment à Nairobi, les cadets et juniors burundais ont terminé 2 ème.
En course automobile, le belgo-rwandais Giancarlo Davite s’est adjugé la plus haute marche du podium, lors du Rally 2017 du Burundi. En cyclisme, cette année a eu lieu la 1ère édition du Tour du Burundi. Aussi faut-il rappeler que, pour la 1ère fois, les fédérations ont élu une femme, en la personne de Lydia Nsekera, à la tête du Comité National olympique(CNO).
»Pour Amnesty International, tout changement majeur de la Constitution, telle que la modification de la limitation du nombre de mandats, devait se faire par le biais d’un processus authentique consultatif et inclusif » selon Amnesty International. N’est-ce pas la même Amnesty International qui, deux ans plus tôt, annonçait, pseudo images satellite à l’appui, la découverte de charniers à Rukoko? On commence par la fabrication de preuves et on finit en sérinant des leçons de morale. Pour la crédibilité on repassera.
Silence sur les problèmes de connexion dont souffrent certains utilisateurs au Burundi,
silence sur le contenu du cahier des charges que doivent respecter les diverses publications,
… mais
merci à IWACU de pousuivre son travail d’information dans des conditions que l’on devine difficiles.
Merci Iwacu de nous faire ce bikan. Certes, il est maccabre mais c’est une vérité pure, une triste réalité. On aura tout vu, des gens qui tuent leurs conjoints, leurs mères. Etre satisfait d’un tel bilan relève du cynisme. Merci aux deux dames, Maman Dimanche et Francine Niyonsaba. Elles font exception et sauvent ce qu’elles peuvent sauver, contrairement à leurs consoeurs ministres qui pateaugent aisément parce qu’elles n’ont pas peur de « mauvaises langues » qui, pourtant, leur donnent un clin d’oeil gratuit.
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»Pour Amnesty International, tout changement majeur de la Constitution, telle que la modification de la limitation du nombre de mandats, devait se faire par le biais d’un processus authentique consultatif et inclusif » selon Amnesty International. N’est-ce pas la même Amnesty International qui, deux ans plus tôt, annonçait, pseudo images satellite à l’appui, la découverte de charniers à Rukoko? On commence par la fabrication de preuves et on finit en sérinant des leçons de morale. Pour la crédibilité on repassera.
Silence sur les problèmes de connexion dont souffrent certains utilisateurs au Burundi,
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… mais
merci à IWACU de pousuivre son travail d’information dans des conditions que l’on devine difficiles.
**pardon je voulais dire bilan (pas bkan)
Merci Iwacu de nous faire ce bikan. Certes, il est maccabre mais c’est une vérité pure, une triste réalité. On aura tout vu, des gens qui tuent leurs conjoints, leurs mères. Etre satisfait d’un tel bilan relève du cynisme. Merci aux deux dames, Maman Dimanche et Francine Niyonsaba. Elles font exception et sauvent ce qu’elles peuvent sauver, contrairement à leurs consoeurs ministres qui pateaugent aisément parce qu’elles n’ont pas peur de « mauvaises langues » qui, pourtant, leur donnent un clin d’oeil gratuit.