Pacifique Ninihazwe est un des leaders de la contestation contre le 3ème mandat du président Nkurunzia. Il mène une existence difficile dans la clandestinité mais reste toujours engagé.
C’est dans un café d’une gare que je rencontre Pacifique Ninihazwe. Il est toujours bien habillé. La cravate est de rigueur. « Il faut rester digne, malgré tout », dit-il en sirotant un café noir. Cette élégance il la tient de son père.
Pacifique Nininahazwe a mené une enfance heureuse à Makamba, un père juge et une mère institutrice. Sans être riche, la famille vit bien. A la maison, la question ethnique ne se pose pas. D’ailleurs son père est Tutsi et sa mère Hutu.
« Aujourd’hui Papa vit en exil dans un pays africain, malheureux, fauché, il reste propre et porte toujours une cravate. La dignité c’est tout ce qui lui reste », raconte avec tristesse Nininahazwe qui vit en clandestinité comme de nombreux activistes.
« Depuis mon jeune âge, je me suis toujours engagé pour la justice, les droits de l’homme ». En 1993, au pire moment de la crise consécutive à l’assassinat du président Ndadaye, les élèves Hutu et Tutsi de son lycée (Rutana) sont à couteaux tirés. La tension est à son comble. L’affrontement imminent. Le jeune Pacifique lance un dialogue entre les deux groupes qui se parlent. La paix revient au lycée. Il évoque avec fierté cette « petite victoire sur la haine et la peur ». Son leadership ne s’arrêtera plus. A l’université, il s’oriente « naturellement vers le droit », il veut s’engager pour la Justice.
Avec quelques camarades, il lance aussi le FOCODE, Forum pour la Conscience et le Développement. Son association deviendra le symbole de la résistance citoyenne aux abus de pouvoir.
Le régime l’accuse de faire la politique sous couvert de la société civile. « Chaque fois que nous faisons une critique sur les actions gouvernementales, il considère que nous sommes en train de combattre le pouvoir ». Faux, réagit M. Nininahazwe. « Si un jour je décide de faire de la politique, je le déclarerai ». Pour lui, les autorités devraient répondre aux questions posées par les citoyens au lieu d’attaquer les dénonciateurs.
Ses détracteurs le disent « imbu de lui », avec « un égo surdimensionné ». Un site l’accuse même d’être « un agent de la CIA ».
Il ne se démonte pas. Et d’égrener ses combats pour la vérité, le droit. Il s’est battu au péril de sa vie pour demander la lumière sur l’assassinat d’Ernest Manirumva et beaucoup d’autres. « J’aimerais qu’on me prouve que je me suis trompé dans toutes les dénonciations que j’ai faites. J’aimerais qu’on me prouve que toutes ces morts sont inventées, au lieu de répondre aux faits, on attaque ma personne, on me menace. »`
Pacifique Nininahazwe paie en effet un lourd tribut pour son engagement pour les droits de l’homme. « Cela fait deux ans que mes enfants en exil ne vont pas à l’école » Il évoque avec amour Claudine, son épouse, qui la soutient dans son combat. « On s’aime depuis l’université, en m’épousant elle savait à quoi elle s’engageait, j’ose espérer que mes enfants privés d’école comprendront mon combat et me pardonneront », lâche-t-il avec un brin de tristesse. Mais très vite il se reprend.
Il doit partir. Pacifique Ninihazwe bouge beaucoup. En moins d’un mois, il a été dans une conférence à Ottawa, un colloque à Berlin, des réunions à Bruxelles… Toujours connecté, très actif sur les réseaux sociaux, les messages affluent sur son smartphone.
Il ne boit pas, ne fume pas. Il lit beaucoup. Prie aussi. Il aime la figure du Christ qui prend « la cause de la femme adultère que les pharisiens voulaient lapider ». Il reconnaît une certaine « naïveté » dans le mouvement de contestation contre le 3ème mandat du président Nkurunziza dont il a été le fer de lance. « Nous avons mené des manifestations pacifiques, nous avons cru que Pierre Nkurunziza allait comprendre notre message, mais il a choisi la répression dans le sang.»
Au sujet de ce jeune homme brûlé vif à Nyakabiga, « par les manifestants » comme l’accusent plusieurs sites proches du pouvoir, Pacifique Nininahazwe rappelle qu’il a été le premier à condamner l’acte. « On veut me faire porter le chapeau d’un acte que je réprouve, que j’ai vite condamné et dont je ne suis pas le commanditaire. Tout le monde sait que les manifestations que nous assumons ont été pacifiques. »
Mais malgré les arrestations, les tortures, l’exil ou la mort, le militant des droits de l’homme estime que quelque chose d’irréversible s’est passé. « J’ai vu des jeunes Hutu, Tutsi, des jeunes de Musaga et de Bujumbura rural, dans tous les quartiers, des jeunes marcher main dans la main pour refuser le 3ème mandat, il y a eu une prise de conscience extraordinaire, que le pouvoir a noyée dans le sang . Mais rien ne sera plus comme avant. Cela prendra le temps qu’il faut, mais ce système tombera. »
Malgré la situation difficile qu’il mène, Pacifique Nininahazwe ne nourrit aucune envie de vengeance envers Pierre Nkurunziza. « Ce que je souhaite c’est qu’un jour il soit face à la justice, face à ses crimes, face à ceux qu’il a appelés « Mujeri » (chiens faméliques) et qu’il soit jugé régulièrement et paie pour ses actes. »
La vie de Pacifique Ninihazwe a connu un profond bouleversement. L’activiste sait que son engagement est périlleux. Il circule avec précaution, ne donne à personne son itinéraire. Ses comptes internet ont été attaqués à plusieurs reprises. Il dit qu’il est conscient qu’il peut être tué. Mais il vit avec une certaine sérénité. « Je sais que je suis en danger, en permanence. Je suis traqué. Si je tombe sous les balles des tueurs, tant pis. J’aurais mené une vie en accord avec mes convictions. »
Il y a deux ans, lors de la commémoration de l’assassinat d’Ernest Manirumva, il s’était adressé au militant anticorruption disparu dans un discours qui a ému l’assistance : « Cher Ernest, nous ne savons pas le coût de ce combat, peut-être que certains te suivront pour que cette vérité soit connue. Mais nous ne relâcherons jamais » a promis le militant. Aujourd’hui, Pacifique Nininahazwe sait déjà le coût de son combat…
Antoine Kaburahe
Heureusement que nos Héros présent (Pacifique, PC Mbonimpa, Anschaire pour ne citer que ceux-là), continuent avec courage et determination à dénoncer l’Etat Police
Je vous dis courage Messieurs.
Un jour, même Nkurunziza vous dira chapeau!
Ces hommes sont vraiment braves. On peut ne pas etre d’accord avec leur position, mais leur courage et tenacite attirent de l’admiration. Ils sont prets a payer n’importe quel prix pour defendre leur cause. Le Burundais serait different s’il avait des politiciens devoues a des causes comme il en est le cas de ces trois defenseurs des droits de l’homme.
Merci pour ce que vous faites. Mais je suis également attristé d’apprendre que les 2enfants de Pacifique de vont pas à l’école depuis 2ans. Je demande aux burundais de la diaspora de faire quelque pour ces enfants. Parlez-en à Mama Barankitse aussi si c’est possible, mais ça dépend d’où ces enfants se réfugient. Comment faire pour cotiser pour les frais de scolarité de ces enfants? quand tu aides un enfant, Dieu ne pourra plus jamais t’oublier, crois-moi ou pas.
Le chef de la ligue Iteka: « Le risque d’un embrasement est réel. L’hypothèse formulée au cours d’une autre enquête antérieure à ce rapport a été confirmée ».
Mais où est cette vérification? Où est ce génocide?
Cher monsieur de la ligue Iteka, le mot génocide a une définition juridique. REGARDEZ L’ARTICLE 2 DE LA CONVENTION SUR LA RÉPRESSION DU CRIME DE GÉNOCIDE. « …Le génocide s’entend de l’un quelconque des actes ci-après, commis dans l’intention de détruire, ou tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, comme tel … »
Ce que vous décrivez n’est pas dedans. Vous faites donc un abus de langage juste pour enfoncer le gouvernement. Ce n’est pas honnête.
Dommage! Cet article est truffée de mensonges et de contre-vérités, comme en ont l’habitude ces gars de la « société civile ».
Quelques exemples :
1. « Si un jour je décide de faire de la politique, je le déclarerai ».Que faisait-il au CNARED?
2. « On veut me faire porter le chapeau d’un acte que je réprouve, que j’ai vite condamné et dont je ne suis pas le commanditaire. Tout le monde sait que les manifestations que nous assumons ont été pacifiques. » Quand il affirme que les manifestations étaient pacifiques, qui a brûlé le pauvre homme?N’est-ce pas les manifestants?
3. »Il se pourrait que mon prédécesseur, ait des liens avec le pouvoir, en témoigne le poste qu’il a d’ailleurs occupé à l’Office Burundais des Recettes (OBR) après son départ de la ligue ». C’est le plus patent des mensonges!Il est entré par examen comme tout le monde. Et pour cela, je suis prêt à donner ma main à couper .Et puis à ma connaissance, il n’est que simple cadre juridique.Très loin du « poste » dont parle ce monsieur. A l’accusateur de prouver le contraire
2. »Le génocide dont la ligue Iteka parle n’est pas celui à l’image du Rwanda. C’est plutôt la crainte des assassinats à grande échelle, car le conflit est désormais politique et non ethnique. »
C’est faux ce que ce monsieur raconte. Dans son rapport, il pointe expressement un génocide à venir contre les tutsi.
Ainsi dans ce fameux rapport, il dit à la première page et je le cite « le recours à une propagande fondée sur une idéologie ethnique, qui assimile les opposants, les membres de la société civile, les journalistes, et les Tutsi à des ennemis du régime qu’il faut éliminer »
Comment peut-il dire ensuite que le génocide dont il parle n’est pas ethnique lorsque le pouvoir chercherait à éliminer les tutsi selon son rapport? Ce serait-il rendu compte de son erreur?
Et pourquoi il dit que « C’est pour faire comprendre aux Hutu qu’ils courent un risque de voir les tutsi reprendre le pouvoir alors que ce n’est pas vrai » si n’est pour préparer, selon ce rapport, un génocide contre les tutsi?
Bon, lisez-vous même le rapport et comparez-le aux propos de ce monsieur. Lisez notamment la page 166 au point 5.2.1.(https://www.fidh.org/IMG/pdf/rapport_burundi_une_repression_aux_dynamiques_genocidaires.pdf)
5. »14 fosses communes découvertes et gardées par des jeunes Imbonerakure, 444 personnes tuées par des agents du service de renseignements, 353 personnes assassinées par la police, 34 par des militaires et 23 par des civiles. Tel est le bilan que dresse Pierre Claver Mbonimpa, depuis avril 2015. Tous ces crimes, regrette-t-il, restent impunis »
Donc , aucune trace des crimes des « rebelles » du Mugamba, de Musaga(la pauvre fille), Mutakura….?
Finalement, ces gens ont toujours été animé la volonté de nuire par le mensonge! Loups habillés en agneaux!
Excellent travail du journal Iwacu. Continuez à nous informer. Bunyoni dit que la sécurité a été rétablie à 98%. A un moment donné, il disait qu’elle était assurée à 99%. Finalement la sécurité s’est détériorée. Mais on je ne devrais pas passer beaucoup de temps sur des déclarations d’un homme d’une réputation qu’on ne peut pas envier. Merci encore Iwacu pour ce travail!
@Ndayumva
Et dire qu’il y en a qui prient de toutes leurs forces pour qu’il n’ y ait pas de sécurité! Tous les goûts sont dans la nature!
@ Bakari
Personne ne peut prier pour cela si non ce serait terrible. Probablement que je ne comprends pas le sens de votre réaction.
@Ndayumva
Dans votre commentaire, vous semblez vous réjouir de la détérioration de la sécurité; n’est-ce pas?
A moins que je ne sois pas capable de lire entre les lignes.
C’est bien de parler comme vous voulez mais sachez que vous avez un tout petit temps sur terre. Vos mensonges seront jugés et vous serez bien punis par le tout puissant qui ne cherche pas les témoins mais qui voie tous et qui sent tous pour chacun de nous. Tempi pour vous. Personne n’est juste, il pense seulement être juste mais il n’y a qu’un seul juste et c’est Dieu seul.