Après l’échec de la libéralisation de la filière café, le gouvernement a décidé, en 2019, de se réengager dans le secteur pour redynamiser ce secteur. Ce qui n’a pas empêché une baisse continuelle de la production. Pourquoi ? Quelle est la réalité sur le terrain ? Comment on n’en est arrivé-là ? Que proposent les autres acteurs pour remettre la filière sur les rails ? Enquête.
19/03/2024
Fabrice Manirakiza et Rénovat Ndabashinze
Images :
@Iwacu
« Aujourd’hui, les jeunes ne s’intéressent pas au café. Les caféiers sont très vieux. Ils ont été plantés par nos pères, nos grands-pères. Et nous n’avons pas du temps pour s’en occuper ou planter d’autres. Car, le café est exigeant mais il est moins rentable en termes d’argent », confie un jeune prénommé Edmond de Matongo, province de Kayanza. Au lieu de s’occuper du café, il signale que les jeunes préfèrent aller fabriquer des briques qui sont rentables deux ou trois mois après : « En fabriquant des briques, ou en produisant du charbon, je peux avoir au moins deux millions de BIF durant les mois de juin, juillet et août. Mais, pour le café, tu peux attendre plus de trois ans sans aucune production. Mais, entre-temps, tu dois continuer à l’entretenir, à y mettre de l’argent. »
Justine Sindakira, la quarantaine, ne nie pas non plus que le café est très exigeant. « On ne récolte que la fatigue. On nous donne peu d’argent si on considère les efforts fournis, les moyens utilisés pour entretenir les vergers-caféiers ». Elle précise qu’actuellement, un journalier recruté pour l’entretien des caféiers est payé entre 2 000 et 3 000BIF pour une demi-journée. « Durant la récolte, il exige 3 000BIF jusqu’à midi. En plus, il faut aussi le nourrir. Si on fait le total des dépenses, le constat est qu’on ne récupère même pas la moitié de ce qu’on a dépensé »
Ce qui les pousse à privilégier les cultures vivrières comme le maïs, le haricot et bien d’autres : « Cette année, on nous a payé 1 000BIF par kg de café cerise. Or, actuellement, 1kg de maïs est en train d’être acheté par l’Etat à 1 700BIF. Une différence de 700BIF alors qu’on nous chante toujours que le café rapporte des devises au pays. Est-ce que les producteurs ont droit à ces devises ? »
Bien plus, elle signale qu’avec le maïs ou le haricot, on peut récolter plusieurs fois par an. « Ce qui n’est pas le cas pour le café », analyse-t-elle. Elle ajoute que le paillage est aussi cher et difficile à trouver. Une conséquence de la pression démographique selon cette cultivatrice de Kabuye, commune et province de Kayanza
Elle fait remarquer que dans le temps, on pouvait avoir gratuitement des herbes en abondance sur les collines. « Mais, actuellement, on doit les acheter et c’est cher. » Elle évoque aussi l’exiguïté des terres : « Tu trouves quelqu’un avec un verger avant d’avoir des enfants. Quand vient le temps à son garçon de fonder son foyer, il doit trouver un espace où installer sa maison. On est là obligé de déraciner les caféiers. »
Pour sa part, Emmanuella Niyibizi, la vingtaine, trouve que le désengagement de l’Etat dans ce secteur fait partie des causes du désintéressement de la population. « Ma mère m’a raconté que dans le temps, il y avait une journée dédiée au café. A cette occasion, on faisait l’entretien, le paillage et bien d’autres activités. Des campagnes de pulvérisation et de boutures étaient organisées et encadrées par des agents de l’Etat. Les récalcitrants étaient punis », raconte-t-elle.
Native de Kabuye, à Kayanza, cette mère de trois enfants signale que chaque jeune homme voulant fonder son foyer devait avoir au préalable un champ de caféiers. « Sinon, il ne pouvait pas se marier légalement » Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Elle affirme que son époux n’a aucun pied de caféier. Pour intéresser les caféiculteurs, cette jeune femme demande qu’on fixe au moins le prix d’1kg de café cerise à 3 000BIF.
Même son de cloche chez Athanase Busimbe, de la colline Kinzobe, à Kayanza. Il rappelle que dans le temps, le jour de paie, c’était comme une fête : « C’est à ce moment que les hommes achetaient de nouveaux pagnes pour leurs épouses ; que des enfants mangeaient du riz et de la viande à la maison. Mais, aujourd’hui, les caféiculteurs ne reçoivent que des miettes. Ce sont les commerçants qui profitent de nos efforts » Ce qui pousse les gens à accorder plus d’attention sur les cultures vivrières que sur le café. « On nous dit que le café rapporte au pays des dollars. Mais, moi, je n’ai jamais vu un billet en dollars. Après avoir partagé les dividendes, le gouvernement et les commerçants ne nous servent que des restes en francs burundais qui n’achètent presque rien au marché. » Et de donner cette comparaison : « Imaginez-vous, aujourd’hui, on nous donne 1 000BIF. Une bière de Primus est à 2 000BIF. Donc, il faut 2 kg de café cerise pour avoir une bouteille de Primus. Or, si on vend 1 kg de haricot, on peut avoir deux bouteilles de Primus.»
Il estime qu’il est grand temps que le prix du café soit revu à la hausse. « Sinon, la descente aux enfers de la filière se poursuivra. On va tout arracher pour cultiver ce qui nous rapporte plus d’argent, plus de bénéfice. Par ailleurs, on n’en consomme même pas », prévient-il.
Tout n’est pas encore perdu
A Ngozi, Théophile Nibizi, administrateur de la commune Gashikanwa rassure que dans la zone Ngoma, de sa commune, le café fascine la population de plus en plus. « Là, il y a une grande production de café. On n’a même pas besoin de faire des sensibilisations. Les gens y tirent beaucoup d’argent. Ils renouvellent de plus en plus les anciens vergers. »
Il précise qu’au niveau provincial, plus de 2 millions de nouveaux plants sont déjà plantés. « Dans notre commune, nous avions des pépinières. Nous avons été surpris positivement de voir les gens venir en grand nombre pour demander de nouveaux plants. Donc, il y a un nouvel engouement et nous espérons que d’ici à deux ou trois ans, il y aura une forte production. »
Il remercie en passant e gouvernement pour sa décision de reprendre en main la gestion de la filière café. Il adresse le même message au parti au pouvoir avant de demander aux autres partis politiques de faire de même. Car, dans le développement, il faut que tout le monde se sente impliqué. Et pour cause, avant d’être un membre d’un parti, on est citoyen burundais concerné justement par le développement
Cependant, il reconnaît qu’il reste beaucoup à faire dans le secteur. « Car, le relâchement est une réalité dans certains coins de notre commune. De notre côté, nous organisons des séances de sensibilisation pour inviter les gens à s’intéresser de nouveau à cette plante. » Il fait remarquer que la majorité des caféiers sont vieux puisqu’ils datent des années 40, 60. « Ce qui influe sans doute sur la production. Ainsi, nous les invitons à planter de nouveaux plants. »
Le café, une histoire tumultueuse
Au fur des années, le café burundais a connu des hauts et des bas
L’histoire du café burundais n’a pas été de tout repos. Introduit à la chicote par l’administration coloniale, il est tombé dans les mains de l’Etat après l’indépendance. Sous les exigences des partenaires techniques et financiers, surtout la Banque mondiale, la filière café est privatisée. Après moult échecs, l’Etat reprend la main.
Selon la littérature, le café a été introduit par les missionnaires au début des années 1920 et vulgarisé à vive allure au cours des décennies 1930-1950 par l’administration coloniale. La production de café qui était vouée à l’exportation a mobilisé tout le pays puisque chaque « indigène » adulte était, par la coercition, appelé à entretenir quelques dizaines de caféiers. La période de la campagne de récolte et de vente du café par les planteurs durant ces années correspondait à une période de véritable liesse populaire marquant l’implantation définitive de la culture du café dans les pratiques culturales de nombreux paysans burundais du nord et du centre du pays. Ainsi, en 1959, la production a atteint le pic de 27.279 tonnes de café vert.
Nous apprenons qu’entre la période de l’indépendance et 1976, la filière café était en grande partie privatisée. Les pouvoirs publics n’intervenaient que dans la subvention de la recherche et dans la vulgarisation, l’amélioration de la qualité par l’investissement dans les équipements de transformation post-récolte ainsi que dans la fixation et la stabilisation des prix au producteur. En 1976, les usines privées de café (Ceduca, Indurundi) ont été nationalisées et toutes les activités en amont de l’exportation ont été confiées à l’Ocibu, faisant ainsi de la filière un domaine totalement public. La Burundi Coffee Company (BCC) fut créée pour enfin prendre en charge l’exportation.
Des hauts et des bas
Durant les premières années de la 2e République, les cours internationaux du café étaient élevés, justifiant ainsi les investissements dans la filière.
Selon l’article « Le financement du développement au Burundi : la filière café » écrit par Prime Nyamoya, Charles Kazungu et Joseph Akilimali paru en 1986, les rendements par caféier variaient d’une région à une autre suivant les conditions écologiques plus ou moins favorables : de 150 à 200 g par pied dans les régions comme le Buyogoma et Buragane ; de 400 à 500 g par pied ailleurs (Kirimiro-Buyenzi). « Malgré l’exiguïté des terres, le programme de relance café entrepris à partir de 1977 a permis d’augmenter le nombre de caféiers de 60 millions en 1976 à 102 millions en 1982, le rythme annuel des plantations étant de 7 millions de caféiers par an. Ainsi, d’après le IVème Plan quinquennal, le nombre total de caféiers en âge de production était en 1982 de 81 millions. »
D’après les données macroéconomiques du ministère du Plan, écrit les auteurs, l’économie burundaise était dominée par le secteur agricole qui, en 1984, a contribué pour 60 % au PIB (aux coûts des facteurs), a procuré 85 % de l’ensemble des emplois et fourni environ 90 % des exportations de marchandises. « La mission spéciale de programmation et la Banque mondiale soulignent le fait que la croissance économique du pays est en rapport étroit avec l’évolution des recettes tirées du café. La stagnation de l’économie avant 1976, avec un taux de croissance du PIB de 0,7% en termes réels, correspond à une période où le prix du café à l’exportation était bas, quoique d’autres facteurs aient pu également joué. » Et d’ajouter : « Avec les années 1976 et 1977, la nette amélioration des cours du café donne au pays des moyens accrus qui permettent d’atteindre au cours du IIIe Plan quinquennal (1978-1982) un taux de croissance de 3,3 %. Ce taux était considéré comme satisfaisant et cette croissance était due surtout aux investissements publics dans le secteur moderne de l’économie. »
D’après les statistiques de la Banque centrale, les exportations de café se sont élevées à 63 % de la valeur des importations de produits (CAF) en 1979, à 37% en 1981 et aux environs de 50 % en 1984. « Le rôle du café s’amenuise. Cela est dû à l’augmentation sensible des importations destinées à servir les projets de développement. »
Le découragement
D’après nombre d’économistes, les principales causes de la crise de la production du café tant au niveau de la qualité que de la quantité proviennent des bas prix aux producteurs pratiqués traditionnellement au Burundi et l’affaiblissement de l’encadrement. Les producteurs burundais ont toujours reçu un prix très inférieur à celui de leurs homologues des pays voisins. A titre d’illustration, Oxfam explique que pour l’arabica, le planteur ougandais durant la décennie 1990 a reçu un prix de 76% plus élevé que le producteur burundais.
Au plan financier, bien que le café soit une source de devises précieuses pour l’Etat, avec la baisse des prix au niveau mondial observée pendant la période de 2000 à 2004 et la décote du café burundais ces dernières années, la filière café a accumulé des déficits importants aggravés par des charges opérationnelles croissantes. Ainsi, la dette intérieure de la filière au 28 février 2005 s’élevait à 26 656 365 000 BIF et la dette extérieure à 35 480 958 000 BIF. Le Fonds de stabilisation de la filière géré par l’Ocibu accusait le 28 février 2005 un déficit cumulé de 8 921 210 000 BIF. Néanmoins, à la fin de la campagne 2004-05, le fonds de stabilisation a pu générer un excédent de 9 milliards de BIF grâce à une bonne production et à la hausse des cours internationaux.
Une privatisation houleuse
L’Usine Sodeco de Songa en province Gitega est cédée à 95% à la société Budeca. Le prix de cette acquisition est de 2 millions de USD
Les réformes de la filière café ont débuté vers les années 1990. Elles ont été suspendues par la crise politique et la guerre qui ont éclatées à partir de 1993. Sous l’impulsion de la Banque mondiale, le gouvernement a décidé, en 2009, d’enclencher le processus de désengagement de l’Etat dans la filière. C’est le début d’une longue période houleuse.
Le gouvernement est bien obligé de se plier aux injonctions de la Banque mondiale et d’adopter une stratégie de réforme comprenant la privatisation de l’outil de production et de libéraliser la commercialisation du café. En juin 2009, fut créée une Autorité de régulation de la filière café au Burundi (Arfic), chargée de diffuser l’information technique et financière intéressant le secteur ainsi que de conseiller l’Etat dans sa politique de transformation et de commercialisation du produit. En décembre de la même année, fut créé l’Intercafé réunissant tous les acteurs : planteurs, usiniers et exportateurs. Il est, entre autres, chargé de participer à la définition des objectifs de la filière en rapport avec la politique sectorielle du gouvernement.
Malgré les protestations des caféiculteurs, le Groupe suisse Webcor se voit attribuer trois lots équivalant à treize stations de dépulpage et de lavage au prix d’un million de dollars. Cela a suscité un tollé car les caféiculteurs jugeaient le prix d’achat dérisoire alors que l’Union européenne avait injecté, en 2008, un montant de 19 millions d’euros pour la seule rénovation des 133 stations de lavage.
C’est le début d’un long conflit entre les associations des producteurs du café, les nouveaux investisseurs et l’Etat. Les producteurs réunis au sein de la CNAC qui se voient dépossédés de leur outil de transformation ont saisi la justice, mais en même temps, ils ont demandé aussi un dialogue avec le gouvernement. Le 20 janvier 2011, un atelier de concertation et d’échange sur cette privatisation a réuni tous les intervenants dans la filière avec comme thème, « Un consensus est possible ». Les structures gouvernementales qui étaient présentes à cet atelier sont le ministère à la Présidence chargé de la Bonne gouvernance et de la privatisation, l’Arfic, le comité des réformes de la filière café et le Scep.
A l’issu de cet atelier, des engagements ont été pris par les représentants du gouvernement notamment la révision participative de la stratégie de privatisation en cours avant le deuxième appel d’offre, en y intégrant les préoccupations des producteurs ainsi que l’évaluation objective de la première vente pour tirer les leçons appropriées.
L’un des objectifs principaux annoncés dans la stratégie de désengagement de l’Etat dans la filière café était l’amélioration du prix au producteur. Or, dans les provinces où Webcor a acquis des stations, la multinationale payait le café aux producteurs à un prix nettement inférieur à celui des usines contrôlées par les autres acteurs de la filière. Elle a en effet payé 350 BIF/kg de cerise contre 490 BIF/kg payés par les autres acteurs.
La Confédération nationale des associations des caféiculteurs du Burundi (Cnac Murima w’Isangi) a alors dénoncé cette pratique d’achat à bas prix et mis en garde le gouvernement sur le risque de révolte populaire pour réclamer le droit le plus élémentaire des producteurs.
Les caféiculteurs s’insurgent
Cette privatisation de la filière café est décriée dès le début par les associations des producteurs de café. Pour elles, la privatisation est un échec. Elle n’a rien apporté au caféiculteur. Elles affirment que la privatisation n’a produit que des résultats négatifs car les sociétés de déparchage réalisent des bénéfices au détriment des caféiculteurs qui ont vu les prix chuter.
Pour Léonidas Habonimana qui était commissaire général des Services chargés des entreprises publiques (Scep), la privatisation de la filière café est une réussite car l’Etat a toujours subventionné le secteur, mais la production et la qualité n’augmentaient pas proportionnellement aux fonds injectés. De plus, le désengagement de l’Etat a eu des effets positifs sur notamment les prix au producteur et l’encadrement du caféiculteur dans certaines régions comme Gitega.
« Nous ne sommes pas contre la privatisation de la filière café, nous ne sommes pas animés par l’égocentrisme, nous refusons d’entrer en mouvement comme des fictifs, des assistants. Nous plaidons pour une privatisation concertée », a indiqué Macaire Ntirandekura, assistant chargé du plaidoyer au sein de la Cnac lors d’une conférence de presse au White Stone.
« Malgré sa forte dépendance des bailleurs de fonds étrangers, le gouvernement ne doit pas abandonner ses responsabilités et son rôle. Un Etat souverain doit se prononcer sur les conditions liées à l’octroi d’un don. La situation actuelle empêche le gouvernement burundais de développer et de défendre sa propre politique. Il n’arrive pas par exemple à garantir un prix minimum pour les producteurs du café. » Pour cette confédération, le gouvernement suit aveuglement la stratégie de la Banque mondiale.
Dans la foulée, le gouvernement a annoncé l’intention de lancer un nouvel appel d’offres pour la vente des stations de lavage restantes sans aucune révision participative de la stratégie de privatisation selon es caféiculteurs. Le 6 mai 2011, la Confédération nationale des associations des caféiculteurs du Burundi, Inades-Formation Burundi et l’Appui au développement intégral et la Solidarité sur les collines (Adisco) ont animé une conférence de presse sur la privatisation de la filière café au Burundi sous le thème : « Les voies de dialogue n’aboutissent à rien parce que le gouvernement n’écoute pas les cris de son peuple ».
Ils ont alors décidé de changer de stratégie. Les producteurs de café se sont organisés pour vendre leur cerise au mieux offrant : c’est-à-dire les Sogestals et tous les autres privés sauf Webcor. Bien plus, beaucoup de coopératives de café se sont mises à construire leurs propres stations de lavage sans ou avec l’aide des bailleurs de fonds internationaux qui soutiennent les revendications des caféiculteurs. « Webcor et les investisseurs potentiels doivent comprendre que les producteurs de café ne se laisseront pas faire. »
Ces organisations ont alors demandé l’annulation du second appel d’offres pour la vente des stations aux multinationales extérieures tant que les acteurs concernés ne se seront pas concertés et prononcés sur la meilleure stratégie de privatisation à mettre en œuvre. La Banque mondiale est exhortée à revoir les conditions de soumission aux appels d’offres, « qui excluent de fait les caféiculteurs burundais non seulement du processus de décision mais aussi de l’acquisition de stations. »
Le 29 novembre 2011, la Cnac envoie une correspondance au président Pierre Nkurunziza où elle clarifie la position finale des caféiculteurs sur la privatisation de la filière café. « Depuis que le gouvernement du Burundi a adopté la stratégie de privatisation imposée par la Banque mondiale, nous n’avons pas cessé de dénoncer une stratégie ignominieuse qui va conduire à la destruction de la filière café ainsi que de l’économie paysanne et nationale. » D’après cette confédération, malgré plusieurs engagements pris par l’Etat burundais, l’avis des caféiculteurs n’a pas été entendu.
Comme le gouvernement venait de lancer un second appel d’offres, la Cnac fait part de ses préoccupations : « La première demande que nous adressons à l’Etat, c’est qu’il s’assure que les caféiculteurs, principaux garants de la survie de la filière, aient la garantie de bénéficier d’au moins 72% des recettes du café, comme vous l’avez proclamé en date du 1 mai 2007. » Pour les caféiculteurs, c’est un minimum équitable pour protéger les caféiculteurs des appétits insatiables des repreneurs.
La deuxième préoccupation a porté sur la propriété des infrastructures de transformation. « Les stations de lavage ont été construites grâce à un prêt de la Banque mondiale que nous avons remboursé via un prélèvement de 60FBu/kg de café pendant plus de dix ans. Ces usines nous reviennent donc de droit et ne devraient en aucun cas être bradées à vil prix (en une seule campagne de bonne récolte, l’investisseur récupère toute sa mise) à des multinationales étrangères sans une participation majoritaire (51% au minimum) des caféiculteurs au capital. »
En troisième lieu, poursuit la Cnac, nous voudrions être rassurés que les caféiculteurs continueront de recevoir les intrants et l’encadrement nécessaires pour améliorer la production et la qualité du café et être directement impliqués dans ces opérations.
La Cnac monte aux créneaux : « Malgré une évaluation négative de la première phase de la privatisation où les paysans de Ngozi et de Kayanza ont été victimes d’une escroquerie de la part du premier bénéficiaire de la privatisation et perdu jusqu’à 40% des revenus leur dus, malgré de graves tensions entre les paysans et le groupe Webcor qui s’en sont suivies, le gouvernement a décidé de poursuivre la même stratégie sans y apporter des changements notoires. »
Découragés, les caféiculteurs refusent de cautionner l’actuelle stratégie de privatisation « qui conduira inéluctablement à la destruction de la filière, à l’appauvrissement de 55% des Burundais et à la livraison en pâture des multinationales étrangères de la principale source de revenus chez les paysans et en devises du pays. »
Pour le représentant de la société Suisse Webcor, Olivier Wege, le problème était ailleurs. Il estime que les caféiculteurs commençaient à ressentir les effets de la réalité du marché. « Autrefois, l’Etat faisait tout pour que le prix octroyé au producteur reste stable. Les fluctuations des cours internationaux ne l’affectaient en rien. En cas de chute, le gouvernement subventionnait. »
Des experts onusiens alertent
« Le Burundi est en train de réformer la filière café d’une manière qui risque de déstabiliser les moyens de subsistance d’un grand nombre de petits producteurs », ont mis en garde, en 2012, le Rapporteur spécial auprès des Nations-unies pour le droit à l’alimentation, Olivier De Schutter, et l’Expert indépendant sur la dette extérieure et ses effets sur les droits de l’Homme, Cephas Lumina.
Ils estiment en effet que la privatisation de la filière encouragée par la Banque mondiale ne doit pas répéter les erreurs du passé.
« Les populations vulnérables ne doivent pas être prises en otage par les politiques du passé qui ont échoué ». Les deux experts se référaient aux politiques d’ajustement structurel qui encourageaient les pays en développement à privatiser les entreprises publiques, en particulier dans les années 1980 et 1990. « Des stations de lavage du café ont ensuite été vendues à des acteurs privés, entraînant des impacts potentiellement négatifs pour les revenus des producteurs, y compris en termes de volatilité. Il y a des signes inquiétants montrant que les intérêts des producteurs de café n’ont pas été pris en compte dans le processus de réforme malgré l’ouverture des organisations de caféiculteurs à une réforme de la filière qui leur permettrait de monter dans la chaîne de valeur. »
Pour De Schutter et Lumina, les Etats ne doivent pas confondre leurs priorités avec celles des entreprises. Et d’ajouter : « Des acteurs institutionnels comme la Banque mondiale doivent soutenir les Etats dans leurs tentatives de réformer les secteurs économiques importants mais selon des modalités qui n’exposent pas les paysans vulnérables aux aléas des marchés. » Ils ont alors appelé à la suspension du programme de privatisation jusqu’à la conclusion d’une étude d’impact complète de la réforme sur les droits humains.
Le gouvernement s’explique
En novembre 2012, le ministre des Finances d’alors, Tabu Abdallah Manirakiza, a répondu aux deux experts. Selon lui, l’Etat du Burundi a commandité, en 2008, une étude sur la stratégie de privatisation de la filière café. Cette dernière a montré que le secteur café connaît des difficultés financières et technologiques énormes.
Et de les énumérer : des déficits répétitifs des campagnes café de 1998 à 2004 totalisant plus de 17 milliards de BIF que l’Etat a supporté par les Bons et Obligations du Trésor pour garantir le prix au producteur malgré la chute des cours sur le marché international ; l’insuffisance des moyens financiers pour la maintenance de l’outil de production mis à la disposition de la filière café par l’Etat du Burundi ; le recours à la garantie de l’Etat pour le financement de la campagne café.
« Même s’il y a eu vente des stations de dépulpage et lavage du café, le café est resté propriété des caféiculteurs. La multiplicité des investisseurs privés dans le maillon de transformation primaire de café (maillon des dépulpeurs), les producteurs restent avec une multitude de choix de vente des cerises. Et le café cerise est vendu à celui qui offre le meilleur prix. »
Selon le ministre Manirakiza, la réforme dans la filière café a alors permis l’abandon du système de fixation du prix au producteur par l’Etat pour laisser la place au système de fixation du prix au producteur en fonction de l’évolution des cours mondiaux.
Quant à l’exclusion des fermiers et entrepreneurs locaux dans l’appel d’offres, le ministre des Finances a précisé que la stratégie a prévu également de considérer la part réservataire des producteurs de 25 % car « on ne peut pas ignorer la participation des caféiculteurs dans le processus de privatisation pour la pérennité du secteur café et assurer une cogestion des nouvelles entreprises. »
Il a aussi fait savoir qu’une étude d’évaluation de la première étape du processus de désengagement de l’Etat dans la filière a été menée en avril 2011. L’étude a montré les changements importants intervenus comme l’arrivée des acteurs internationaux dans le maillon primaire et l’émergence de nouveaux acteurs nationaux dans le maillon de transformation primaire et secondaire dans le cadre d’une filière café libéralisée et privatisée. « Le mouvement associatif des producteurs se consolide et se réorganise pour conquérir des parts de marchés et le contrôle de l’industrie et la redéfinition des rôles et des responsabilités dans la filière à travers la mise en place de l’Arfic et l’Intercafé. »
Au niveau de la phase de commercialisation du café, poursuit-il, on est passé d’un système de monopole étatique à un système de passation de contrats à évolution rapide. « La réforme permet désormais aux associations des producteurs et aux entreprises privées de vendre leurs cafés directement aux acheteurs étrangers, en définissant les modalités de leurs contrats et à des prix négociés librement. »
Selon le ministre Manirakiza, les allégations de la violation du droit de l’Homme dans le processus de privatisation de la filière café ne sont pas fondées. « Probablement qu’elles ont été préparées avec de fausses informations sachant que la stratégie de privatisation n’a pas été bien accueillie par certaines gens qui préféreraient le statut quo. »
Une cacophonie s’installe
Des problèmes s’accumulent. Des caféiculteurs ne sont pas payés. En 2016, trois Sogestals de Kayanza devaient une somme estimée à 1 063 000 000 de BIF aux caféiculteurs. « Depuis fin 2015 jusqu’aujourd’hui, il y a des caféiculteurs qui n’ont pas encore reçu leur argent pour la production de 2015 », s’est insurgé Joseph Ntirabampa, président de la Cnac Murima w’Isangi).
Serges Ndayiragije, ministre de la Bonne gouvernance et de la Privatisation de l’époque, a révélé qu’à un certain moment, les banques commerciales se sont retrouvées dans l’impossibilité d’accorder des crédits aux sociétés paraétatiques ou privées œuvrant dans le secteur du café alors que ces dernières avaient déjà pris des engagements envers les caféiculteurs.
La vie des caféiculteurs devient intenable. C’est la désolation totale. La situation est au bord de l’implosion. « Seuls les commerçants s’enrichissent tandis que nous, les producteurs, tirons le diable par la queue », s’exclame un producteur de Kayanza.
Frustrés, les caféiculteurs se désintéressent de cette culture. La production dégringole. « On s’attendait au moins à une production de 17 000 tonnes. Mais, c’est à peine qu’on aura la moitié », a souligné Joseph Ntirabampa. La confiance entre les caféiculteurs et les Sogestals s’étiole. La production est vendue frauduleusement au Rwanda voisin. « Des policiers sont toujours à nos trousses. Qu’on nous laisse chercher d’autres marchés, sinon nous remplacerons le café par d’autres cultures. » confie un habitant de Bandaga en commune Matongo de la province de Kayanza.
Le gouvernement se débat. Il accepte d’avaliser les commerçants auprès des banques commerciales afin qu’ils payent toutes les dettes dues aux caféiculteurs. C’est un ouf de soulagement.
La Banque mondiale vient à la rescousse à son tour. Il promet au gouvernement un don de 55 millions de dollars destinés à redynamiser la filière café. Les caféiculteurs s’en réjouissent. « Ce don sera utilisé exclusivement dans ce secteur café pour l’intérêt de la population », a promis Déo Guide Rurema, ministre de l’Agriculture et de l’Elevage. Selon lui, c’est un travail qui sera fait en synergie avec les associations, les coopératives des caféiculteurs, etc. Et il avertit que « tout détracteur ou saboteur sera sanctionné et mis à l’écart. »
Malgré toutes ces initiatives, les problèmes et les réclamations n’ont pas cessé pour autant.
La libéralisation, une erreur
Mélance Hakizimana : « La chute de la production du café est liée à la politique économique nationale. »
En 2008, le gouvernement du Burundi a décidé de libéraliser la filière café. Des usines ont été vendues aux privés, l’encadrement est laissé aux particuliers. De leur côté, les caféiculteurs se sentent abandonnés. Ils délaissent progressivement le café. Et la production va decrescendo.
« Le désengagement de l’Etat a été une erreur monumentale. Imaginez-vous un gouvernement qui décide de vendre ses propres usines aux étrangers ses propres usines. Par exemple, la Sodeco a été construite par les moyens de l’Etat, mais on l’a vendue à un étranger à un vil prix : 2 milliards de BIF seulement. C’est une honte », critique Mélance Hakizimana, caféiculteur de la colline Musama, zone Kabanga, commune Giheta province de Gitega. Il est responsable de la coopérative caféicole Mboneramiryango.
D’après lui, treize stations ont été vendues à Kayanza. Il précise que leur coût de construction variait entre 120 et 180 millions de BIF mais elles ont vendu à 40 ou 60 millions de BIF. Il qualifie cela de haute trahison à l’économie nationale. Il fait savoir qu’en vendant les usines, cela implique aussi les plantations de la population.
Propriétaire de plus de 12 mille caféiers, M. Hakizimana demande à l’Etat de vérifier si ces usines ont été vendues dans la légalité. « Qui sont ces acheteurs ? Y-a-t-il des Burundais parmi eux ? Tous sont des étrangers. A cette époque, nous avons alerté et notre voix n’a pas été entendue. Et voilà, le résultat de ce désengagement. Le fiasco. »
Ce qui est surprenant, poursuit-il, les acheteurs de ces treize usines ont déjà reçu des titres de propriété. « Or, les nationaux qui ont acheté une seule usine de déparchage n’ont pas encore reçu ce document jusqu’aujourd’hui », dénonce-t-il. Il confie que la question a été soumise au président de la République : « Nous attendons sa réponse. »
Pour sa part, Serges Havyarimana, d’Intercafé Burundi trouve que la libéralisation n’était pas en soi mauvaise. « Pour moi, il a été bénéfique. Des investisseurs privés ont pu entrer dans ce secteur. Certaines mauvaises pratiques ont pris fin. Les caféiculteurs étaient quelques fois maltraités par les chefs d’usines. Il y a eu aussi création d’emplois, naissance des usines certifiés, etc. »
Avec la libéralisation, il signale que même si les gens se lamentent comme quoi ils sont mal payés, il y a au moins de la transparence. « L’Etat a continué à jouer le rôle de régulateur », ajoute-t-il.
Il souligne néanmoins que cette libéralisation a été mal effectuée. A ceux qui disent qu’elle a été à la base de la chute de la production, M. Havyarimana n’est pas d’accord : « La chute de la production du café est liée à la politique économique nationale. »
Il estime que cette baisse de la production est consécutive à la crise qu’a connue le Burundi depuis 1993, la pression démographique entraînant l’exiguïté des terres, l’infertilité des terres et le relâchement dans l’encadrement. « Avant, il y avait un agronome pour le café. Il faisait un suivi régulier des caféiers, des caféiculteurs. Avoir une plantation de café était obligatoire. »
D’après lui, des privés ont beaucoup investi dans la transformation sans toutefois mettre des moyens dans la production. « Les usines sont devenues plus nombreuses que les champs. Plus de 300 usines. Or, pour qu’une usine ait un bénéfice, elle doit avoir au moins 150 tonnes par an quand on comptabilise le coût de production. »
Selon le président de l'Olucome, Gabriel Rufyiri, la privatisation du secteur du café a mis en avant les intérêts de quelques individus au détriment des caféiculteurs. « La production du café a tellement chuté à hauteur de 75 %. C'est anormal, inacceptable voire inconcevable. Ce secteur a été presque abandonné au profit de quelques individus véreux, malheureusement au vu et au su de tout le monde. Si on analyse l'état actuel de l'économie burundaise, on ne peut pas espérer grand-chose si on ne change pas de cap. »
D’après Gabriel Rufyiri, la privatisation a été menée d'une manière catastrophique. « C'est ce qu'on observe dans plusieurs secteurs dont la filière café. Imaginez un secteur qui représentait 80 % des exportations, mais actuellement ce secteur a chuté à 25%. C’est même honteux. »
D’après Faustin Ndikumana, directeur exécutif de Parcem, nul n'ignore que le café a joué et continue à jouer un rôle fondamental dans la collecte des recettes en devises. « Depuis longtemps, les recettes provenant du café étaient à 85 % voire 90%. Mais si on analyse ce secteur actuellement, la production du café va decrescendo. Dans les années 80, on a eu une production record de plus de 40 mille tonnes mais actuellement la production évolue en dents de scie et on arrive parfois à une production d'en dessous de 10 mille tonnes. C'est horrible. »
Selon lui, la privatisation a eu lieu, mais le gouvernement n'a pas continué à jouer le rôle qui est le sien, à savoir la régulation afin de booster la production du café. Par exemple, le remplacement des vieilles plantations car une partie d'entre elles date de l'époque coloniale. « La production par hectare a continué à dégringoler. Le gouvernement n'a pas continué à disponibiliser des intrants adaptés à la production du café, des produits phytosanitaires adaptés, un encadrement agricole digne de ce nom pour appuyer les planteurs, le manque de maîtrise de la pression démographique qui a grignoté sur les terres surtout dans provinces du Nord où on a commencé à remplacer les plantations de café par des cultures vivrières. Il y a eu aussi un manque de rigueur dans le suivi de la part de l'administration. » Il indique qu’au niveau des coûts, on constate que le prix qui a toujours été appliqué aux caféiculteurs a été moins motivant.
Au niveau des exportations, poursuit-il, les exportations du café ont toujours eu le problème lié à ce différentiel de change. « Cela a toujours découragé les exportateurs car le rapatriement des recettes du café devrait être assuré par la Banque centrale. Cette dernière appliquait le coût officiel et cela occasionnait un manque à gagner qui donne du tournis. C'est un problème surtout pour un produit stratégique. »
Ndikumana fait observer que l'Odeca a voulu remplacer tous les privés qui intervenaient dans ce secteur mais actuellement il est en même temps régulateur et acheteur. « Il y a un conflit d'intérêt au niveau de la pratique et la performance n'est pas là. Depuis l'intervention de l'Odeca, il n'y a pas eu d'amélioration. Dernièrement, le président de la République s'est lamenté comme quoi il y a eu une production qui a été invendue. Qu'il y a eu une mauvaise commercialisation des exportations de ce produit alors que c'est l'Odeca qui en assurait la gestion. » Faustin Ndikumana, trouve que l'Odeca n'est pas venu pour corriger les problèmes qui ont emmaillé la gestion de la filière café.
Le gouvernement avoue son échec
Déo-Guide Rurema : « Ainsi, les résultats de la politique de désengagement de l’Etat dans la filière café ont été décevants pour l’économie burundaise car la productivité et la qualité du café ont continué à diminuer. »
En 2019, la privatisation est abandonnée. Vive le réengagement de l’Etat. Non-paiement des caféiculteurs, non-rapatriement des devises, des structures de régulation mal règlementées sont entre autres les raisons de la déprivatisation.
Au cours d’une réunion en commune Mukike de la province de Bujumbura, en novembre 2018 avec tous les intervenants dans la filière café ainsi que le ministre de l’Agriculture, celui des Finances, celui ayant en charge la Bonne gouvernance, celui du Commerce, les représentants des banques dont celui de la BRB, feu président Pierre Nkurunziza donna un délai de trois mois pour avoir restauré l’ordre dans le secteur du café. Et cela après que le Conseil national de sécurité ait demandé que le secteur de café soit régulé. L’objectif de la réunion était d’analyser l’étape franchie depuis que l’Etat a privatisé le secteur café et des mesures à prendre pour rentabiliser le secteur afin qu’il génère plus de devises comme avant et que le café burundais recouvre sa saveur d’antan.
Le 1er octobre 2019, une Stratégie de redressement, de redynamisation et de pérennisation de la Filière café est présentée au Conseil des ministres. Selon le ministre de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage de l’époque, Déo-Guide Rurema, les rapports d’évaluation de cette politique de désengagement de l’Etat ont montré des manquements : la conception de cette politique n’a pas tenu compte du rôle primordial de l’Etat ; le cadre légal sur lequel repose la privatisation de la filière café est régi par plusieurs textes non clairs et souvent contradictoires ; le cadre institutionnel de libéralisation-privatisation est instable voire non fonctionnel ; le dispositif institutionnel et de régulation ne travaille pas selon les principes énoncés dans la politique de désengagement de l’Etat dans la filière café.
« Ainsi, les résultats de la politique de désengagement de l’Etat dans la filière café ont été décevants pour l’économie burundaise car la productivité et la qualité du café ont continué à diminuer. Face à cette situation, l’Etat se trouve dans l’obligation de se réengager dans la filière pour intervenir, coordonner et faire le suivi de tous les maillons de la filière café. » La stratégie est adoptée par le Conseil des ministres.
Lors d’une conférence de presse, le 15 octobre 2019, le ministre Rurema indique qu’en se basant sur le rapport d’évaluation de la Banque mondiale, ils ont relevé plusieurs défis dans le secteur du café, depuis sa privatisation. « Le retard de paiement des caféiculteurs est le principal motif » Selon lui, les caféiculteurs pouvaient passer près d’un an sans être payés. Il évoque une dette de plus de 2 milliards de BIF en 2016. Il ajoute que la création des structures de régulation de la filière café (Arfic, Intercafé, etc.) n’a pas été analysée profondément surtout au niveau de la règlementation. « Ces organes n’ont réellement aucun pouvoir de contrôle de ce secteur. »
Un autre problème est le non-rapatriement des devises qui découlent de l’importation du café. Selon lui, la valeur du café déjà exporté était de plus de 6 millions USD mais le montant rapatrié tournait autour de 1 million de dollars USD.
Déo Guide Rurema a jugé inexplicable que le ministère de l’Agriculture n’ait aucun pouvoir de contrôle et ne joue aucun rôle dans l’encadrement des caféiculteurs. « Or, quand les cultivateurs ont des problèmes, ils viennent se plaindre au ministère. Alors que les organes de régulation existent. »
Une Convention qui n’a pas duré
Le 20 juin 2018, le gouvernement et les caféiculteurs représentés par la Confédération nationale des associations des caféiculteurs du Burundi ont été liés par une convention. Malheureusement, une source au sein de la Cnac indique que cette convention a été rompue.
Elle s’inscrivait dans le cadre de l’encadrement caféicole dans le but d’augmenter la production du café tant en quantité qu’en qualité par la maîtrise des bonnes pratiques caféicoles.
De 2018-2023, les résultats attendus avec cette convention étaient de toucher 300 mille bénéficiaires des activités du PACSC ; assurer le recépage de 18 750 000 vieux caféiers ; assurer le remplacement de 16 500 000 vieux caféiers et doubler la production du café, passant d’une moyenne de 0.8 kg à 1.6 kg par pied.
A travers la convention, des modalités de collaboration entre cette confédération et le ministère de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage représenté par la Direction générale de la mobilisation pour l’auto-développement et la vulgarisation agricole (DGMAVA), des obligations des parties prenantes sont spécifiées.
De durée indéterminée, ladite convention est sujette aux évaluations périodiques entre les parties prenantes. Le but est d’améliorer davantage la bonne collaboration.
En ce qui est de la collaboration technique, la convention met un accent sur l’identification des bénéficiaires des activités du projet d’appui à la compétitivité du secteur café (PACSC) ; la mobilisation des caféiculteurs sur la fertilisation minérale des caféiers ; l’organisation de la conduite des pépinières de production des plants de café ainsi que la coordination des activités d’encadrement caféicole.
Les deux (Cnac et DGMAVA) se sont engagées à collaborer pour mener certaines tâches telles que l’implication effective du personnel d’encadrement pour sensibiliser des caféiculteurs à travers des spots publicitaires et des communiqués lancés au niveau des églises et des lieux de rassemblement ; encourager la promotion des échanges d’expérience entre les producteurs ; stimuler les dépulpeurs à faciliter l’accès des producteurs aux engrais ; le suivi de proximité et conjoint des pépinières de production des plants de caféier pour s’assurer de leur bon entretien ; etc.
Pour ce qui est de la coordination, notre source indique que les tâches sont, entre autres : élaboration conjointe du programme de travail et du budget annuel ; mise en place des structures collinaires, communales, provinciales et nationales. Cette convention nuance qu’ici, c’est le représentant des caféiculteurs qui prend les devants pour rappeler aux autres partenaires le calendrier des activités.
Tout nouveau partenaire qui voudra prester dans la caféiculture devrait s’adresser à la Cnac. A son tour, elle doit collaborer avec la DGMAVA pour orienter ce nouveau-venu. » Intercafé devait en être également informé.
En ce qui est de la gestion fiduciaire, la Convention stipulait que la planification devait se faire de façon conjointe pour chaque activité. Les deux parties veillent à ce que les participants dans une même activité soient traités de la même façon. Chaque partie participe au financement de l’activité concernée en fonction des ressources humaines, matérielles et financières disponibles.
Selon cette convention, la gestion financière devait se conformer au manuel des procédures administratives et financières du PACSC et au manuel simplifié spécifique à la Cnac.
Cette convention précise en outre que la Cnac et les Directions provinciales de l’agriculture et de l’élevage (DPAE) devaient avoir simultanément les mêmes informations sur le café.
Et pour une bonne communication, des échanges d’informations sont recommandés entre le moniteur agricole, l’agronome de zone, l’agronome communal et le moniteur caféicole. A leur tour, la Cnac et les DPAE devaient vérifier conjointement la fiabilité des rapports reçus avant de les transmettre à qui de droit avec copie aux autres acteurs.
En cas de différend, ladite convention recommandait que « tout litige fera objet d’un règlement à l’amiable ».
Au cas où un compromis ne serait pas possible, ‘’ les parties devaient se référer à l’Unité Nationale de coordination du PACSC’’. Et si le litige persiste, les deux parties feront recours au ministère ayant l’agriculture dans ses attributions. ‘’En cas d’échec, la partie lésée avait droit de s’adresser aux juridictions compétentes nationales.
Quid de PACSC ?
En vue de relancer le développement du secteur café, conformément au Cadre stratégique de croissance économique et de lutte contre la pauvreté, 2e génération (CSLP II), avec l’appui de la Banque mondiale à travers Ida, le gouvernement a mis en place, en 2016, un projet d’appui à la compétitivité du secteur café (PACSC). Avec un montant de 72.250.000 $, ses activités ont commencé sur terrain mars 2017. La participation d’Intercafé et des bénéficiaires directs étant de 17 250 000 $. Le projet appuie les caféiculteurs dans les activités de rajeunissement des caféiers à travers le renouvellement des vieux caféiers, le recépage des caféiers en baisse de production ainsi que dans la fertilisation.
Quid du réengagement de l’Etat ?
En janvier 2020, l’Agence de régulation de la filière café (Arfic) cède la place à Office pour le développement du café au Burundi (Odeca). D’autres organisations sont aussi radiées en vue de redynamiser et de pérenniser le secteur café. Dans la foulée, le ministère en charge de l’agriculture accuse la Sodeco et les Sociétés de gestion des stations de lavage (Sogestals) de ne pas payer les caféiculteurs. D’après lui, ces sociétés n’ont pas contribué à l’augmentation quantitative et qualitative du café.
Malgré le réengagement de l’Etat, les revendications des caféiculteurs ont continué. Des prix bas, un manque d’encadrement, manque d’intrants comme les fertilisants, … Entretemps, la production a continué de chuter. Pour la campagne 2021-2022, elle est de moins de 7 mille tonnes. Dieudonné Ngowembona, ancien ministre des Finances et aujourd’hui directeur de production, commercialisation et marketing à la Société d’usinage et de commercialisation du café de Mumirwa (Succam) explique cette dégringolade de la production par des causes exogènes et endogènes.
Exogènes parce que les cours mondiaux sont très volatiles au niveau de la Bourse alors que le café burundais est tributaire de la Bourse de New York. « Cela fait que les faibles recettes reçues par les producteurs, menacent implicitement leur motivation. Ainsi, ils ne s’adonnent pas pleinement à cette culture. » Les changements climatiques sont aussi un des facteurs perturbant la production du café. Les précipitations sont souvent inférieures à 1200mm par an ce qui est la limite inférieure en dessous de laquelle le caféier est soumis à un déficit hydrique.
Endogènes car il existe une faible application de la fertilisation minérale dans les caféiers. L’objectif de maintenir les caféiers à l’état jeune n’est pas atteint dans beaucoup de cas, suite au manque d’une politique soutenue de la taille de régénération et la vieillesse des vergers.
La pression démographique sur la terre est aussi un grand facteur qui fait que les vergers sont en train d’être envahis par des constructions des ménages, mais aussi par des cultures de subsistance pour la survie des ménages, etc.
Des lamentations fusent de partout. Le prix reste problématique. Les caféiculteurs trouvent que le café n’est pas bien payé. « Comparativement aux autres cultures même vivrières, le prix d’un kg de café reste dérisoire. » Découragés, ils préfèrent les arracher pour y mettre du haricot, la pomme de terre, du maïs, etc. Au moins là, ils savent qu’ils vont récolter deux ou trois fois par an. La Cnac évoque le faible encadrement des caféiculteurs et l’insuffisance ou la rareté du fumier et des produits phytosanitaires. « Seul le gouvernement ne peut pas encadrer tous les caféiculteurs ».
Pour redynamiser cette culture, cette confédération estime qu’il est important de redonner la parole aux caféiculteurs. « Sinon, la production va continuer à chuter », prévient-il.
Pour la campagne 2022-2023, Déo-Guide Rurema a annoncé que le prix au producteur sera d’au moins 800BIF/kg pour le café cerise A et au moins 400 BIF /kg pour le café cerise B.
Dans la foulée, il a indiqué que pour la campagne 2021-2022, la quantité totale du café vert produit était de 6 490 662 tonnes. Et la quantité totale exportée jusqu’au 15 mars 2022 était de 6 216,648 tonnes pour une valeur de 26 025 454 dollars américains.
Le prix reste insuffisant pour la Cnac. « Suite à la hausse exponentielle des prix de plusieurs produits, le coût d’investissement pour le caféiculteur a énormément augmenté. Cela devrait être pris en considération », a réagi le secrétaire exécutif de la Cnac, Bernard Ntabiriho. Le Conseil des ministres s’est réuni avant qu’une réunion prévue entre l’Office pour le développement du café (Odeco) et les opérateurs dans ce secteur ne se tienne pour échanger sur les prix : « Nous n’avons pas été finalement consultés avant la fixation de ce prix ». Les caféiculteurs demandent que le prix par kg de café cerise soit fixé à 2 000 BIF par kg lors de la suivante campagne.
Du coup, les caféiculteurs préfèrent le vendre clandestinement. Le 25 mai 2022, 27 tonnes de café parche frauduleux ont été saisies dans sept ménages sur la colline Kigume de la zone Ngoro dans la commune Gatara en province de Kayanza lors d’une fouille. Quelques jours après, une autre quantité de 950 kg de café a été confisquée. Toute cette quantité a été remise à l’Odeco. La plupart des cas de fraude et de saisie de café ont été signalés à Gatara, Gahombo, Butanganzwa, Rango, Muhanga et Kabarore. Des localités proches de la frontière rwandaise.
Dans un procès de flagrance, 7 personnes ont été condamnées à 5 ans de prison et à une amende de 1 million de BIF chacune, pour « atteinte au bon fonctionnement de l’économie nationale », prévu dans le code pénal dans son article 430.
Les caféiculteurs démotivés, les prix encore bas et le retard dans le paiement des caféiculteurs seraient les principales raisons de cette vente illégale de café. Jean Pierre Ntahomenyereye, président de la Cnac abonde dans le même sens. « Sans doute que si le prix du café payé aux caféiculteurs était satisfaisant, les ventes illégales cesseront ». Il explique que les pays voisins où transite le café burundais fraudé proposent des prix est très élevé. Par exemple au Rwanda, le prix du café vert est de 9 000 BIF par kg alors que le caféiculteur burundais ne reçoit que 4 000 BIF par kg.
Lors du Conseil des ministres du 15 mars 2023, le ministre de l’Agriculture a présenté une note proposant la fixation du prix de café cerise à 1 200 BIF par kg de café cerise pour la campagne 2023-2024. Selon le communiqué du Conseil des ministres, ce prix a été calculé en tenant compte des paramètres clés notamment la production du café par qualité, le niveau des cours de café à New York dans les conditions normales de la production mondiale, les coûts de production de différents maillons de la filière-café, les frais de développement de la filière café, la taxe communale ainsi que le taux de change du dollar américain par rapport au BIF.
Toutefois, le Conseil des ministres a proposé de : revoir les coûts dans toute la chaîne depuis le producteur jusqu’à la vente du café et fixer un prix au producteur plus rémunérateur, revoir le cadre légal qui régit l’Odeca car celui-ci ne devrait pas être en même temps régulateur et acheteur du café, effectuer un audit à l’Odeca et suivre de près le dossier des opérateurs qui ont exporté le café et qui n’ont pas rapatrié les devises.
Que faire ?
Serges Havyarimana : C’est très important d’en avoir après un dialogue entre tous les acteurs concernés. »
Différents acteurs dans la filière café accueillent à bras ouvert le réengagement de l’Etat dans la filière café. Ils estiment que le dialogue public- privé (DPP) doit être mis en avant pour arrêter une Stratégie nationale café.
« Aujourd’hui, le Burundi a une vision 2040-2060. Mais, dans le secteur café, il n’y a pas encore une stratégie nationale qui montre comment cette filière sera d’ici à 2040 et 2060. C’est très important d’en avoir après un dialogue entre tous les acteurs concernés », plaide Serges Havyarimana, président du comité exécutif de l’Intercafé Burundi.
Il estime qu’il faut créer un cadre de dialogue permanent public-privé (DPP) pour permettre une concertation au sein de la filière. Il plaide aussi pour la mise en place d’un document montrant le rôle important et incontournable du secteur privé dans le développement de la filière et définir la responsabilité de la plateforme interprofessionnelle regroupant les acteurs privés du secteur café.
Il trouve qu’il faut aussi permettre une bonne cohabitation et la création des synergies entre les sociétés publiques qui gèrent l’outil industriel de l’Etat, les sociétés privées et coopératives par la mise en place d’un système de régulation.
Il trouve enfin que l’Etat devait normalement s’occuper seulement de l’encadrement et de la régulation. « Aujourd’hui, il a deux casquettes : régulateur et opérateur. Ce qui fait que certains services publics ne fonctionnent pas convenablement. »
Ici, il donne l’exemple d’un cadre de l’Odeco qui peut se trouver aujourd’hui en train de gérer un service chargé de l’octroi des documents et le suivi du fonctionnement d’une usine sur le terrain.
En ce qui est de la commercialisation, il signale qu’elle se fait de différentes manières. On peut procéder par la vente aux enchères, avoir des clients permanents (les consommateurs directs) et des clients fidèles.
Néanmoins, il déplore qu’il n’y ait pas encore un plan de marketing pour le café du Burundi. « C’est frustrant d’entendre qu’au Burundi, nous sommes à une moyenne de 4,2 dollars alors que les autres sont à 7 ou 8 dollars. »
Dans les différentes ambassades du Burundi, il devait y avoir une personne chargée de faire le marketing du café du Burundi. « Bref, il faut mettre en place une politique de certification visible du café d’origine burundaise pour le rendre plus compétitif sur le marché international. »
Normalement, commente-t-il, la vente aux enchères n’est pas appropriée pour le café du Burundi. « Au Burundi, on ne vend pas la quantité mais la qualité. »
Lors de la vente aux enchères, beaucoup de magouilles peuvent se faire. Et les acheteurs ne sont pas aussi dupes : « On peut se retrouver avec cinq acheteurs alors qu’en réalité, il s’agit d’un seul acheteur. » Une décentralisation des services de l’Odeca dans les provinces s’avère aussi important.
La filière devait être aussi digitalisée : « Avec la digitalisation, on a des statistiques fiables. On peut prévoir la production selon les différentes catégories de café. Nous pouvons aussi avoir le nombre de tous les producteurs, des caféiers. »
Avec cette technique, on pourra éviter des fraudes, des chiffres biaisés fournis quelques fois par les chefs d’usine. A titre d’exemple, il signale que des fiches d’une usine telle ou telle autre peut indiquer qu’on a eu une production de 10 tonnes alors qu’elle n’a que 200 caféiers.
Une façon aussi d’éviter des pertes. Car, justifie-t-il, les caféiculteurs seront connectés avec les institutions bancaires ou les Microfinances : « Ce qui leur permettra de demander une avance auprès d’elles en hypothéquant leurs caféiers. »
De cette façon, il estime que les caféiculteurs pourront échapper aux spéculateurs qui leur donnent peu d’argent (umurwazo) pour venir récolter leurs cafés murs.
Il souligne que la digitalisation pourra mettre fin à la longue procédure pour avoir des documents nécessaires pour la commercialisation du café : « Nous proposons qu’il y ait un guichet unique pour avoir les documents de commercialisation du café. »
Afin d’intéresser les producteurs, M. Havyarimana trouve qu’il est important de motiver la rémunération du caféiculteur par la réduction des différentes taxes sur le café cerise et sur le café marchand. « Il faut aussi inciter le système bancaire à financer le secteur café et créer un cadre d’analyse du risque », ajoute-t-il. Il appelle l’Odeca à soutenir d’une manière visible le travail de recherche sur le café ainsi que le laboratoire national de cet office.
De son côté, Mélance Hakizimana propose qu’il y ait une loi qui protège le café. « Est-ce normal qu’on déracine le café et qu’on ne soit pas puni ? Les députés devaient voter cette loi et établir des sanctions y relatives », plaide-t-il. Comme avant la libéralisation, il trouve important qu’il y ait des encadreurs spécifiques au café sur chaque colline de recensement. La hausse du prix d’1kg de café cerise est aussi sollicitée. « Aujourd’hui, le prix d’1kg de maïs est à 1 700BIF alors que le café est à 1 000 BIF. Comment voulez-vous qu’un agriculteur s’intéresse au café dans ces conditions ? Il va sans doute porter plus d’attention aux cultures vivrières qui lui apportent beaucoup d’argent par an.»
Pour faire face à l’exiguïté des terres, il propose de développer le café sous ombre et des vergers avec des cultures intercalaires.
De son côté, M. Rufyiri propose qu’il y ait des Etats généraux du secteur café avec des experts internationaux pour voir comment booster cette culture et surtout les exportations. « Il faut que le gouvernement investisse dans cette filière comme porteur de croissance. C’est possible mais il faut y mettre des moyens tant financiers, matériels et humains. Il faut également intéresser tous ceux qui veulent investir dans ce domaine. »
Afin de redonner du souffle à ce secteur, Faustin Ndikumana trouve que la première décision est de revoir le rôle des acteurs à savoir l’Etat et les privés. Ensuite, voir comment assainir le climat macro-économique, comment intéresser le paysan cultivateur pour que justement son café lui procure des recettes. Pour lui, le gouvernement pourrait disponibiliser les intrants et booster la recherche. « S’il y a de l’amalgame et que l’Etat veut tout orchestrer avec tout ce qu’il y a de mauvaise gestion du secteur public, on n’aura pas de résultats efficaces. »
Contacté, le DG de l’Odeca nous a renvoyé chez son directeur agronomique. A son tour, il nous a répondu qu’il n’est pas disponible mais qu’il pourra s’exprimer ultérieurement.
Le problème réside au niveau de la production , c’est ce travail pénible qu’on veut imposer au paysan, cet entretien des plantations lesquelles rapportent peu voire même rien pendant quelques saisons !! Le paysan est rationnel c’est à lui de prendre des décisions
Mais quel raisonnement font nos dirigeants?
Incapable copier ce que fait le Rwanda, Uganda et Tanzanie.
Triste.
Les valeureux paysAns burundais abandonneront la culture du caféier
Cher Professeur
La personne qui écrit l’article compare les choses comparables: le kg de café cerise récolté au champ au kg de haricot ou de maïs.
Le paysan n’a pas à considérer le prix de café vert torréfié exporté.
Le paysan abandonnera le café, si pour lui il est plus rentable de cultiver le haricot ou le maïs
La culture du café est condamnée a disparaitre.
Les calculs sont tetus.
Pour l amour du ciel, pourquoi un homme raisonnable , pourquoi cultiver le cafe dont le prix par kilo est 100 fbu alors que le prix du haricot est a 2400 fbu et le mais a 1 800 fbu
attention quand vous comparer un kg de haricot prêt à être consommé avec un kg de café cerise qui donnera après dépulpage et déparchage seulement 164 g de café vert qui est exporté. Il convient de multiplier par 6 le prix d’un kg de cerise pour avoir l’équivalent en café vert exporté ou torréfié localement. La presse devrait communiquer correctement pour participer à déblâmer le café. BRAVO à L’ODECA Pour le prix de la campagne passée qui est quand même historique
Avec le prix des deux dernières campagnes, les fermiers sont motivés en témoignent l’engouement pour les plants. Nous vendons moins que les voisins, nous taxons plus qu’eux alors et on leur donne assez de marge pour prendre notre récolte. Espérons que la campagne qui démarre de bonnes décisions soient prises surtout en rapport la double qualité d’opérateur et régulateur de l’ODECA
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Le problème réside au niveau de la production , c’est ce travail pénible qu’on veut imposer au paysan, cet entretien des plantations lesquelles rapportent peu voire même rien pendant quelques saisons !! Le paysan est rationnel c’est à lui de prendre des décisions
Mais quel raisonnement font nos dirigeants?
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Triste.
Les valeureux paysAns burundais abandonneront la culture du caféier
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La personne qui écrit l’article compare les choses comparables: le kg de café cerise récolté au champ au kg de haricot ou de maïs.
Le paysan n’a pas à considérer le prix de café vert torréfié exporté.
Le paysan abandonnera le café, si pour lui il est plus rentable de cultiver le haricot ou le maïs
La culture du café est condamnée a disparaitre.
Les calculs sont tetus.
Pour l amour du ciel, pourquoi un homme raisonnable , pourquoi cultiver le cafe dont le prix par kilo est 100 fbu alors que le prix du haricot est a 2400 fbu et le mais a 1 800 fbu
attention quand vous comparer un kg de haricot prêt à être consommé avec un kg de café cerise qui donnera après dépulpage et déparchage seulement 164 g de café vert qui est exporté. Il convient de multiplier par 6 le prix d’un kg de cerise pour avoir l’équivalent en café vert exporté ou torréfié localement. La presse devrait communiquer correctement pour participer à déblâmer le café. BRAVO à L’ODECA Pour le prix de la campagne passée qui est quand même historique
Avec le prix des deux dernières campagnes, les fermiers sont motivés en témoignent l’engouement pour les plants. Nous vendons moins que les voisins, nous taxons plus qu’eux alors et on leur donne assez de marge pour prendre notre récolte. Espérons que la campagne qui démarre de bonnes décisions soient prises surtout en rapport la double qualité d’opérateur et régulateur de l’ODECA