Les conséquences de l’incendie du plus marché du Burundi commencent à se manifester à l’intérieur du pays. Ce lundi matin 28 janvier à Gitega, les bus faisant le trajet Gitega-Bujumbura manquaient de passagers : la majorité d’eux étaient des commerçants qui vendaient ou s’approvisionnaient dans la capitale.
<doc6901|right>Il est 8h du matin, à l’arrêt-bus Gitega-Bujumbura. Les chauffeurs peinent à trouver un parking pour garer leurs véhicules de transport : ici des dizaines de voitures appelées communément {Kagongo}, là des mini-bus portières ouvertes, tous attendant des passagers qui ne veulent pas venir. qui ne viennent pas. Les rabatteurs eux, hèlent toute personne qui porte une sacoche ou un sac, dans l’espoir qu’elle se rend à Bujumbura.
Car ils sont rares, ce matin, ceux qui partent pour la capitale : "Depuis 5 heures du matin, deux bus seulement sont déjà partis. Et encore, ils étaient à moitié vides … Le premier d’ailleurs déposait trois de ses cinq passagers à Bugarama. Cela fait peur ", indique Musoda, un des plus anciens rabatteurs au parking Gitega-Bujumbura.
Pour les rabatteurs et les chauffeurs, les lundis étaient des jours bénis : les commerçants descendaient en nombre pour acheter ou vendre leurs produits à Bujumbura : "Avant même 7h, certains étaient déjà arrivés à Bujumbura. Cela me rappelle les années 1993 où personne ne voulait emprunter la route Gitega-Bujumbura" soupire Salum, présent dès 5h du matin, et qui jette de temps en temps un coup d’oeil vers son mini-bus de 18 places vide.
Pour tuer le temps, lui et ses collègues écoutent de la musique en discutant sur les [événements d’hier->http://www.iwacu-burundi.org/spip.php?article4688]. Tandis que certains conducteurs patientent sur le parking, les autres s’apprêtent à reconduire leurs véhicules à la maison : "Sur la liste, je suis le cinquième à charger et il est déjà 9h. Même si je parvenais à descendre à Bujumbura, je rentrerai à Gitega avec un taxi vide" indique Jérémie.
Parmi ceux qui sont découragés face au voyage, Kazungu, vendeur de volailles : "Tous les lundis et jeudis, je descendais au marché central avec entre 100 et 150 volailles. Aujourd’hui, je vais passer la soirée à la maison en train de contempler mes 120 poules et coqs", se plaint-il. Or, "le temps de trouver d’autres clients, j’aurais déjà perdu mon capital : je dois les nourrir et les soigner à chaque instant, probablement que la moitié de mes volailles sera déjà morte."
A part des vendeurs qui ont perdu brusquement leurs clients, même les marchands qui s’approvisionnaient à Bujumbura n’ont pas jugé bon de prendre le bus : "Nous savons trop bien comment les choses marchent : les prix des articles vont exploser, certains spéculateurs voulant profiter de la situation", indique-t-on.
Alors, ils attendent que "la situation se normalise" pour reprendre leurs habituelles navettes. Et à quand cette normalisation ? Personne ne le sait.