Pour Léonce Ngendakumana, président de l’ADC Ikibiri, le gouvernement ne peut pas demander aux leaders politiques en exil de rentrer et, dans le même temps, tout mettre en œuvre pour les arrêter. Il estime que c’est un paradoxe, car selon lui, M. Sinduhije est arrêté sur demande illégale et injuste du gouvernement burundais. Il promet de mener des contacts politiques et diplomatiques pour qu’il soit vite libéré. { IWACU : Comment avez-vous accueilli l’arrestation du président du parti MSD?} Léonce Ngendakumana : Nous n’avons pas été surpris parce que le gouvernement a tout mis en œuvre pour que tous les leaders de l’opposition en exil soient arrêtés, par Interpol interposé, au lieu de rentrer et de faire démarrer le processus de dialogue. Même demain, d’autres politiques seront arrêtés. Ne soyez pas étonnés si moi-même je le suis. Nul n’ignore les méthodes de travail du gouvernement Pierre Nkurunziza. Ce sont des méthodes dictatoriales, policières et militaires. {D’après vous, dans quelles circonstances a-t-il été arrêté? } C’est la réponse à la demande du gouvernement concernant les massacres de Gatumba. Juste après ces massacres, le gouvernement a incriminé notre coalition et il a écrit à certains pays de la sous-région, dont la Tanzanie, leur demandant de les aider à arrêter les leaders de l’ADC Ikibiri qui sont en exil. Or, au cours de l’instruction de ce dossier, ces personnalités n’ont pas été citées. De surcroît, le Procureur général de la République a déclaré, au sujet de la détention de Me François Nyamoya (porte-parole du parti MSD, ndlr), que ce dernier est avec les autres qui sont recherchés parce qu’étant à l’extérieur du pays. Ces deux dossiers sont liés. Une autre hypothèse, c’est qu’Alexis Sinduhije aurait été arrêté parce qu’il ne détenait pas des papiers. En tant que réfugié, il perd certains de ses droits. {Pourtant, selon des sources concordantes, il a été arrêté alors qu’il se rendait dans une réunion de déstabilisation du pays. Qu’en savez-vous ?} Ce sont de mauvaises langues. A écouter les discours du gouvernement, il n’y a pas matière à déstabiliser le pays car il déclare que la paix et la sécurité règnent sur tout le territoire. Donc, cette hypothèse est à écarter. D’après des sources proches du Service national de renseignement burundais, vous étiez aussi attendu à cette rencontre. Vrai ou faux ? Je n’ai ni laissez-passer ni passeport, il y a exactement une année. Mon passeport a expiré en décembre 2010. Depuis, je n’ai jamais cherché un autre document de voyage. Comment aurais-je pu me rendre en Tanzanie ? {Est-ce que l’option militaire est soutenue au sein de l’ADC Ikibiri ?} Nous ne sommes pas à ce stade même si le gouvernement continue à commettre des erreurs qui peuvent conduire des gens vers cette voie suicidaire. Nous avons un projet de négociation que nous avons soumis au gouvernement et c’est celui-là que nous sommes en train de suivre. {Et si c’était confirmé que M. Sinduhije ou un autre parti membre de l’ADC a pris l’option de la guerre, que feriez-vous?} On en discuterait et prendrait des mesures qui s’imposent. La question reviendrait aussi au ministère de l’Intérieur qui gère les partis politiques. Ce qui est certain, c’est qu’à l’ADC, chaque formation garde son identité, son programme. {Même si vous niez votre collaboration avec ceux qui privilégieraient la voie armée, une opinion pointe du doigt Pancrace Cimpaye, ancien porte-parole de votre parti…} M. Cimpaye ne se trouve pas en Tanzanie. Il est en Europe. Même si cela était le cas, l’option que prendrait M. Cimpaye ne pourrait, en aucun cas, entacher le parti parce que ce serait peut-être dû aux conditions de l’exil. Est-ce que l’arrestation de Sinduhije ne risque pas d’affaiblir l’ADC Ikibiri ? Je ne le crois pas. L’ADC est une coalition qui s’est consolidée dans ce pays. Ce n’est pas en arrêtant l’un de ses membres qu’on l’affaiblit. Plutôt, on la renforce.