Les habitants de la sous-colline Mwumba, du quartier Nyabututsi rural en commune de Gitega, dont les parcelles se trouvent dans le périmètre délimité pour abriter le Sénat et autres institutions, se demandent quand le gouvernement va les rétablir dans leurs droits.
C’est une attente qui n’en finit pas à Mwumba. Cette sous-colline se trouve dans le quartier Nyabututsi, à environ 5 kilomètres de la bourgade appelée «Kuri Plage». L’endroit est dégagé sur plusieurs hectares. Mais, on voit des maisons ici et là. Les habitants de cette localité et les propriétaires des parcelles dans ce périmètre délimité se posent des questions. Des questionnements sans réponses jusqu’à maintenant.
Il y a deux semaines, la Chambre haute du Parlement a pris la décision de déménager à Gitega d’ici janvier 2019. C’est dans le cadre du projet Gitega/capitale politique. Un ouf de soulagement pour bon nombre d’habitants dont les parcelles se trouvent dans la zone reservée pour la construction de différentes institutions. Car, tel que promis par l’administration locale, ils pensent qu’ils vont être rétablis dans leurs droits. « Comme les réunions des comités avaient laissé entendre qu’une réponse afférente à nos doléances sera vite trouvée, d’emblée, nous avons pensé que le gouvernement va nous rétrocéder de nouvelles terres ». Une illusion.
Les 259 ménages concernés n’ont rien eu jusqu’à présent. Ils disent même craindre le pire. Car, disent-ils, aucune réunion desdits comités ne s’est tenue pour leur dire l’état d’avancement du dossier. Comme en témoigne sœur Euphémie Kimuzanye, mère supérieure de la Congrégation des sœurs Bene Tereziya. « Certes, nous n’avons pas d’autres choix que d’attendre, mais il faut que l’administration comprenne qu’il y a une urgence». Avec la délimitation, elle confie que s plus de 8 ha de leurs terres ont été inclus dans le projet. « Depuis, un manque à gagner énorme .En plus qu’elles soient exploitées pour l’agriculture, le bois qui s’y trouve nous nous en servons pour le chauffage ou le vendons ». Et de se demander : « Comment allons-nous entretenir les 80 enfants handicapés, hébergés dans le centre Etoile du Matin ?»
Face à cette situation, sœur Euphémie Kimuzanye ne demande que leur soit attribuées de nouvelles terres.
« Nous continuerons de nous en tenir à la loi qui prévaut.»
Quant à M.L., il s’est vu promettre une indemnité pour ses 31 ares. «Un non-sens parce que personne n’accepterait de troquer une parcelle achetée 5 millions de Fbu contre 1500 Fbu le m2 ». Avant que l’administration ne fasse quoi que ce soit, il demande que soit revue l’ordonnance ministérielle de 1990 fixant les indemnités foncières.
Lors des réunions préparatoires, le gouvernement a promis de faire feu de tout bois pour que chacun soit rétabli dans ses droits. Ir Aimé Irambona, directeur de l’Urbanisme, région centre-est, tranquillise : « Qu’ils soient rassurés, aucun d’eux ne sera lésé.» Il indique qu’outre les comités de base, une commission chargée d’étudier la question est déjà à l’œuvre. Toutefois, nuance-t-il, compte tenu de la superficie des parcelles, il y a ceux qui se verront indemnisés financièrement, au moment où d’autres se verront attribués de nouvelles parcelles dans les autres localités. Quant au montant des indemnités, il est catégorique : « Dans l’attente d’une éventuelle révision de cette ordonnance ministérielle fixant le montant des indemnités, nous continuerons de nous en tenir à celle qui prévaut.» Pour ceux oeuvrant dans le secteur caritatif, poursuit-il, comme les centres de prise en charge de personnes vulnérables, une attention particulière leur sera réservée. De quoi rassurer davantage les différentes congrégations des sœurs Bene Tereziya et Bene Bernadette.
Quant à la disponibilité des infrastructures en cas de déménagement, Venant Manirambona, gouverneur de Gitega, confie que bien un coup de peinture s’impose sur certains locaux, la plupart d’entre eux sont en parfait état. «L’important était cette volonté politique et les mesures accompagnatrices, sinon nous attendons que l’Assemblée nationale vote le budget pour que les travaux débutent ». Et de conclure : « Contrairement aux rumeurs, aucun propriétaire d’une parcelle ne sera expulsé sans être indemnisé.»