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« Loin du CNC, l’idée de museler la presse »

05/05/2013 Commentaires fermés sur « Loin du CNC, l’idée de museler la presse »

Après la mise en garde et le blâme respectivement adressés à RPA et à CCIB FM+, Pierre Bambasi tranquillise le monde médiatique : le conseil qu’il dirige n’est pas un organe de prise de sanctions seulement, mais c’est aussi un cadre de promotion de la liberté d’expression. Le président du CNC s’exprime aussi sur d’autres inquiétudes des médias.

<doc2206|left>{Comment se portent vos relations avec les médias ?}

Pas de problèmes particuliers. Quand il y a dérapage ou quand nous estimons qu’il y a des choses à redresser, nous n’hésitons pas à contacter les responsables des médias pour trouver ensemble des solutions. Mais s’il le faut, nous prenons aussi des sanctions.

{Effectivement, vous venez de sortit une mise en garde et un blâme respectivement contre les radios RPA et CCIB Fm+. Pourquoi ?}

En date du 23 et du 25 novembre 2011, les deux stations de radios ont diffusé une déclaration de Pierre Claver Kabirigi, qui se dit chef rebelle. La RPA est allée même en profondeur dans sa page magazine. Nous avons senti qu’il y a des propos qui méritaient d’être analysés pour voir s’ils ne vont pas à l’encontre du prescrit de la loi sur la presse. En disséquant ce qui a été dit et en interrogeant la loi, nous avons constaté que certains extraits de cette déclaration laissaient passer des propos diffamatoires à l’endroit des institutions publiques en violation de l’article 9 de la loi sur la presse. C’est ainsi qu’on a décidé d’adresser un blâme à la CCIB Fm+ parce que c’était pour la première fois qu’on l’appelait à l’ordre. Cependant, pour RPA, c’était presque la nième fois qu’on lui demandait d’être rigoureuse avec ses émissions et journaux. Nous avons émis une mise en garde. Ce qui nous a un peu choqués et étonnés, c’est d’entendre certains responsables de RPA dire que la mise en garde leur a été adressée était une décision du bureau du CNC, alors qu’elle a été prise en séance plénière après échanges. Un journaliste de cette radio, membre de notre organe, était même présent.

{Concrètement, qu’est-ce qui vous a blessés ?}

Humilité exige ! Les responsables de la RPA auraient dû d’abord approcher leur journaliste pour qu’il donne la version des faits. Le bureau du CNC n’a rien à imposer à d’autres membres. J’en profite pour rappeler aux gens qui avaient cru que cette décision a été motivée par la sortie médiatique du « chef rebelle » que le CNC ne s’intéresse pas aux déclarations des hommes politiques ou d’un citoyen X. Il est plutôt intéressé par leur contenu. C’est pourquoi j’appelle les responsables des médias, comme partenaires du CNC, à être plus ou moins conséquents. Finalement, nous observons que chaque fois qu’il y a sanction ou remarque pour améliorer le travail des journalistes, les premiers responsables qui devraient nous aider pour corriger, ce sont eux qui commencent à se défendre. Comment voulez-vous que les journalistes, à leur tour, suivent les directives qu’ils auront eues ?

{Qu’est-ce qui était diffamatoire ou injurieux dans les propos du « chef rebelle » ?}

Je ne saurais le dire dans ces colonnes car je serais en train de propager ce qu’on n’aimerait pas voir se répéter.

{Est-ce que les journalistes sont tenus de diffuser seulement ce qui plaît aux autorités ?}

Il faut publier les faits et éviter de les confondre avec les commentaires car les faits sont têtus. C’est là que les journalistes se piègent eux-mêmes.

{D’aucuns y voient une atteinte à la liberté d’expression de votre part. Qu’en dites-vous ?}

Loin du CNC, l’idée de museler la presse, d’empêcher les journalistes de travailler ou l’opinion de s’exprimer. Au niveau de la loi organique du CNC, nous sommes appelés à promouvoir, privilégier et encourager la diversité d’opinions. Comment est-ce possible de faire une chose et son contraire ? Seulement voilà, la liberté d’expression et d’opinion est une réalité au niveau des lois. Mais, cela ne nous empêche de prendre des sanctions quand cela s’avère nécessaire.

{Des journalistes et certains responsables des médias ont récemment été convoqués en justice. Mais le silence du CNC a étonné le monde des médias par son silence…}

Il faut faire la part des choses. Effectivement, le CNC ne peut agir que quand la profession est menacée. Si on demande aux responsables des médias de fournir leurs rapports d’activités ou leurs états financiers, ou s’il s’agit des convocations dont le CNC ignore l’objet, pourquoi le CNC devrait-il s’immiscer dedans?

{Le pouvoir accuse les médias de travailler pour l’opposition. Quel commentaire faites-vous et comment jugez-vous leur travail ?}

Le CNC n’a pas à dire que tel ou tel autre média travaille pour l’opposition. Nous, nous nous référons à la loi et qui la transgresse est puni. Toutefois, il y a des journalistes qui sont excellents et d’autres qui ont des difficultés et qui méritent d’être assistés pour s’améliorer.

{Votre vice-président est à la fois membre du CNC et du Conseil national de la sécurité(CNS) alors que la loi interdit aux membres du bureau du CNC d’avoir un autre mandat politique. N’est-ce pas une entorse à l’indépendance du CNC ?}

Être permanent au CNC n’exclut pas de travailler dans d’autres organisations. Et puis, la fonction qu’il occupe au CNS n’est pas élective. Nous avons visité et interrogé la loi organique du CNC, la constitution et la loi sur la presse. Nous avons même consulté des juristes chevronnés. Nulle part, il n’est écrit que ces deux fonctions ne sont pas compatibles. De surcroît, en quoi M. Adolphe Manirakiza nous influencerait-il puisque les décisions sont prises collégialement ?

CNC

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