Vendredi 24 janvier 2025

Économie

L’Office du thé du Burundi en péril : près de 2 millions de dollars de pertes faute de carburant

24/12/2024 11
L’Office du thé du Burundi en péril : près de 2 millions de dollars de pertes faute de carburant
Gilles Mukundwa : « Il faut que l’OTB puisse s’approvisionner en carburant »

L’OTB lance un cri d’alarme, elle se dit victime d’une pénurie sévère de mazout qui menace l’asphyxier, si ce n’est pas déjà fait. Le directeur général de l’OTB, Gilles Mukundwa a tenu une conférence de presse ce lundi 23 décembre. Objectif : alerter sur une paralysie imminente de cet office, l’une des principales sources de devises pour le pays.

« Si l’on considère les jours de cueillette ratés dans les 5 usines de l’OTB du 2 juillet au 30 novembre 2024, les calculs montrent que l’OTB a enregistré une perte considérable de 3 389 tonnes de feuilles vertes qui pouvaient générer environs 737 tonnes de thé sec d’une valeur de 1 842 000 dollars en considérant qu’un kg serait vendu à 2.5 dollars américains. Ce montant équivaut à environ 5 milliards et demi de FBU », explique le SYTRATHE, le syndicat des travailleurs de la filière du thé.

Selon ce syndicat, chez le paysan, le prix actuel est de 350fbu par kilo de feuilles vertes. Et ce n’est pas tout comme problème : à ceci s’ajoute la chute du rendement de leurs champs suite au non-respect du cycle de cueillette.
Face à la pénurie de carburant sans précédent, la filière théicole se meurt. « Alors qu’auparavant l’OTB bénéficiait de 50 000 litres de mazout pour assurer le bon fonctionnement de ses usines, nous ne recevons aujourd’hui que 23 000 litres, soit moins de la moitié de nos besoins, une situation critique qui risque d’entraîner l’arrêt de la production », alerte Gilles Mukundwa.

Suite aux multiples crises qui menacent la survie de l’OTB, le Bureau exécutif du SYTRATHE, le syndicat des travailleurs de la filière du thé a adressé une lettre urgente au président de la République, alertant sur les conséquences désastreuses de cette situation. « Il faut une intervention rapide ».

Selon leur analyse, la pénurie de carburant a engendré des conséquences graves à plusieurs niveaux. Sur le plan de la production, « une part importante de feuilles n’a pas pu être collectée, ce qui représente un manque à gagner considérable pour l’entreprise et l’économie nationale ».

Du côté des théiculteurs, cette crise a provoqué une « démotivation généralisée. Certains ont commencé à délaisser leurs plantations de thé, optant pour des cultures vivrières qu’ils estiment plus rentables ». Faute de moyens, d’autres paysans préfèrent abandonner tout simplement l’entretien de leurs champs, compromettant ainsi « les prochaines récoltes ».

La manque de carburant paralyse toute la chaîne de production

En outre, poursuit ce syndicat, les retards dans la collecte et le traitement des feuilles vertes ont entraîné une chute notable de la qualité du thé. Ce déclin affecte directement la valeur du produit fini sur les marchés d’exportation, fragilisant davantage la filière.

Par ailleurs, fait remarquer le SYTRATHE, l’arrêt de l’entretien des pistes de desserte a aggravé la situation logistique. Ces voies, désormais presque impraticables, compliquent le transport des feuilles vers les usines, notamment en cette période de fortes pluies où les infrastructures se détériorent rapidement.

« Nous demandons au gouvernement de nous donner la permission de nous approvisionner en carburant à l’extérieur du pays pour éviter la faillite de l’entreprise, car nous avons les moyens nécessaires pour l’importation », appelle le SYTRATHE.

Gilles Mukundwa, directeur général de l’OTB confirme cette demande formulée par ce syndicat. « Nous avons exprimé aux autorité habilitées notre souhait de nous approvisionner en carburant, l’OTB a des moyens d’importer son carburant pour le fonctionnement de ses usines ».

Mise à part cette pénurie de mazout, les difficultés de l’OTB se sont aggravées avec les fréquentes coupures d’électricité. « Ces perturbations énergétiques récurrentes paralysent le processus de transformation du thé, mettant en péril la survie de cette filière cruciale pour l’économie nationale ».

Cette période de pluies, traditionnellement marquée par une forte production du thé, s’annoncent critiques pour l’OTB. Si aucune solution n’est trouvée rapidement, les pertes pourraient atteindre des niveaux catastrophiques, mettant en péril l’avenir de cette filière essentielle à l’économie burundaise.

Forum des lecteurs d'Iwacu

11 réactions
  1. Habarugira

    Qu’on accorde à l’OTB cette autorisation vrema !

  2. Ntigahera Pice-Marc

    Le vrai problème ici ce n’est pas le mazout ou l’ essence!? Le vrai problème c’est vous la classe dirigeante avec votre Président!?
    En plus, vous n’ avez pas honte de tromper le peuple Burundais!? Vous chantez que vous êtes les Hutu Power qui ont remplacé les Tutsi Power!? Où est le peuple Burundais dans tout ça!? Nous toutes/tous, Hutus et Tutsis avons voulu le changement, est-ce que pour vous c’ est ça le changement que vous aviez promis au Burundais(e)!? Je vous ai donné tous les conseils pour une réconciliation durable!? Mais, vous êtes restés, dans le même caca que les pouvoirs Tutsi ont laissé!? Où est le peuple Burundais dans tous ça!? Nous toutes/tous, nous savons très bien où va le carburant et dans quelles frontières traverse le carburant!? Combien de temps, allez vous, prendre les Burundais(e) comme des caves!? Je vous ai demandé de donner le pardon aux putschistes de 2015!? Et, voilà où nous en sommes!? Après tous les génocides de Hutus, de Tutsis et de Twas, le peuple Burundais voulait tourner la page!? Aujourd’hui, quel est vôtre bilan!? Même le pétrole en provenance des pays limitrophes, Kenya et Tanzanie, vous n’ êtes pas capables!? Mais vous êtes au Congo pour faire la guerre!? Pourtant, je vous ai bien dit qu’il serait préférable que les soldats burundais rentrent au Burundi, pour s’occuper des problèmes des burundais(es)!? kuko Congo mu buna, mugakinagira, Congo iraroze kandi ingaruka mbi za Congo mu zo zibona!? Mon peuple péri faute de connaissances!? Bonne et heureuse année 2025, à toutes/tous peuple Burundais partout où vous êtes au monde!?

  3. Jean Pierre Hakizimana

    Aussi longtemps le Burundi est dirigé par les gens qui pensent et surtout qui font comme Mr le President, attendez vous a l’hyperinflation, donc la destruction totale l’économie. Je vous invite a lire l’entretien qu’Iwacu a fait avec Dr Diomède Ninteretse dans l’article titré  » BRB: Une soumission avec des implications ».

    Ces génies de la CNDD-FDD, se prennent pour des Dieux car ils ont découvert la planche à billets, un outil pour produire des BIF sans travail dernière. Vous vous souviendrez de la fameuse phrase qu’a dit le President:  » Le Burundi n’a pas besoin de devise car il importe pas la nourriture ». Et pour les automobilistes, ils avaient créé l’application « Igitoro? ». Peut être que les pauvres gens de l’OTB ne savent pas utiliser l’application magique.

    Si Mr Le président arrive a faire fonctionner l’économie Burundaise avec de tels idées et actes, il devrait gagner « Le prix nobel de l’économie » car il aura réussie ou personne autre a pu dans l’histoire de l’économie. On nommera certains de ses théories sur son nom, comme les autres autres économistes renommées.

    A la fin de la journée, les Burundais sur place devraient trancher sur le parti Unique qui les dirige que le Burundi sera comme le Zimbabwe! Quand le Bif ne vaudra même pas le papier sur lequel il est imprimé. Quand les gens le refusera comme un outil d’échange de service et des biens comme les marchands internationaux.

    Après tout, le Burundi est démocratie non? le temps nous dira la vérité

  4. SIMBARE Pascal

    paradoxe!
    pourquoi ne pas faire une opération *thé – carburant*!

    • Jean Pierre Hakizimana

      Que voulez vous dire? Echanger le Thé contre le carburant? Supposons que le Burundi a un stock du thé, le consomateur du thé n’a pas nécessairement du carburant, mais autre chose(ex, les produits phrastiques ou le service informatiques, les pneus etc…

      Et puis il ne faut pas oublier que, pour produire le Thé , L’OTB our les petit ou moyen producteurs du thé on besoin de l’énergie. L’anglais chimique vient du gaz naturel en général, donc il est possible que sans l’énergie (carburant), L’OTB n’as pas tellement d’options

  5. Paul Bouzin

    comment puis-je être tenu au courant des événements importants au Burundi,

  6. Prof. Willy Irakoze

    Mes remerciements au DG de l’OTB et au syndicat des travailleurs de cet office pour avoir opté à alerter bien avant qu’il ne soit trop tard; bonne stratégie. Comme l’OTB dispose de ses propres moyens pour importer directement le carburant nécessaire , il lui faut une autorisation officielle dans les plus brefs délais afin de pouvoir sauver ce qui reste à sauver.

    Que notre Gouvernement puisse résoudre rapidement cette problématique de pénurie en carburant sinon ça tend à mettre à genoux tout le pays! Good luck à l’OTB!

  7. Claypton

    c est ce qu on appelle « scier l’arbre sur lequel on est assis » … Nagahoma bunwa…

  8. hakizimana jean capistran

    Le Burundi manque cruellement des devises pour importer le mazout suffisant. Le THE est une culture d’exportation qui peut amener des devises mais non seulement le mazout fait defaut pour que les vehicules de l’OTB puissent aller dans ces collines de ceuillette pour le transporter vers les usines de transformation mais aussi les routes y sont impraticables. L’ OTB en souffre mais aussi le paysan cultivateur en est victime. In fine, La distance A parourir pour arriver en 2040 risque de se multiplier par N et sans 2040 il ya pas pas de 2060 je crois!

    • Hans-Christian Sack

      C’est vrai que vous dites. S’il n’y a pas un changement drastique de la gestion de l’économie du pays maintenant la vision 2040 reste un rêve. Je pense la production du café est confronté au mêmes problèmes.

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