Lundi 23 décembre 2024

Politique

«L’Office du Haut-Commissaire aux droits de l’Homme doit quitter le Burundi»

09/10/2016 25

A Bujumbura, plus de 5000 manifestants se sont donné rendez-vous ce samedi 8 octobre devant les bureaux de l’Office du Haut-Commissaire aux droits de l’Homme. Objectif, crier encore une fois leur colère et décrier la récente résolution sur les droits de l’Homme au Burundi.

Au peloton de tête de la manifestation : le maire de la ville, en T-shirt rouge, à l’extrême droite Térence Ntahiraja, portant un survêtement en zébrures
A  la tête du peloton des  manifestants : le maire de la ville, en T-shirt rouge, à l’extrême droite Térence Ntahiraja, portant un survêtement en zébrures

 

Le gros des manifestants était constitué de militants du parti au pouvoir, de leurs alliés, de taxi-vélos, de conducteurs de « Tuk-Tuk », de membres des associations des transporteurs et des organisations de la société civile proches du pouvoir.

Il y avait également des parlementaires, des cadres, plusieurs fonctionnaires, des dignitaires dont le maire de la Ville de Bujumbura Freddy Mbonimpa et le porte-parole du ministère de l’Intérieur Térence Ntahiraja.

Tout ce monde s’est rassemblé à la Place de l’Indépendance avant de faire une sorte de sit-in devant le building Old East abritant les bureaux de la délégation de l’UE au Burundi.

Ces manifestants ont par la suite emprunté la Chaussée Prince Louis Rwagasore. Ils se sont dirigés vers l’Avenue Muyinga pour entrer dans le boulevard de l’Uprona puis  converger  devant les bureaux de l’OHCDH en passant par l’Avenue Makamba.

Ils scandaient des slogans en l’honneur du président Nkurunziza et d’autres hostiles à la récente Résolution sur les droits de l’Homme au Burundi, au Rapport de l’enquête indépendante des Nations Unies sur le Burundi (EINUB), à l’UE et surtout à l’OHCDH. Ils ont même crié à tue-tête que ses bureaux au Burundi soient fermés. « Nous disons non à Christof(Heyns), Maya (Sahli-Fadel) et Pablo (De Greiff)», ont-ils scandé à plusieurs reprises.

«Le peuple remonté contre l’OHCDH»

Plus de 5.000 manifestants sont descendus dans la rue
Plus de 5.000 manifestants sont descendus dans la rue

Les banderoles exhibées et les pancartes brandies par les manifestants rivalisaient de messages forts : «Il faut que l’Office du Haut-Commissaire aux droits de l’Homme ferme ses portes au Burundi», «Nous disons non à la résolution biaisée et injuste», «L’UE ne doit pas s’ingérer dans les affaires internes du Burundi», «Burundi, porte-flambeau en Afrique pour le refus des abus, de la discrimination et de tout mauvais traitement de la part de certains pays européens», «L’UE doit respecter l’indépendance et la souveraineté du Burundi », «Nous félicitons les pays qui ont voté contre la résolution sur les droits de l’Homme au Burundi ainsi que ceux qui se sont abstenus », «Burundi, porte-étendard en Afrique pour ses démarches visant son retrait de la CPI », …

Selon Térence Ntahiraja, le porte-parole du ministère de l’Intérieur, le peuple a parlé  et a dit non à ce bureau de l’OHDH au Burundi  et demande sa fermeture et l’expulsion de ses représentants.

Quand la population demande, explique-t-il, il est impossible de répondre à toutes ses doléances mais il y a le cadre légal qui régit la coopération. «Il y a des dispositions en la matière: lorsqu’il y a un représentant qui va à l’encontre des conventions signées, des mesures allant jusqu’à son expulsion peuvent être prises. Le gouvernement pourra bien sûr répondre aux aspirations de la population».

Et comme d’habitude, il a été demandé par mégaphone aux manifestants  de huer, de s’asseoir, de se lever, de chanter l’hymne national. Il a été demandé à la foule de « pleurer ». Les manifestants  se sont exécutés, du  simple manifestant  ignorant peut-être la signification des messages écrits sur les banderoles, jusqu’aux dignitaires.  Mais ces derniers « pleuraient » avec modération.

Forum des lecteurs d'Iwacu

25 réactions
  1. Salmia Irikungoma

    Bareke bakindishe agakomokomo, batambira ku mivyimba y’abarundi, amaraso ntaheranwa, n’ubu niyo ariko arabazoyonga, bareke.

  2. Jereve

    Non. Ce ne sont pas les populations qui manifestent, c’est l’état qui manifeste avec les moyens et le personnel de l’état. il y a de la menace. C’est un fait assez exceptionnel dans un pays normal, mais tout banal dans une dictature.

    • KARUNDI

      Ah bon, pour vous donc, il y a manifestation ssi c’est les assoiffés du pouvoir qui manifestent: ça s’appelle manichéisme, cette manie de penser que le bien est de votre côté uniquement. Et bien il y a eu manifestation, même si vous n’y étiez pas.

  3. Natacha

    This is insane. Je me demande comment ce beau pays va s’en sortir. Si quelqu’un a une idée, pls let me know. I am absolutely lost. Gezz..

  4. roger crettol

    On passe insensiblement de la République du Burundi à un Hutustan plutôt effrayant. Ces 5000 personnes convoquées pour huer l’étranger ennemi ne font certes pas une peuple ni une majorité, mais la majorité tétanisée par les violences répétées n’entreprendra pas grand’chose contre cette dérive.

    L’envoyé de Dieu … mais qu’ont fait les Burundais qui leur vaille cette déliquescence ?

    • ls

      Mr Roger,
      Où est le lien entre ce qui est écrit dans l’article et ce « hutustant effarant » dont tu parles?

      • roger crettol

        Aucun lien, mais vraiment aucun.
        Aucun, si l’on ignore les nouvelles de disparitions, de morts surprenantes, d’arrestations aux odeurs d’intimidations, que sais-je encore ?
        On choisit d’organiser un gentil sit-in devant les bureaux d’une organisation internationale – ce sont ces quelques petis milliers de persones qui se prononcent sur la validité d’un rapport dont elles n’ont probablement pas connaissance, et sur des faits qu’elles n’ont aucun moyen de vérifier.

        Le Peuple Parle, et c’est une farce qui se joue devant nos yeux.

        Aucun lien ; circulez, il n’y a rien à voir.

        J’ai écrit Hutustan, et c’est une provocation. Provocaton qui recouvre une réalité : la négation dans les intentions et dans les faits de la substance des accords d’Arusha. La République du Burundi pouvait encore avoir la prétention d’être un État de Droit. En l’état des chose, en octobre 2016, on a abandonné tout prétention de ce genre. On : le gouvernement du Hutustan.

        Cette dérive, grosse de malheurs, me navre.

        • roger crettol

          Désolé pour les nombreuses fautes d’orthographe – je suis d’une génération qui a appris à y attacher de l’importance. Mes doigts et mon oeil m’ont trahi … 🙁

        • Stan Siyomana

          @Roger Crettol: « J’ai ecrit Hutustan, c’est une provocation… »
          1. Si vous sonnez l’alarme pour combattre la DICTATURE DU 3 EME MANDAT PRESIDENTIEL AU BURUNDI, le citoyen burundais lambda pourrait comprendre qu’il s’agit de la defense des Accords de Paix d’Arusha.
          Mais si l’alarme est contre un certain Hutustan (fictif ou pas), le tribalisme va tout gacher.
          2. S’il s’agissait d’un Hutustan, pourquoi y aurait-il des Tutsi et des Twa qui sont dans le parti CNDD-FDD ou dans l’UPRONA pro-gouvernemental?

          2

          • roger crettol

            @ Stan

            Merci de votre réponse. Oui, je sais que le CNDD-FDD a voulu accueilir tous les Burundais, Batutsi et Batwa inclus.
            Parler de Hutustan est nettement caricatural, je le concède. Même si le rejet des accords d’Arusha … Quelles peuvent bien être les motivations profondes à la base de ce rejet ?
            Non au tribalisme ? Mais bien sûr, Monsieur Stan ! Et non à la haine de l’opposition, politique et civile. Non au mépris des droits humains. Oui au respect des citoyens burundais et de leurs droits. Sommes-nous d’accord ?

  5. Vyandariye

    Franchement un homme qui pleure devant les caméras qu’est ce qu’il va dire à ces enfants en rentrant à la maison, nous voulons des actions concrètes au lieu d’aller pleurnicher devant ces soi-disant  »colons ». Sortent au sein de l’ONU pour nous montrer combien vous êtes fort. A l’époque les hommes ne pleurent pas n’importe où devant n’importe qui on étaient des vrai  »bashingantahe » , on étaient le peuple respecté par nos voisins, vous avez amené la honte .

  6. Jonh B

    Ces manifestants qui n’ont plus rien a faire a part descendre dans la rue pour intimider la communaute internationale ne representent que le CNDD pas les burundais comme ils le pretendent dans leurs slogans.
    Des milieux de burundais qu’ils sont en train de crier dessus ont soif de la liberte, de la justice et de la protection contre ces memes manifestants, dont les commenditaires des crimes qui reclament que les crimes commis restent impunis. S’ils sortent pour exprimer la colere contre la resolution des droits de l’homme, qu’en est-il les familles victimes de ces manifestants en deuil et en colere contre eux qui n’ont pas d’espace pour s’exprimer. Il faut que les commenditaires des crimes soient vite arretes pour ne pas continuer a payer et revolter les citoyens parmis eux ils se cachent dedans pour couvrir leurs crimes. Honte a ces meme citoyens qui acceptent de faire amakangira dans la rue pensant faire peur a la communaute internationale.

  7. Kwizera

    Voilà les signes forts d’un pays qui va mal. À tous ceux qui croient en un Dieu omnipotent, s’il vous plaît ,mettons-nous à genoux et prions pour notre pays..Ibi bintu ntawokwibajij ko vyogera aha!!!!Seul Dieu peut sauver la situation..

  8. Yves

    « Selon Térence Ntahiraja, le porte-parole du ministère de l’Intérieur, le peuple a parlé « . 5.000 personnes sur une population de près de 10 millions d’habitants, c’est ça le « peuple » burundais ? En fait, les partisans DD sont des gens pleins d’humour. C’est peut-être même l’enseignement majeur de ce non-évènement…

  9. Ndavugasimvura

    Cela s’appelle ivresse du pouvoir. Biyumvira ko bazokwama ku butegetsi akaba ari bo bagirira nabi abandi igihe cose ariko uko n’ukwibagira n’ingoga kandi ni ukubona hafi.

  10. RUGAMBA RUTAGANZWA

    Le ridicule ne tue pas. Quand je pense à des centaines de Burundais exécutés par ceux qui commanditent ce cinéma de manifestations, j’ai les larmes aux yeux… !!! J’ai cité entre autres le jeune KOMEZAMAHORO exécuté les mains en l’air, à genoux comme un bandit des grands chemins alors qu’il n’avant que 15 ans, la famille du Cameraman de la RTNB, Christophe NKEZABAHIZI rasée entièrement y compris les enfants dont une fille mineure, Mme Charlotte UMUGWANEZA, la militante du MSD, enlevée et sauvagement assassinée, les jumeaux de l’échangeur de monnaies de Mutakura ainsi que leur papa, l’assassinat récent, sauvage et inhumainement insoutenable, de l’Adjudant NYONGERA…..la liste n’est malheureusement pas exhaustive…. !! Quand je vois maintenant ces manifestations manipulées par le pouvoir qui commence à paniquer (et il y a de quoi), j’ai purement et simplement envie de crier jusqu’à La Haye pour que la CPI commence sans tarder les enquêtes….afin que les assassins de nos papas, de nos mamans, de nos femmes et de nos enfants n’aient pas le dernier mot. J’espère surtout que les premiers mandats d’arrêts internationaux ne tarderont pas à être lancés… ! J’attends ce jour avec impatience car je serais libéré… !

    • Sherif

      Rugamba Rutaganzwa@,

      Malheureusement les assassinats n’ont pas commencé seulement dès Avril 2015, ca ne sera pas juste de commencer les enquêtes à partir d’avril 2015 à moins que la justice internationale veut être partielle.
      Qu’en dis tu des assassinats de 1965, 1969, genocide de 1972, 1988, 1991 et 1993.
      Et bien cher compatriote, le peuple Burundais n’acceptera jamais que la justice internationale soit partielle et c’est pour cela que le peuple Burundais est descendu dans la rue pour mannifester.

      • Yves

        @Sherif : ce n’est pas le ‘peuple’ burundais qui est descendu dans la rue, juste les partisans DD. Depuis quand 5.000 personnes = 10 millions ? Ridicule

        • Bakari

          @Yves
          10 millions de personnes; y compris les bébés! Soyez un peu plus précis!

      • Ndavugasimvura

        Abagiriwe nabi basaba ko enquête itangura avril 2015 ivyo bindi urabisawa nawe.

        • Ndavugasimvura

          Pardon nariko nishura sherif. None enquête ntishoboka kubera kera abantu bapfuye ntibe? Ntaco kazima mwemera ko muriko murica abantu.

      • Stan Siyomana

        @Sherif: « Qu’en dis-tu des assassinats de 1965,….? »
        Sur le site http://www.burundi-information.net, l’on peut lire:
        « Dans sa resolution S/1719 du 25 octobre 2006, le Conseil de Securite des Nations Unies a donne mandate au Bureau Integre des Nations Unies au Burundi (BINUB en sigle) de  » soutenir les efforts entrepris pour lutter contre l’impunite et en particulier dans la mise en place des mecanismes de justice transitionnelle a savoir LA COMMISSION VERITE RECONCILIATION ET LE TRIBUNAL SPECIAL POUR JUGER LES CRIMES DE GENOCIDES ET LES AUTRES CRIMES CONTRE L’HUMANITE ». Alors que les deux mecanismes devraient travailler concomitamment, LA COALITION GOUVERNEMENTALE de connivance avec certains fonctionnaires des Nations Unies font recours aux manoeuvres dilatoires en organisant de fausses « consultations populaires » POUR PERORER SUR L’OPPORTUNITE OU L’INOPPORTUNITE DE JUGER LE CRIME DE GENOCIDE… »
        (Voir: Le parti UPRONA demande au commissaire onusien aux droits de l’homme un tribunal special pour le Burundi », http://www.burundi-information.net, 10 decembre 2009).

    • ls

      Laisses-moi allonger votre liste : Cette fille assassiné de façon barbare à Musaga(par le pouvoir?) , ce pauvre garçon à qui on a arraché le coeur(Par les imbonerakure?), ces pauvres paysan de Mugamba assassinés pour leur appartenance au parti au pouvoir(Toujours les Imbonerakure? )……

      C’est vrai, la liste est longue. Mais naturellement on voit le mal du côté de ceux que l’on veut noyer.

      Cela me rappelle un passage de la fable de la fontaine(le renard s’adressant au Lion) :
       »
      Et bien, manger moutons, canaille, sotte espèce,
      Est-ce un péché ? Non, non. Vous leur fîtes Seigneur
      En les croquant beaucoup d’honneur.
      « 

  11. muheto

    Ngo akabi gasekwa nk’akeza

    • Ntahondi

      Le bateau est ivre.

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