Commerçants et consommateurs burundais estiment que la liste des produits sensibles constitue un frein à l’accès facile à certains produits « nécessaires » pour les citoyens.
<doc7080|right>Il s’agit du riz, du sucre, du maïs, du blé, des friperies, … produits dont l’East African Community (EAC) assure la protection de la production locale. Sur ces mêmes produits, pas question d’appliquer le TEC (Tarif Extérieur Commun qui actuellement varie de 0 à 25% suivant la nature du produit), l’habituel tarif utilisé lors de la taxation des importations provenant de l’extérieur de la communauté. Pour tous les produits se trouvant sur ladite liste, les taxes sont supérieures au TEC et varient. Le tarif varie de 35 à 100% pour les différents pays de l’EAC, selon les commerçants burundais.
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{Parmi les produits sensibles de l’EAC, il y a : lait, beurre, blé, maïs, riz, sucre, cigarettes, ciment, sacs, friperie, batteries, draps, tissus (Khanga), allumettes, cigares …}
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Dans ce système de taxation des produits dits « sensibles », les commerçants burundais y trouvent avantages et inconvénients. Ils sont d’accords que la liste aide dans la protection de la production locale. A contrario, ils sont mécontents que les pays ne soient pas ouverts aux autres marchés du monde. « Quelque part nous sommes bloqués dans nos importations, parce que nous craignons de payer trop cher à l’OBR (Office Burundais des Recettes). Quand on paie beaucoup de taxes, ça se répercute sur le prix vente et le risque est grand pour nous les commerçants d’enregistrer des méventes », déplore Pascal Nahimana de l’association des commerçants du Burundi (ACOBU).
Par ailleurs, toujours selon ce commerçant, certains des produits devraient être rayés de la liste. C’est notamment les produits alimentaires qui sont beaucoup sollicités au niveau de toute l’EAC et du Burundi en particulier. « On devrait par exemple laisser le riz, le maïs, le blé,… entrer et être taxés au moins sur base du TEC parce l’offre locale de ces produits restent largement inférieure à la demande de ces produits dans l’EAC », suggère, Cyriaque Ndayizigiye aussi membre de l’ACOBU. En outre, ces commerçants proposent la révision périodique de la liste : « Que le secrétariat de l’EAC ajuste la liste selon le temps et les moments ! Aussi, la logique serait de laisser le pays qui se sent menacé, entrer librement les produits dont il a besoin. »
<doc7079|center>Les consommateurs en sont aussi victimes
Au niveau des consommateurs, Noël Nkurunziza, président de l’ABUCO (Association burundaise des Consommateurs) indique que la liste des produits sensibles ne leur plaît pas. « D’abord il y a nos produits qui sortent librement alors que nous en avons beaucoup besoin. Les fruits, par exemple. On devrait aussi les protéger », souligne-t-il.
Il évoque également des problèmes concernant l’accès aux importations. Le consommateur ne peut pas accéder à la production commercialisée : « Car pour certains produits comme le riz, la quantité reste insuffisante alors que dans les autres pays il y en a plein. » Le président de l’ABUCO réclame ainsi la révision de la liste tout en associant les consommateurs : « La liste reste un document de bureau et la procédure de son élaboration n’est pas transparente. La contribution des consommateurs s’avérerait importante puisqu’ils connaissent bien les besoins du marché »
« Une production faible, mais qui doit être protégée »
Face aux plaintes des commerçants et consommateurs burundais, le ministère burundais du commerce, qui était parmi les négociateurs lors de la configuration de la liste, indique que la meilleure solution serait de hausser la production locale. De ce fait, il demande la participation de tout un chacun, et du ministère de l’Agriculture et de l’Elevage tout particulièrement. « Aucun nationaliste ne peut prôner l’ouverture totale du marché », indique Dismas Baradandikanya, porte-parole.
Sans nier le problème de la faible production pour certains produits figurant sur la liste, il fait savoir qu’en l’instaurant, l’EAC voudrait essentiellement protéger la production nationale et en même temps continuer à percevoir des taxes sur certains produits dont la production locale est plus ou moins suffisante. « Cela étant, la dérogation est permise pour les pays de l’EAC, si le dossier de requête est introduit au niveau du secrétariat de l’EAC. Et ce que nous avons fait avec la récente mesure de détaxation de certains denrées alimentaires », rassure M. Baradandikanya. Toutefois, il fait remarquer que ces mesures de dérogation sont transitoires pour stabiliser l’économie et aider la population à hausser la qualité de la vie.