«Lenteur des procédures, corruption, manque de volonté des juges dans la mise en application des jugements rendus, impunité, parodie de justice, surpopulation carcérale», entre autres défis auxquels le secteur de la justice fait face.
Les députés les ont relevés ce mercredi 4 septembre lors d’une séance consacrée aux questions orales avec la ministre de la justice, Aimée Laurentine Kanyana.
Agathon Rwasa, Premier vice-président de l’Assemblée nationale, déplore une impunité au sujet de l’intolérance politique. Il a évoqué un procès de flagrance à l’issue de laquelle ce sont ‘‘les victimes’’ qui ont été condamnés.
«Il y avait des informations d’une destruction imminente de la permanence du CNL à Nyabiraba et des enregistrements audio circulaient sur les réseaux sociaux. Aucune décision de la part de l’administration pour sécuriser l’endroit n’a été prise. Ceux qui étaient venus monter la garde ont arrêtés par la police et la permanence a été brulée après leur départ».
Dans un procès de flagrance qui s’en est suivi, a-t-il poursuivi, ce sont ceux qui étaient déjà aux cachots qui ont été condamnés pour avoir été des auteurs de l’incendie. Pour Agathon Rwasa, «cette parodie de la justice » ne fait qu’empirer la situation. Il s’observe «des affrontements, des vandalismes et des souillures des permanences dans différents coins du pays».
Aimé Laurentine Kanyana, ministre de la Justice, affirme que «des manquements s’observent dans différents cours et tribunaux ». Néanmoins, elle rassure que des sanctions sont prises à chaque fois que les auteurs sont connus. Elles vont d’une mutation disciplinaire à la suspension : «A Nyanza-Lac, le tribunal a rendu un jugement mais pendant la signification du procès, chaque partie a eu gain de cause, ce qui est inacceptable. A Bubanza, le tribunal a statué sur un cas de meurtre commis publiquement, malheureusement, il a blanchi l’accusé».
S’exprimant sur des cas d’intolérance politique, la ministre Kanyana a suggéré aux parties lésées de saisir les juridictions compétentes. Elle s’est insurgée contre ce qu’elle a appelé « création de la psychose et théorie de la victimité». D’après elle, il y a des gens qui se font toujours victimes, comme sujet de tous les malheurs.
Pour sa part, Gélase Ndabirabe a regretté que des défis de la justice restent les mêmes. Il souhaite la mise en place d’un périodique de justice pour mettre en lumière toutes ces entraves. «Il faut que chaque citoyen expose les obstacles qui mettent à mal le bon fonctionnement de la justice».
Aimée Laurentine Kanyana a expliqué que le projet d’un périodique de la justice est en cours de traitement. «Cela nous permettra justement de canaliser toutes les informations et connaitre les défis en temps réel».