En collaboration avec le ministère de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage, le Fonds International de Développement Agricole (FIDA) a organisé, du mardi 9 octobre au mercredi 10 octobre 2018 dans les enceintes de la Détente, un atelier pour la mise en place d’une structure interprofessionnelle pour la filière lait au Burundi. Une première au Burundi.
« Le présent atelier de la plateforme nationale des acteurs de la filière lait se veut être un cadre d’échanges et de concertation sur des questions qui font l’objet des préoccupations majeures des acteurs de la filière lait », a indiqué Isidore Toyi, directeur adjoint du FIDA au Burundi. Selon lui, la mise en place de cette plateforme nationale arrive à point nommé pour soutenir la population.
Le directeur adjoint a fait savoir que ce soutien consiste à minimiser les pertes post-récoltes par la mise en place des infrastructures et équipements de stockages adaptés, améliorer la qualité et la valeur ajoutée par la transformation et garantir l’écoulement de la production et une meilleure répartition des marges bénéficiaires entre acteurs. «Dans le cadre de la mise en œuvre des activités de la filière laitière, on se réjouit que les appuis du FIDA aient été focalisés sur la structuration et le renforcement des capacités des organisations des producteurs dans le traitement de la production du lait à travers la collecte, le contrôle de la qualité et le stockage du lait dans des conditions optimales d’hygiène et de sécurité sanitaire.»
M. Toyi trouve que les cadres de concertation provinciales initiés par les projets et les programmes financés par le FIDA semblent portés des fruits «puisque des perspectives d’investissement des industriels du lait ont pu se concrétiser en vue d’absorber l’excédent d’offre induit par le repeuplement du cheptel bovin effectué par les mêmes projets et programmes.»
Emmanuel Ndorimena, secrétaire permanent au ministère en charge de l’agriculture et de l’élevage, s’est réjoui de voir aujourd’hui cette filière nationale lait devenir réellement opérationnelle tout au long de la chaîne de valeur «étant donné que le lait contribue de manière visible au relèvement de l’économie nationale.» Dans la foulée, il a remercié, au nom du gouvernement burundais, tous les intervenants dans la filière lait et le FIDA pour ses appuis multiples accordés au Burundi et les efforts consentis dans la filière lait.
La filière lait, un secteur encore à problèmes
Au cours de cet atelier, les participants ont eu l’occasion de suivre un exposé sur les réalisations des programmes d’appui à la filière laitière au Burundi ainsi que des actions menées par 4 ministères à savoir celui de l’Intérieur, de la Santé Publique, du Commerce et celui des Finances pour appuyer la filière lait. Par après, un consultant d’origine tunisienne a fait un diagnostic de la filière lait au Burundi en décortiquant ses forces et faiblesses. Il a aussi fait part au public de l’expérience tunisienne dans ce secteur.
Les participants à cet atelier composés entre autres par des éleveurs, des commerçants, des industriels, des représentants des coopérations œuvrant dans ce domaine ainsi que des représentants gouvernementaux ont pu débattre sur plusieurs questions : la problématique du commerce du lait, la problématique de la faible consommation du lait UHT (ultra high temperature) par la population locale ainsi que les facilités offertes aux acteurs de la filière lait et la mise en place d’une structure de l’interprofession nationale du lait.
Et l’interprofession voit le jour
Jean Paul Bitoga, coordonnateur du Programme de Développement des Filières (PRODEFI), indique que la filière laitière connaît beaucoup de problèmes. «L’interprofession vient répondre à tous ces problèmes.» Pour lui, la plus-value est que l’union fait la force. «Travailler en solo ne donne pas des fois beaucoup de résultats. Les acteurs à tous les niveaux de la filière vont mettre ensemble leurs idées, leur professionnalisme et leurs moyens pour le développement de la filière.»
Juma Mohamed, directeur général de Modern Diary Burundi (MDB) abonde dans le même sens. «Cette plateforme interprofessionnelle aura comme mission de sensibiliser les gens à consommer du lait.» Pour lui, la faible consommation du lait par la population burundaise est l’un des problèmes auxquels les industriels œuvrant dans ce domaine font face. «Cette plateforme aura à prendre des décisions allant dans le sens de l’augmentation de la production du lait. Si la commercialisation du lait se passe bien, les éleveurs auront des bénéfices.»
C’est aussi l’avis d’Innocent Bigirindavyi, propriétaire d’Activa-Bio de Bubanza. Pour lui, l’interprofession est un canal que les intervenants dans la filière lait vont utiliser pour résoudre beaucoup de difficultés. «La production du lait est encore basse. Nous aurons à discuter de la structure du prix. Cet organe va plaider aussi pour le problème des investissements qui est un casse-tête pour nous.»
Renilde Buhembe, productrice de la commune Bugendana en province Gitega et représentante de la Coopérative laitière Dushigikire Ubworozi, indique que leur vie a changé depuis la construction du centre de collecte du lait par le FIDA. «Parfois notre lait se dégrade à cause des coupures d’électricité. J’espère que cette plateforme va nous aider à trouver une solution à cette question et aux autres problèmes auxquels nous faisons face.»
Au cours des travaux en groupe, les participants ont discuté sur les statuts qui vont régir cette structure interprofessionnelle nationale de la filière lait. Un comité exécutif de cette structure interprofessionnelle a été voté. Il sera dirigé par Juma Mohammed. «Le premier défi est de résoudre le problème de l’écoulement du lait.» M. Mohammed fait savoir que la deuxième priorité est de pratiquer un prix consensuel pour que les éleveurs puissent faire face aux charges inhérentes à l’élevage.