De 15 mille à 43 mille BIF par trimestre… Les frais scolaires pour les écoles publiques à régime d’internat viennent d’être triplement majorés. Au grand désespoir des parents. Un ouf de soulagement chez les responsables d’écoles.
La nouvelle ordonnance de la ministre de l’Education portant réglementation des frais scolaires est claire. Elle fixe à 43 mille BIF les frais scolaires pour les écoles post-fondamentales à régime d’internat, dont 36 mille de frais d’internat.
Une très mauvaise nouvelle pour quelques parents qui ont des enfants internes. M.N., mère de trois élèves, se dit désespérée. L’un de ses enfants est une élève interne au Lycée Scheppers. Enseignante, c’est à peine si M.N. arrive à couvrir tous les besoins de sa fille.
Outre les frais scolaires, elle doit satisfaire d’autres besoins nécessaires à l’internat. Chaque trimestre, elle affirme dépenser plus de 100 mille BIF pour sa fille. Plus de la moitié de son salaire. « Dans ces conditions, ma fille quittera tout simplement l’internat ».
Frais de photocopie, frais sportifs, frais d’informatique… d’autres charges supplémentaires que les parents doivent supporter. « Au lieu d’encourager l’éducation pour tous, le gouvernement crée des barrières », se lamente un autre parent.
Le mécontentement se lit également sur les visages des élèves. Interne au Lycée Scheppers, Fabrice vient d’une famille démunie de Bujumbura rural. Sa famille n’arrive jamais à payer les frais scolaires à temps. Il est renvoyé deux fois dans un trimestre. « Qu’en sera-t-il alors pour plus de 40 mille ? Nous risquons d’abandonner l’école. »
Les responsables d’écoles se frottent les mains
Au moment où les parents crient au désespoir, les directeurs d’écoles à régime d’internat semblent satisfaits. Nourrir les élèves ne sera plus un casse-tête comme auparavant.
La directrice du Lycée Notre dame de l’Annonciation de Bukeye, sœur Victoire Nyabenda, affirme que les élèves étaient privés de certains repas, faute de moyens. Avant que la vie ne devienne chère, elle fait savoir que les élèves avaient une alimentation plus équilibrée avec des légumes, du lait, des fruits… « Mais avec les 8.000 BIF de frais d’internat couvrant tout un trimestre, impossible de les nourrir à leur faim. » D’après elle, les écoles à régime d’internat doivent s’endetter pour nourrir les élèves.
Même son de cloche pour le directeur du Lycée Scheppers de Nyakabiga. La direction peinait déjà à recouvrer les 15 mille BIF, devant ainsi recourir souvent au renvoi des élèves pour qu’ils puissent s’en acquitter.
Sur l’effectif de 500 élèves internes à ce lycée, 90% viennent du milieu rural, selon frère Joseph. Il estime que nombreux sont ceux qui vont abandonner l’école ou quitter l’internat.
Mais à l’endroit des responsables d’écoles, frère Joseph parle d’un léger mieux, 8.000 BIF ne pouvant pas nourrir une personne pendant trois mois. « Nous nous arrangions par nos propres moyens pour tenir ».
Cette ordonnance du 17 juillet fixe à 300 mille BIF au maximum les frais scolaires pour les écoles privés à régime d’internat classique. Un million BIF au maximum pour les établissements à régime d’internat haut standing.