«Sans l’aumône, nous ne pouvons pas vivre», soutient Pascal Bukuru, 25ans, gardant sa sœur, Françoise Butoyi, une mendiante en mairie de Bujumbura, en chaise roulante.
Pour rappel, le ministre des Droits de l’homme, a interdit mardi 18 juin l’aumône aux mendiants. Cela en vue d’en faire des collectes pour les services de la ‘‘solidarité locale’’.
Dans la famille de Pascal Bukuru, dans une fratrie de six enfants, trois vivent avec handicap. «Des problèmes génétiques qui surviennent vers la troisième année après la naissance».
Il assure que sa famille est contrainte de recourir à la mendicité pour survivre. Leur mère, une veuve habitant le quartier Gatunguru, au nord de la capitale, est une cultivatrice, avec un petit lopin de terre. «On doit mendier. Avec trois inactifs dans la famille et sans aucune aide, il n’y a aucun autre recours».
Jacques Nshimirimana, commissaire chargé des questions des enfants à la Commission nationale indépendante des droits de l’homme(CNIDH), n’y va par quatre chemins. La mesure du ministre n’est pas en soi mauvaise, elle est d’ailleurs conforme à la loi.
Il invoque l’article 522 du code pénal : «toute personne valide qui exploite la charité comme mendiant de profession ou celle qui, par fainéantise, ivrognerie ou dérèglement de mœurs vit en état habituel de mendicité est punie de quatorze jours à deux mois de servitude pénale et d’une amende de 5 à 10 mille Fbu ou d’une de ces peines seulement».
Néanmoins, M. Nshimirimana insiste sur la nécessité des mesures d’accompagnement. « Ce sont des personnes qui doivent vivre comme tant d’autres.» A ses yeux, le gouvernement devrait s’investir dans l’urgence pour qu’il y ait un cadre de gestion des mendiants, en les réunissant dans des coopératives par exemple.