<doc516|right>« Je ne comprends pas la démarche d’Agathon Rwasa. Parce qu’un parti qui obtient 15 % des voix, moi je trouve que c’est un excellent résultat. C’était le deuxième parti de ce pays. Naturellement il devait devenir le leader de l’opposition. » Ce sont les mots du Délégué de l’Union Européenne d’alors, M. Dartenuq, que j’interviewais juste après les élections pour les besoins d’un livre en préparation.
Les propos du diplomate résumaient bien le sentiment de plusieurs observateurs. En fait, la stratégie d’Agathon Rwasa a toujours dérouté ses compagnons de route mais aussi ses alliés ou adversaires politiques.
L’ADC-Ikibiri expérimente ce que d’autres ont déjà vécu avec le leader des FNL. Pierre Buyoya raconte [dans son livre->http://www.iwacu-burundi.org/spip.php?article2337] que Rwasa n’a jamais eu une ligne politique constante et n’a pas pu choisir le bon moment d’intégrer le processus de paix. « Il n’aurait pas dû attendre, en effet, la fin des élections de 2005 pour, finalement, accepter de signer un accord de cessez-le-feu avec ses anciens frères d’armes», analyse l’ancien président. Pour Pierre Buyoya, « ce manque de clairvoyance a permis au Cndd-Fdd de lui ravir le leadership de la libération des Hutu malgré son ancienneté dans la lutte armée. »
Aujourd’hui, malgré les dénégations de son porte-parole, il est évident que le courant ne passe pas bien entre Rwasa et l’ADC-Ikibiri. Le divorce n’est pas encore (totalement) consommé, mais le malaise est là et risque même de s’accroître avec l’approche des élections. L’ADC-Ikibiri minimise et affirme pouvoir continuer la lutte politique même avec le retrait éventuel de l’enfant terrible. Mais quel serait le de poids de la coalition sans le FNL ? Bonne question.
Au Cndd-Fdd, le parti assiste avec jubilation à la scène de ménage et, à l’occasion, on attise gentiment le feu. L’éclatement de la coalition de l’opposition ouvrirait en effet un boulevard au parti présidentiel pour les prochaines élections…