L’Association des banques et établissements financiers du Burundi (ABEF) et le Club des dirigeants de banques et établissements de crédit d’Afrique ont organisé, lundi 3 juin, à Bujumbura, une conférence inaugurale au séminaire de formation Top Management sous le thème « Stratégie, gouvernance, technologies dans les banques en Afrique ». Le séminaire de formation qui a rassemblé des participants en provenance de différents pays d’Afrique porterait sur un thème novateur « Pour une approche RSE – ESG opérationnelle dans les institutions financières » . Les participants et les conférenciers ont recommandé la mutualisation pour surmonter les défis.
« Le thème du présent séminaire s’inscrit en droite ligne des préoccupations actuelles de développement durable et visibilité des banques Africaines », a indiqué Roger Guy Ghislain Ntwenguye, président de l’ABEF et Administrateur Directeur Général de la BCB, dans son mot de bienvenue.
Il a fait noter que les instances de tutelles ont quelque peu légiféré en matière de Responsabilité Sociale des Entreprises-Environnement, Social et Gouvernance (RSE-ESG). Mais, a-t-il précisé, les banques ont pris les devants et intègrent de plus en plus dans leur plan stratégique les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG), mesurant ainsi l’impact du développement de l’entreprise sur la société.
« Depuis sa création, il y a 35 ans, notre club sert de cadre panafricain de réflexion et de partage sur les questions majeures relatives aux banques et aux établissements de crédit », a souligné Trinitas Girukwishaka, vice-présidente du Club de dirigeants des banques et établissements de crédit d’Afrique et Administrateur Directeur Général de la BANCOBU, lors de l’ouverture dudit séminaire.
Pour elle, la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) désigne l’ensemble des actions que les entreprises engagent sur base volontaire, pour promouvoir les principes du Développement Durable.
Mais, s’est-elle interrogée, comment s’approprier l’approche RSE dans toutes ses dimensions opérationnelles ? comment élaborer et interpréter des reportings ESG et extra-financiers ? Comment utiliser des outils de mesure d’impact, de calcul de performance extra-financière et évaluer l’impact ESG ? Autant de questions qui seront abordées au cours de la formation de Top Management.
Quid des objectifs du séminaire ?
Selon Mme Trinitas Girukwishaka, le séminaire vise à renforcer les compétences des dirigeants afin de fournir aux cadres, administrateurs et dirigeants des banques des outils et des connaissances nécessaires pour intégrer efficacement les considérations ESG (Environnement, Social et Gouvernance) dans leurs stratégies de gouvernance.
Par ailleurs, a-t-elle ajouté, il a pour but de faciliter l’innovation technologique afin d’encourager les banques à adopter des technologies innovantes pour améliorer leur compétitivité, leur efficacité opérationnelle et leur résilience face aux défis futurs.
En outre, a-t-elle poursuivi, il vise à promouvoir la durabilité afin d’aider les banques à comprendre et à mettre en œuvre des pratiques de durabilité pour favoriser une croissance durable et responsable.
Il s’agit aussi de favoriser la collaboration et le partage des meilleures pratiques pour créer un espace de dialogue et d’échange d’expériences entre les dirigeants de banques, des administrateurs et cadres des banques pour surmonter les défis communs et partager les solutions innovantes.
Enfin, a-t-elle fait savoir, la formation entend préparer les banques à la transition écologique pour soutenir les institutions financières dans la mise en œuvre de financements verts et de stratégies visant à réduire leur impact environnemental et à promouvoir la résilience climatique.
De l’intégration ESG et du rôle de l’innovation technologique
Pour intégrer efficacement les considérations ESG dans leurs stratégies de gouvernance et leurs opérations quotidiennes, a fait savoir Mme Girukwishaka, les banques peuvent adopter les approches d’évaluation et de gestion des risques ESG.
Par ailleurs, il faut une formation, une sensibilisation et la mise en place de tableaux de bord ESG. Cependant, elle fait observer que l’innovation et l’investissements durables ne sera possible qu’avec l’engagement des parties prenantes.
Enfin, il faut une gouvernance proactive, c’est-à-dire intégrer les considérations ESG au niveau des comité spécialisés des conseils d’administration et des comités de direction, et veiller à ce que ces enjeux soient systématiquement pris en compte dans la planification stratégique.
Selon l’ADG de la BANCOBU, l’innovation technologique joue un rôle crucial dans la transformation des banques et ce de plusieurs façons.
D’emblée, elle énumère l’amélioration de l’efficacité opérationnelle. « Les technologies numériques permettent d’automatiser les processus, de réduire les coûts opérationnels et d’améliorer la qualité des services offerts aux clients » ; a-t-elle expliqué. Elle cite également le renforcement de la compétitivité, la gestion des risques et l’inclusion financière.
Pour équilibrer les coûts, elle suggère que les banques peuvent adopter une approche progressive, collaborer avec des partenaires technologiques, favoriser l’innovation interne.
Des bonnes pratiques
Selon la Vice-présidente du Club, les meilleures pratiques pour les banques africaines en matière de financement vert et de résilience climatique incluent le développement de produits financiers verts.
Elle propose les partenariats publics-privés dans le but de collaborer avec les gouvernements, les organisations internationales et les entreprises privées.
Mme Girukwishaka évoque l’utilisation de cadres et de standards internationaux et suggère l’évaluation de l’impact. Selon Mme Girukwishaka, la formation et la sensibilisation doivent être mise en avant.
Pour mettre en œuvre ces pratiques à grande échelle, a-t-elle proposé, les banques peuvent élaborer des stratégies de financement vert intégrées, offrir des incitations financières pour les projets verts, tel que des taux d’intérêt réduits ou des conditions de prêt avantageuses.
Il aura été important de noter le lien fort entre le thème de la conférence inaugurale « Stratégie, gouvernance, technologies dans les banques en Afrique » et celui du séminaire « Pour une approche RSE – ESG opérationnelle dans les institutions financières ».
Cette conférence s’inscrit en miroir aux deux journées de formation dans la mesure où l’enjeu ultime est celui de la mutation de nos institutions vers la durabilité.
Cette mutation requiert de nos institutions de réussir deux grandes révolutions : la révolution numérique et la révolution environnementale en lien avec les exigences sociétales et de gouvernance » a souligné le vice-président du club. Et d’ajouter que la réussite ne sera possible qu’avec le développement des alliances sectorielles et promouvoir la sensibilisation et l’éducation.
Des thèmes enrichissants
Au cours, de cette conférence inaugurale, le professeur Léonidas Ndayizeye a axé sa réflexion sur la stratégie d’expansion des banques en Afrique, la gouvernance et les défis.
D’emblée, il constate une expansion régionale des banques en Afrique. Ces dernières remplissent des standards internationaux notamment celles du Nigéria, Kenya, Maroc et de l’Afrique du Sud.
Parlant de la gouvernance dans les banques en Afrique, l’orateur reconnaît des évolutions importantes aux cours de ces dernières décennies qui se remarque à travers le renforcement des régulations, l’amélioration de la transparence, l’adoption des bonnes pratiques de gouvernance impliquant la séparation des rôles de Directeur et de Président de conseil d’administration et la mise en place des comités d’audit internes et l’innovation technologique.
Les défis ne manquent pas
M. Ndayizeye énumère l’environnement réglementaire variable malgré les tentatives d’intégration, les risques politiques, la concurrence des banques internationales.
Il évoque aussi le manque de transparence et de conformité, la gestion des risques, la corruption et pratiques frauduleuses, le manque de formation, de compétence et de personnel qualifié.
Pour relever tous ces défis, le professeur Ndayizeye recommande aux banques d’adopter des stratégies innovantes, de renforcer leurs pratiques de gouvernance et investir dans la formation de leurs personnels. Les banques doivent faire des partenariats et promouvoir la collaboration pour favoriser la transformation numérique et l’innovation.
Quid du lien entre stratégies et technologies ?
De son côté, Jonas Siliadin, consultant en gouvernance, risque et conformité, membre du laboratoire des idées du Club se pose des questions. Il constate que les banques utilisent beaucoup les technologies.
Il met en exergue un lien entre les stratégies et les technologies. « Il y a une concurrence entre les Fintech et les Regtech. La technologie diminue les coûts et facilite la consommation des produits bancaires ».
Dans les banques, fait-il observer, il y a ce qu’on appelle une minorité « sachante » qui dépend des prestataires et des fournisseurs. « Ce sont ces derniers qui nous disent comment la technologie évolue et dans le sens il faut aller », déplore-t-il.
Des défis, mais aussi des enjeux
Le consultant parle des défis liés au coût très élevé de la technologie, à l’absence de compétence surtout dans la gouvernance et une mesure d’impact souvent négligée.
Quant aux enjeux, M. Siliadin évoque le maintien à jour des évolutions technologiques, l’adéquation entre ces évolutions technologiques, son business, son model et ses projections stratégiques et la rentabilisation des investissements.
Afin de maîtriser ces enjeux, le consultant suggère de faire monter la responsabilité technologique, des supports vers la gouvernance. Il propose aussi de développer les compétences sur les questions technologiques.
M. Siliadin recommande de définir sa stratégie technologique et se donner des moyens de les déployer. Il s’agit de trouver des moyens de mutualisation pour amoindrir les coûts.
Enfin, il faut s’affranchir de la dépendance de la DSI (Direction des Systèmes d’Information) et de l’influence des prestataires et fournisseurs.
De la réglementation locale et de la transition écologique
Le professeur, Dhafer Saïdane insiste sur la réglementation tout en se posant des questions. « Faut-il adopter le « Common Law » ou le « Civil Law », ou faut-il une loi molle ou dure, le « Soft Law » ou le « Hard Law » ? Faut-il passer toujours par l’Assemblée nationale ou plutôt réfléchir à partir des comités d’audit, de risques » ?
Il épingle un autre défi lié à la cybersécurité qui est la plus horrible pour les dirigeants des banques africaines. Elle s’attaque au système d’information.
Par ailleurs, l’autre question est liée à la transition écologique. Et de faire conster que le Burundi émet 0,02% de gaz à effet de serre. Et pourtant, fait-il observer, le Burundi est placé 22e en termes de risques, de menaces, de vulnérabilité environnementale. « Nous sommes face à une injustice climatique. Les banquiers ont un rôle pour gérer cette injustice », alerte-t-il.
Des préoccupations
Les participants à la conférence ont émis des préoccupations quant à la composition du comité « technologie », et par où commencer pour relever les défis.
Ils ont demandé le rôle de l’Etat dans l’inclusion financière et les raisons qui empêchent les banques burundaises de s’étendre dans la sous-région. Ils ont évoqué aussi le déficit énergétique qui perturbe la connexion internet.
Par ailleurs, ils ont voulu savoir si réellement les clients des banques sont conscients des risques liés à l’environnement et comment les banques peuvent y remédier.
Participants et conférenciers s’accordent pour dire qu’il faut la mutualisation pour surmonter tous ces défis.
Quant à l’expansion des banques burundaises, un des conférenciers a fait savoir qu’elles sont freinées par le manque de moyens financiers. Pour pour y faire face, il a été proposé aux banques faire une syndication.
Ce différentiel hlahurissant profite aux Bihangange à qui on donne des devises .
On amène alors ces $ au marché noir.
Du jour au lendemain, on devient milliardaire.
On n’a alors pas besoin d’importer quoi que ce soir.
Elementaire mon Cher Watson.
La question des devises a été abordée, je pense. Les banques sont des intermédiaires dans la circulation des monnaies aussi bien locales qu’étrangères. Elles ont une immense expérience dans la manipulation des monnaies. On les entend rarement s’exprimer sur ce sujet, alors que ce sont des interlocuteurs privilégiés. La discrétion du métier, sans doute.
En cas de crise des devises comme nous le vivons aujourd’hui, quelles stratégies et solutions peuvent-elles nous proposer? il faut aussi se poser des bonnes questions au lieu de seulement nous contenter de blâmer et tirer à boulets rouges sur le gouvernement.
Je viens de consulter un site très apprécié en matière d’échange monétaire au monde, le $ Américain se vend exactement il y a quelques minutes a 2873 BIF alors qu’au marché noir de Bujumbura il se vend a environ 6000 BIF. De 6000BIF a 2873 BIF je crois que c’est la ou les choses se gachent.
@Mafero
En Union Sovietique (Moscou) dans les annees 1970, le taux de change officiel etait aux environs d’un dollar pour 95 kopecs (= centimes du rouble). Mais sur le marche noir c’etait un dollar pour 3,5 ou 4 roubles. Donc sur le marche noir, le dollar etait plus de 4 fois plus cher que le cours officiel.
Je n’ai jamais mis pied dans les magasins Berioska ou toutes les bonnes choses importees (biere Heineken, « jolis » parapluies japonais pour femmes,…) se vendaient en devises.