Mardi 16 juillet 2024

Économie

L’inflation et les réserves de change, deux défis à relever

05/06/2024 Commentaires fermés sur L’inflation et les réserves de change, deux défis à relever
L’inflation et les réserves de change, deux défis à relever
Faustin Ndikumana « Il faut que le gouvernement prenne des mesures qui s’imposent ».

Suite à la publication du Rapport de Politique monétaire du 1er trimestre 2024 par la Banque de la République du Burundi (BRB), Faustin Ndikumana, directeur national de l’organisation Paroles et Actions pour le Réveil des consciences et le changement des mentalités (Parcem) a fait une analyse critique de la situation économique actuelle du pays. Il met en lumière plusieurs défis majeurs auxquels le Burundi est confronté et formule des recommandations pour les relever.

Le rapport de la BRB détaille la politique monétaire et la situation socio-économique du pays. Faustin Ndikumana souligne que deux défis principaux restent omniprésents et préoccupants : l’inflation et le niveau des réserves de change.

L’inflation est décrite comme une problématique persistante qui continue à atteindre des niveaux alarmants. « Cette inflation touche tous les secteurs, notamment les produits alimentaires, les matériaux de construction, les médicaments et bien d’autres secteurs », observe M. Ndikumana.

Cette situation crée, selon lui, une « asphyxie » économique où même les opérateurs économiques commencent à abandonner progressivement leurs activités. À cela s’ajoutent les impôts et taxes élevés qui exacerbent la situation.

Il note également que les prix des produits de base montent en flèche. Ce qui rend la vie quotidienne des citoyens de plus en plus difficile. Par exemple, les files d’attente pour obtenir du carburant et le transport de personnes dans des conditions précaires montrent que la loi de l’offre et de la demande ne fonctionne plus correctement. La situation est décrite comme inquiétante et nécessite une introspection de toutes les parties prenantes.

En ce qui concerne le niveau des réserves de change, il est très bas. Cela influence le rapport entre le cours officiel du dollar et le cours sur le marché parallèle. Cette différence est presque le double. Ce qui constitue une situation alarmante pour l’économie nationale.

Le directeur national du Parcem appelle à une meilleure gestion de ces réserves. Il estime que « la Banque centrale devrait prendre des mesures de bonne gestion, de gestion parcimonieuse des devises ».

Il recommande la transparence dans la gestion du peu de devises disponibles. « Il faut un rapport d’utilisation des devises. Un rapport peut être hebdomadaire, mensuel ou trimestriel pour prouver la transparence. » indique-t-il.

Il propose aussi des études régulières sur le terrain pour identifier les manquements et prendre des stratégies correctives.

Nommer un gouvernement compétent

Faustin Ndikumana émet des recommandations qui sont de nature à stabiliser l’économie. Il insiste sur la nécessité pour le gouvernement de prendre des mesures fortes pour stabiliser et inverser la tendance actuelle. Il suggère même la possibilité de nommer un gouvernement plus compétent et mieux équipé pour faire face aux défis économiques.

Il est crucial de sécuriser les opérations d’importation pour éviter le détournement des devises. Il recommande « une réglementation stricte sur la gestion des devises et la mise en place de rapports détaillés prouvant l’embarquement réel des marchandises destinées au Burundi ».

Pour combattre la corruption endémique et restaurer la crédibilité du gouvernement, l’organisation propose l’élaboration d’une stratégie nationale de bonne gouvernance. Elle souligne que cette stratégie est essentielle non seulement pour la stabilité économique mais aussi pour renforcer la confiance des partenaires techniques et financiers. « Il faut élaborer une stratégie nationale de bonne gouvernance pour lutter contre la corruption ». Cela pourrait crédibiliser les actions du gouvernement et renforcer la transparence budgétaire.

Faustin Ndikumana appelle également à des réformes au niveau du ministère des Finances pour jeter les bases d’une transparence budgétaire renforcée et d’une implication publique accrue dans la gestion des finances publiques. « Le ministère des Finances doit engager le pays sur la voie des réformes pour renforcer la transparence budgétaire et l’implication du public dans la gestion budgétaire », insiste-t-il.

Cette approche pourrait augmenter la crédibilité du gouvernement vis-à-vis de ses partenaires financiers. Quant au ministère des Affaires étrangères, il doit faire tout pour que la stratégie de coopération, la stratégie de mobilisation des financements extérieurs accouche des résultats concrets.

Le directeur national de Parcem souligne l’urgence d’adopter une nouvelle stratégie à la hauteur des défis actuels. « Il faut des mesures fortes pour remettre le Burundi sur la voie de la stabilité et du développement économique durable », affirme-t-il. Sans une action déterminée et coordonnée, la réalisation des visions nationales pour 2040 et 2060 restera un objectif hors de portée.

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