Contrairement à ce que pense une large partie de l’opinion publique, l’infertilité concerne également les hommes. Confrontés à ce problème, ceux-ci le vivent mal. Psychologiquement, ils encaissent un coup dur.
<img7494|right>L’infertilité masculine est un sujet encore tabou. Ainsi, aucun homme n’a accepté de témoigner, et ce même de manière anonyme. Ce sont plutôt les épouses qui ont accepté d’exprimer leur détresse face au comportement de leurs maris dans la gestion de ce genre de problème.
Jeanne est une mère d’une petite Sara âgée de 4 ans. Il y a deux ans, elle a voulu mettre la deuxième en route mais en vain. Elle a consulté mais son médecin traitant n’a trouvé aucune anomalie. Monsieur subit à son tour une analyse via spermogramme. Verdict : il souffre d’oligospermie, c’est-à-dire une présence trop faible de spermatozoïdes. Ce dernier ne l’accepte pas et refuse même de prendre les médicaments prescrits.
Le cas de Jeanne n’est pas isolé. Ainsi, Diane Barakana, mariée depuis plus de cinq ans, n’a pas encore eu d’enfants. Après un bilan médical, il s’est avéré que les spermatozoïdes de son mari étaient faibles et leur nombre insuffisant pour concevoir. « Il ne l’a pas accepté et pense que le diagnostic est faux » confie-t-elle. Pourtant, selon un professionnel de la santé, ce problème est courant. Le traitement à base de médicaments existe bel et bien sur le marché burundais. Il dure normalement entre 2 à 6 mois selon l’origine de la pathologie.
Un ressenti très négatif
D’après Jean Bosco Ndayishimiye, psychologue, avec l’évolution de la médicine moderne, on diagnostique facilement les problèmes de fertilité chez l’homme. « C’est la culture qui fait que les concernés soient orgueilleux au point de réprimer les résultats. Un ressenti très négatif» D’ajouter qu’en matière de couple, en cas d’infertilité, les soupçons sont toujours portés sur la femme. « Culturellement et traditionnellement, c’est l’homme qui part à la recherche de la femme. Elle occupe une position inférieure. Dans un couple qui n’a pas eu la chance d’avoir des enfants, c’est la femme qui est pointée du doigt. » Si c’est le cas contraire, l’homme se sent diminué. Il vit cela comme une humiliation.
Selon le psychologue, le fait qu’il se sente responsable de ne pas avoir d’enfants le fragilise par rapport aux attentes sociales. Un fardeau assez pénible à porter. L’homme éprouve alors un sentiment de culpabilité qui l’empêche de manifester ses sentiments d’affection. Il sera tenté de s’isoler, de s’écarter de sa femme et de son entourage. Une grande déception pour toute la famille et pour les amis proches.
Par conséquent, prévient le psychologue, « cela peut entraîner des problèmes psychologiques pouvant être à l’origine d’une impuissance secondaire, une éjaculation précoce voire même à un renoncement aux rapports sexuels car il sait que cela ne va rien donner.» Le spécialiste poursuit : « Le mari a besoin d’encouragements, de soutien, de compréhension de la part de son épouse en essayant de montrer le même attachement amoureux. » Car, avertit le psychologue, en cas de réaction maladroite de l’entourage, il peut sombrer dans le désespoir. Dans les tentatives de fuites, il peut développer les mécanismes de défense en se réfugiant dans la drogue ou le donjuanisme. Dans le pire des cas, les plus faibles peuvent aller jusqu’au suicide.