Mardi 05 novembre 2024

Économie

« L’industrie burundaise fait face à plusieurs défis »

19/12/2019 Commentaires fermés sur « L’industrie burundaise fait face à plusieurs défis »
« L’industrie burundaise fait face à plusieurs  défis »

Mardi 3 novembre dernier, le Burundi a célébré la journée mondiale pour l’industrialisation de l’Afrique. Audace Ndayizeye, président de la Chambre fédérale du Commerce et d’industrie du Burundi, soulève les principaux défis de l’industrie burundaise et propose quelques solutions.

Peut-on dire qu’il y a des industries au Burundi ?

L’industrie burundaise est encore au stade embryonnaire. On ne peut pas la comparer à celle de certains pays africains ayant une tradition industrielle comme l’Afrique du Sud.

Quels sont types d’industries qui opèrent au Burundi ?

L’industrie burundaise est surtout dominée par des industries agro-alimentaires. Ces dernières produisent de la bière, des limonades, de la farine, etc.  Par ailleurs, certaines industries se sont délocalisées à l’intérieur du pays.

L’industrie manufacturière occupe une place aussi importante. On constate également que l’industrie textile, des imprimeries et d’autres commencent à se développer. Récemment, de nouvelles catégories d’industries sont entrées dans la gamme des industries burundaises. Il s’agit de l’industrie de traitement des terres rares et celle qui fabrique l’engrais.

Quelle la part de l’industrie dans la création de richesse ?

Selon les données de 2017, l’industrie burundaise représente 17% du PIB (Produit intérieur brut) et emploie 2% de la population burundaise.

Quid de l’industrie touristique ?

Au Burundi, l’industrie touristique est peu développée par rapport certains pays de l’East Africa Community, notamment le Kenya et la Tanzanie. Deux principales raisons expliquent ce retard.

D’abord, le Burundi est enclavé. Le coût de transport est élevé. Les compagnies aériennes reliant Bujumbura au reste du monde facturent des billets assez dissuasifs qui peuvent empêcher les touristes de venir visiter notre pays.Ces derniers veulent toujours voyager à moindre coût.

Ensuite, le Kenya et la Tanzanie disposent de pôles d’attraction comme les parcs  qui hébergent une grande variété d’animaux sauvages. Sur base de ces atouts, ils ont développé une industrie hôtelière pour héberger les touristes.

Quel est l’état des hôtels ?

Les infrastructures hôtelières ne sont pas au point, malgré que le Burundi a connu une avance significative en termes d’investissement dans le domaine hôtelier, depuis 2010.

Mais les choses commencent à s’améliorer. Dans chaque province, les touristes peuvent trouver un hôtel décent. Il  y a un développement visible, depuis ces dix dernières années.

Quel est le plus important défi ?

Le secteur industriel fait face à plusieurs  défis.Le manque d’accès au financement est le plus important. Les hommes d’affaires burundais manquent de capitaux suffisants pour se lancer ou innover dans ce secteur. Par ailleurs, la construction d’une usine demande beaucoup d’argent. Pour réaliser un tel projet, les opérateurs doivent se ressourcer dans les banques commerciales.

Quelles sont les conséquences de la pénurie de devises ?

L’impossibilité d’importer des machines indispensables pour monter une usine demande des liquidités suffisantes de devises. Ce handicap bloque également les industries en activité. Ils ne peuvent ni importer les matières premières ni remplacer immédiatement une machine défectueuse. Ainsi, les conséquences s’accumulent. La chaîne de production est brisée. Ce qui entraîne des coûts supplémentaires.

La position géographique du Burundi est-elle favorable à l’émergence de l’industrie ?

Pas du tout ! Les frais de transportreprésentent aussi un grand défi pour les industriels burundais. Notre paysn’accède pas à l’Océan indien comme le Kenya et la Tanzanie. Les matières premières qui passent par la voie maritime doivent transiter dans d’autres pays. Ce qui alourdit les charges.

Ainsi, les industriels dépensent beaucoup d’argent pour payer le transport des matières premières importées. Ce qui hausse les coûts de production. Les produits finis sont chers sur le marché. Du coup, l’industrie burundaise est évincée sur le marché international.

Quid de la concurrence étrangère ?

La concurrence étrangère menace également les industries burundaises. On constate que la politique de la suppression des barrières tarifaires profite aux grands pays industrialisés. On constate que les biens importés de  Chine, par exemple, sont moins chers par rapport à ceux fabriqués au Burundi. Ce qui étouffe les initiatives industrielles de petits pays, dont le Burundi.

L’industrie burundaise souffre aussi du manque d’emballages adéquats et de qualité. Cela diminue la compétitivité de nos produits. Nos produits n’ont pas accès  aux marchés.

Enfin, la certification des biens produits au Burundi pose des problèmes aux industriels. La capacité du Bureau burundais de Normalisation et de contrôle de qualité ne suit pas le rythme de production industrielle.

Peut-on espérer la réouverture des industries publiques fermées ?

Oui, il y a de l’espoir. On voit par exemple le Cotebu, jadis fermé, a relancé ses activités sous une autre forme.

D’ici peu, une industrie russe TLLINNO va produire des bouteilles et des verres. Une réflexion est en cours.  Elle s’est déjà installée dans les enceintes de l’ancienne Verundi.

L’Etat a échoué dans le secteur industriel ?

L’Etat n’a pas complètement échoué.En l’absence du secteur privé, il faut que l’Etat développe le secteur industriel. Mais, cela a permis qu’on relance le Cotebu sous une autre forme.  Si l’Etat n’avait pas investi dans le Cotebu, l’Afritextile ne serait pas là. A l’époque, aucun entrepreneur national  ne pouvait construire Cotebu ou Verundi.

Comment s’en sortir ?

Deux principales solutions peuvent réduire ces défis. Il faut réduire le taux d’intérêt et mettre à la disposition des industriels des devises suffisantes. Pour le moment, les industriels doivent profiter de la disposition mise en place par la BRB pour accéder au financement. Le secteur industriel mettant un accent particulier sur les activités créatrices de valeurs, la promotion des exportations est prioritaire.

Désormais, le coût d’investissement est ramené à un prix raisonnable. Le taux d’intérêt maximal à appliquer au dernier bénéficiaire sera de 5% pour les microfinances. Pour les établissements de crédit qui financent directement les projets, le taux est fixé  à 6%.

BRB

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