Carina et Lewis, deux chercheurs de Human Right Watch avaient pris beaucoup de précautions pour ne pas heurter le gouvernement avec ce rapport. Convaincus que leur travail est équilibré, ils ont rencontré plusieurs personnalités, dont un proche du président de la république pour expliquer leur démarche. Tout semblait se dérouler normalement et les deux chercheurs étaient satisfaits de leurs contacts avec plusieurs officiels. C’est avec le ministre de l’intérieur que la situation s’est gâtée. Edouard Nduwimana a tout simplement interdit la présentation publique de ce rapport. Un ministre de l’Intérieur, au Burundi ou ailleurs, a bien le droit, c’est même son devoir, d’interdire un événement susceptible de troubler l’ordre public. A notre avis, la présentation officielle de ce rapport ne présentait aucun danger. Par ailleurs, à l’ère d’internet, il est illusoire d’imaginer que l’on peut interdire vraiment la diffusion d’un document. En quelques clics, le texte est à la portée du monde entier. Interdire n’est donc pas la bonne solution. Il faut plutôt lire ce genre de rapport, détecter les erreurs éventuelles, contester, argumenter, prouver. Bref, se battre sur le même terrain que ceux qui font les rapports. Autrement, censurer, interdire, laisse la triste impression que l’on a peur de la vérité, de la confrontation. Et puis, tous les spécialistes en communication le disent : censurer est le meilleur moyen d’assurer la promotion. Ainsi, le rapport de Human Right Watch est sur tous les sites qui s’intéressent au Burundi et il a été commenté par tous les médias locaux et internationaux. Question de bon sens : fallait-il vraiment interdire sa publication ?