« Un procès N°RC315 portant sur une propriété foncière située à proximité du chef lieu de la commune Matongo serait à la base de la mort de Léonard Hakizimana. » C’est le résultat d’une enquête indépendante, présentée ce mardi 15 mai, à Bujumbura, par la Ligue Iteka, que représentait le défunt à Kayanza.
<doc4010|left>D’après le rapport présenté par Joseph Ndayizeye, président de la Ligue Iteka, feu Léonard Hakizimana représentait son fils Melchisédech Izompa en procès contre la commune Matongo qui voulait la lui spolier. Curieusement, précise ce rapport, Matthieu Bazira, président du parti Cndd-Fdd représentait la commune Matongo dans ce procès. « Et cela se faisait sans mandat ni procuration de l’ex- administrateur communal de Matongo», poursuit le rapport.
Selon ce rapport de trois pages, avant la clôture du procès, avec la complicité d’un certain Moïse Nikobamye et de Mussa, le chargé du service de renseignement dans la commune, Matthieu Bazira s’est octroyé la propriété sans autre forme de procédure. Cette propriété a été cédée aux démobilisés pour exploitation. « Des intimidations ont suivi cette spoliation », précise-t-il.
Intimidations et menaces de mort
Constatant cette spoliation, ce rapport indique que feu Léonard Hakizimana a protesté, mais en vain. Et puis, mentionne le rapport, au lieu que le procès suive son cours normal, Léonard Hakizimana a subi des intimidations et menaces de mort visant à l’empêcher de revendiquer cette propriété.
Le 25 juin 2011, il a adressé une correspondance à Matthieu Bazira avec copies pour l’administrateur de la commune Matongo et au Président du Tribunal de Grande Instance de Kayanza. Il mentionnait que Matthieu Bazira est son véritable ennemi et qu’il ne se sentait pas en sécurité.
Le rapport signale qu’il avait reçu des menaces de la part de ce responsable du parti Cndd-Fdd lui intimant l’ordre de quitter, de gré ou de force, les locaux d’une coopérative maraîchère de Matongo (COMMA). La veille de sa mort et quelques minutes avant son assassinat, le rapport souligne qu’il a reçu des appels téléphoniques inhabituels.
__________________
– [« L’avocat de Matongo » assassiné->www.iwacu-burundi.org/spip.php?article2085]
_________________
Des filatures
Le jour de son assassinat, ce rapport indique que feu Léonard Hakizimana était descendu à Bujumbura dans un même véhicule que Moïse Nikobamye ex-administrateur ad intérim de la commune Matongo en 1994.
Selon le rapport, le même jour, Moïse Nikobamye et Evariste Ngendakumana alias « Kambilis » ont tout fait pour partager un verre avec la future victime à Kiziba, Colline Musonge. Notons qu’Evariste Ngendakumana n’était pas en bon terme avec le défunt.
Le rapport signale que c’est après la séparation de la victime et ces deux hommes (Moïse Nikobamye et Evariste Ngendakumana), que feu Léonard a été sauvagement assassiné, à peine arrivé chez lui.
Un entourage hostile
Le rapport parle aussi du rôle des voisins de la victime. Un certain Onésime alias « Jagen » avec qui Léonard Hakizimana était en conflit, déclare que ce dernier avait des visiteurs jusqu’à minuit, dans la soirée du 15 février 2012.
Joseph Ndayizeye, président de la Ligue Iteka se demande comment une personne peut avoir des visiteurs jusqu’à cette heure si avancée, dans un milieu non éclairé. « Ce qui ne manque pas de soulever des interrogations », insiste-t-il.
Césarie, dont la maison est à proximité de celle de la victime, affirme qu’elle a vu des hommes munis de torches et de machettes circuler aux alentours de la maison de la victime. Le président de la Ligue se demande pourquoi elle n’a pas crié au secours ! Selon lui, ce comportement frise la complicité.
Au terme de cette enquête, la Ligue Iteka recommande au Parquet de Kayanza de poursuivre en justice les personnes citées dans ce rapport. Elle exige aussi l’analyse du contenu des communications échangées par téléphone avec feu Léonard Hakizimana le même jour et/ou la veille de son assassinat. La Ligue Iteka recommande également d’interroger les parties adverses dans le dossier foncier N° RC 315.
Joseph Ndayizeye se demande comment et pourquoi les enquêtes policières se sont clôturées sans qu’aucun prévenu ne soit identifié. Il promet de suivre de prêt le dossier jusqu’à ce que les assassins soient appréhendés et punis.
Signalons que le dossier a été transmis au Parquet de la République de Kayanza depuis le 9 mars. Il est enregistré sous le N° 13017/MD pour instruction pré juridiction du Ministère Public.