Cinq Burundais ont été libérés, après avoir été capturés en RDC en mai dernier en possession d’armes. Déception totale du côté des populations des deux pays.
<doc4246|left>D’aucuns disaient déjà que leur emprisonnement sera de courte durée. Les faits viennent de leur donner raison. Les enquêtes menées par Iwacu révèlent que ces personnes attrapées en RDC sont libres, depuis vendredi 25 mai de cette année. Arrêtés lundi 21 du même mois, par les éléments des Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC), ces cinq Burundais portaient des armes. Ils avaient pris en otage sept Congolais, le chef de poste Lubengi près de la Rusizi, à la frontière avec le Burundi, et son agent de transmission. Au moment de leur arrestation, ils ont indiqué être envoyés, par certains hauts gradés de la police nationale, pour traquer des FNL au Congo. Ils ont alors été conduits au centre Luvungi, le même jour, au 104ème régiment pour interrogatoire.
Transférés, puis libérés deux jours après
Mercredi 23 du même mois, vers 6 heures du matin, ils sont transférés dans un auditorat militaire d’Uvira, selon des informations recueillies auprès des militaires du 104ème régiment de Luvungi.
Vendredi 25 mai, vers 8 heures du matin, précisent nos sources en RDC, ces personnes sont libérées et conduites au Burundi à bord d’une camionnette de la police nationale. «Cette camionnette a franchi la frontière burundaise en passant par Vugizo», témoigne une autre source au Congo.
Le chargé des renseignements auprès des FARDC dans la 1ère région d’Uvira affirme avoir gardé ces personnes pendant 48 heures, selon la loi congolaise. Et d’ajouter aussitôt : « Nous avons reçu beaucoup d’appels des autorités policières de Bujumbura nous sommant de les transférer immédiatement à Uvira.» D’après lui, ces autorités savaient probablement que ces malfaiteurs seraient libérés dès leur arrivée à Uvira. Iwacu a essayé de joindre les autorités militaires d’Uvira pour plus de précisions sur cette libération sans succès.
Déception du côté de la population
U.T., un habitant de Luvungi, qui avait été arrêté par ces Burundais, n’est pas rassuré : « Nous craignons qu’ils nous fassent du mal si nous nous rendons dans nos champs.» Comme ils ne sont pas inquiétés, il craint qu’ils continuent à commettre des forfaits.
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– [RDC : rebelles ou émissaires du gouvernement burundais ?->www.iwacu-burundi.org/spip.php?article2801]
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N.A., un motard de Luvungi, pense que la justice populaire est inévitable, car la population a été déçue par cette libération. Selon Ombeni Kimbumbu, chef de groupement de Luvungi, les habitants de sa circonscription espéraient que la criminalité diminuerait. Mais, d’après lui, ces criminels vont toujours commettre des forfaits en RDC et se replier au Burundi, comme d’habitude. C’est pourquoi, il préconise des sanctions à l’endroit de ceux qui les ont libérés.
Des habitants de Rugombo montent au créneau
La population du secteur Rukana à Rugombo, commune frontalière à la RDC, avait poussé un ouf de soulagement, après l’arrestation de Théophile Manirakiza. Selon les dires de cette population, il intimidait tout le monde du fait qu’il travaille pour les services secrets burundais. Toutefois, la même population a perdu espoir puisque Théophile est revenu à Rugombo et continue à y faire la pluie et le beau. Le 1er juin, vers 6 heures du matin, Théophile a intimidé Jackson Bahati, correspondant du Journal Iwacu, dans la province de Cibitoke, pour avoir mené des enquêtes sur son arrestation. D’après ce journaliste, il lui a dit que sa tête sera coupée et jetée dans la Rusizi. « Cette question a été soumise au responsable du SNR, au commissaire de police et au procureur de la République dans la province de Cibitoke », souligne Jackson Bahati.
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<img4094|left><img4095|left><img4096|left><img4097|left><img4098|left>{Ces cinq personnes arrêtées puis libérées sont : Théophile Manirakiza, Bernard Niyonkuru, Benoît Bizindavyi, Marc Nsandaganya, Jean Paul Ndikuriyo.}
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Interrogé par Iwacu sur cette libération, Jérôme Ntibibogora, commissaire provincial de police à Cibitoke, dit ne pas être au courant. Toutefois, il indique avoir déjà donné l’ordre d’arrêter Théophile.
Elie Bizindavyi, porte-parole de la police, ne sait rien de cette libération car, selon lui, le gouvernement congolais n’a jamais saisi le Burundi pour ce cas. Or, constate-t-il, les modalités de transfert de ces cinq Burundais devaient être communiquées officiellement. « Les forces de l’ordre congolaises auraient dû donner le rapport des enquêtes», fait-il remarquer. Puisque cette démarche n’a pas été entreprise, conclut Bizindavyi, cette situation porte toujours confusion.