L’Aprodh salue, sous réserve, l’action du Procureur général de la République. Pour Pierre Claver Mbonimpa, président de cette association qui défend aussi les droits des prisonniers, désengorger les prisons du Burundi est très louable. Mais faudrait-il que la liste fixée par la commission ad hoc soit scrupuleusement observée.
En effet, certains noms auraient été rayés avant la libération des 328 détenus, ce 6 octobre, de la prison centrale de Mpimba, poursuivis pour des infractions mineures, constate-t-il.
Ainsi, Pierre Claver Mbonimpa donne l’exemple de Maître Nyamoya qui devait recouvrer sa liberté provisoire, mais dont le nom a été enlevé de la liste à la dernière minute : « Cela montre qu’il y a une main invisible d’un haut placé qui a remis en cause le travail de la commission », s’insurge-t-il. D’où une détention qui a des allures politiques.
Pourtant, le Procureur Général de la République, Valentin Bagorikunda affirme haut et fort qu’au regard de la loi burundaise, il n’y a pas de prisonnier politique. Selon lui, le détenu est emprisonné suivant l’infraction commise.
En outre, poursuit le défenseur des droits des prisonniers, certains faits sont inquiétants compte tenu de la teneur des dossiers d’un bon nombre de prévenus libérés : « Qu’en sera-t-il des réclamations de la partie civile s’ils devaient payer des amendes est libéré provisoirement, lorsqu’on sait qu’à ce stade, les dossiers sont souvent classés sans suite ? », se demande-t-il.
Si Pierre Claver Mbonimpa salue la libération de ces prévenus, il aurait préféré que les condamnés le soient en premier : « On en trouve beaucoup qui sont incarcéré injustement, dont les chefs d’accusations ne les auraient nullement conduits à Mpimba ou dans d’autres prisons du pays. »
Il espère, néanmoins, que l’initiative du Procureur général de la République visant à désengorger les prisons du pays, va se poursuivre jusqu’à atteindre une population carcérale de 4500 individus sur les 11 600 actuellement enregistrés par l’Aprodh, en août 2011.