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Société

Libérat Ntibashirakandi : « Des pistes concrètes pour relever la qualité de l’enseignement »

05/05/2013 Commentaires fermés sur Libérat Ntibashirakandi : « Des pistes concrètes pour relever la qualité de l’enseignement »

Relever le niveau des élèves du cycle supérieur de l’enseignement secondaire. C’est le pari de la diaspora burundaise de Belgique, réunie notamment au sein de la DBB. Son président, Libérat Ntibashirakandi, expert en éducation explique cet ambitieux projet.

Tout d’abord, le niveau des élèves a-t-il seulement baissé au cycle supérieur ?

Le faible niveau des élèves est un constat fait par tous. C’est même une question nationale. En plus, avec l’avènement de la reforme de Bologne dans l’enseignement supérieur, cela sous-entend que les programmes dans les premières années ont été revus mais pas ceux du secondaire. L’idée est de faire en sorte que les élèves qui terminent le secondaire maîtriser les prérequis de base pour aborder le cursus universitaire dans le nouveau système. Le projet de la diaspora de la Belgique viendrait en appui aux initiatives en cours notamment la révision des programmes du post fondamental. La baisse du niveau concerne tous les paliers des l’enseignement.

Concrètement, comment allez-vous vous y prendre ?

Nous avons les données sur les résultats de l’examen de l’Etat de juin 2012. Nous connaissons la première et la deuxième école par discipline et par section. On va contacter ces écoles puis solliciter les meilleurs enseignants à travailler en équipe produire le livre de l’enseignant par domaine et par section. Ces livres des enseignants seront valider par des pilotes du domaine concerné : burundais qui enseignent les même disciplines en Belgique et un enseignant de Bac1 de l’université du Burundi ou de l’Ecole normale Supérieure. Par après, ces livres seront multipliés.

N’est-il pas paradoxal de commencer avec les meilleures écoles ?

L’idée est d’amener les enseignants burundais à travailler en réseau, de faire un travail collaboratif. De faire en sorte que les meilleures écoles remorquent celles qui ne sont pas les mieux classées. Les raisons de ce mauvais classement sont liées aux ressources pédagogiques qui ne sont pas de qualité. Ce livre va résoudre ce problème. Aussi, des enseignants ne sont pas bien formés à la pédagogie et à la méthodologie. Raison pour laquelle nous songeons au recyclage des enseignants. Ils seront accompagnés à travers une inspection par des conseillers pédagogiques. Nous plaiderons auprès du Gouvernement pour que les enseignants soient accompagnés par des conseillers pédagogiques.

C’est un projet très ambitieux. Avez-vous les moyens ?

Nous allons les chercher. Nous comptons organiser des activités génératrices de fonds en Belgique. Néanmoins, la récolte ne sera pas à la hauteur de l’ambition du projet. Comme le faible niveau des élèves est une question nationale qui concerne tous les Burundais, nous allons interpeller tous les Burundais de la diaspora et de l’intérieur du pays à financer ce projet. Tous sont conscients de ce problème. Si on ne fait rien d’ici 5 à 10 ans, le Burundi risque d’être phagocyté par les pays de la sous région. Qui travaillent aujourd’hui dans les banques, les maisons d’assurance et dans les hôtels ?

Comment allez-vous lever les fonds ?

Nous allons essayer d’expliquer en détails le projet en présentant les activités y compris les coûts par activité. Nous comptons mettre en place un comité de gestion composé par des hommes et des femmes intègres pour rassurer les Burundais que l’argent qui sera récolté servira à financer le projet de la relève du niveau des élèves. Un compte bancaire sera ouvert au Burundi et en Belgique et probablement dans d’autres pays européens. Tout se fera en étroite collaboration avec tous les acteurs du système éducatif burundais en commençant par les ministères concernés. Sans oublier la société civile, les syndicats, l’université du Burundi… Nous allons aussi solliciter les pays amis à travers leurs ambassades pour qu’ils puissent financer certaines activités de ce projet.

Quel est le coût du projet ?

Nous estimons qu’il va coûter autour de centaines de milliers d’euros. Prochainement, nous allons calculer le coût par activités et tous les Burundais seront informés.

La contribution des familles risque d’être faible, la plupart des familles vivent dans la misère et la précarité …

Il y a un dicton burundais qui dit Akimuhana kaza imvura ihise. Nous devons compter sur nos propres forces. Nous sommes conscients des difficultés financières dont les familles doivent faire face. Ce qui compte, c’est le geste. Si les Burundais sont conscients de ce problème, il y a moyen d’avoir un financement consistant pour atteindre cet objectif.

Cela ne relève-t-il pas de la responsabilité du ministère de l’enseignement secondaire de rehausser le niveau des élèves ?

L’important est que le projet rentre dans la politique sectorielle dudit ministère. Si les autorités s’approprient le projet et qu’il est réalisé comme nous l’avons conçu, on aura atteint notre objectif. Les ministères concernés ont besoin d’un coup de pouce de la diaspora qui souhaite s’impliquer dans le développement du pays en commençant par son moteur qui est l’éducation.

A quand envisagez-vous le début du projet ?

Notre souhait est que les livres de l’enseignant soient disponibles à la rentrée scolaire 2014-2015 vers le mois de septembre 2014, pour les connaissances fondamentales : maths, français, anglais, physique, chimie, biologie et informatique.

Quand est-ce que l’impact du projet sera perceptible ?

Il faut attendre trois ans pour voir les retombées du projet. Nous comparerons les résultats de l’examen d’Etat de 2013 et 2014 avec ceux de 2015, 2016 et de 2017. Par ailleurs, un des volets du projet, c’est l’évaluation. Il y aura d’ailleurs là-dessus une recherche qui sera menée. En 2017, on aura une petite idée des retombées sur le niveau des élèves.

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