Après plus d’un an de détention, les organisations de défense des droits humains et la famille de Germain Rukuki demandent sa libération. Mal en point en prison de Ngozi, sa famille plaide pour sa libération afin qu’il puisse se faire soigner.
« Je me demande le mal qu’il a pu faire dans le cadre de sa fonction de défenseur des droits humains pour mériter une telle sentence», s’interroge un membre de la famille de Germain Rukuki. Ce défenseur des droits de l’Homme, ancien employé de l’ACAT-Burundi et représentant légal de l’association Njabutsa Tujane, a été condamné, le 26 avril 2018, par le Tribunal de Grande Instance de Ntahangwa, à 32 ans d’emprisonnement, pour « mouvement insurrectionnel », « atteinte à la sûreté intérieure de l’État » et « rébellion ».
Germain Rukuki avait été arrêté à son domicile sis dans le quartier 6 de la zone Ngagara, commune Ntahangwa en mairie de Bujumbura, par le Service national de renseignement (SNR). Le jour de son arrestation, Pierre Nkurikiye, porte-parole de la police, avait déclaré : «Il a été appréhendé avec des preuves qui montraient comment ils ont utilisé des armes et des stupéfiants lors des manifestations.» De plus, avait-il poursuivi, il est aussi accusé d’aider dans l’élaboration des «rapports biaisés» sur le Burundi.
«Après son arrestation, sa famille a pris le chemin de l’exil. Son troisième fils, qui a 8 mois, est né lorsque Germain était en prison», témoigne un autre membre de la famille. Selon lui, les deux autres enfants demandent constamment pourquoi leur papa ne rentre pas ou ne les appelle pas.
D’après sa famille, Germain Rukuki s’est fracturé, le 8 juin 2018, une cheville et il s’est blessé à l’épaule. «Le 11 juin 2018, il a été opéré à l’Hôpital de Ngozi. A notre désarroi, il a été de nouveau transféré à la prison de Ngozi, une semaine après, alors que son état de santé est encore critique ».
Sa famille demande une liberté provisoire
«En prison, il a d’énormes difficultés à se déplacer. Il doit se faire aider. Il reçoit des soins pour les plaies sur sa cheville opérée et des massages pour son épaule. Tout cela dans un endroit non propice et avec des moyens élémentaires ». Sa famille demande avec instance qu’il bénéficie d’une liberté provisoire pour pouvoir bénéficier de soins de santé convenablement. «Il lui est difficile de faire des séances de rééducation de son pied en prison. Il lui faut un traitement médical adéquat et des soins de réadaptation complets dans un hôpital pour prévenir toute séquelle à long terme.»
«La prison possède un docteur. C’est lui qui décide des transferts s’il le juge nécessaire», indique le directeur de la prison de Ngozi. D’après lui, son établissement a fait tout ce qui était en son pouvoir.
La famille de Germain Rukuki demande aussi que son dossier judiciaire soit traité avec rapidité. D’après elle, les conclusions d’appel ont été déposées à la Cour d’Appel en date du 27 juin 2018.
Et d’ajouter que le Tribunal de Grande Instance de Ntahangwa a reçu, il y a environ deux semaines, une correspondance de la Cour d’appel pour lui transférer le dossier. «Curieusement, ce tribunal traîne les pieds. On se demande pourquoi ».
Pour rappel, plusieurs organisations de défense des droits humains, comme Protection International et l’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme (OMCT-FIDH) ainsi que le Parlement européen ont invité les autorités burundaises à libérer immédiatement et sans condition Germain Rukuki et les autres défenseurs des droits humains emprisonnés.