Les modèles économiques libéraux de l’Occident peuvent-ils s’appliquer en Afrique et au Burundi ? Une des questions évoquées lors du sommet économique des Grands Lacs organisé par le CDE et l’API . La réponse est complexe et chaque pays doit trouver son modèle selon ses spécificités économiques.
« Le Burundi est sous-industrialisé. Avec les géants en industrialisation comme la Tanzanie et le Kenya, si on ne protège pas nos industries, pourra-t-on concurrencer les économies autour de nous ? », a demandé M. Denis Nshimirimana, Secrétaire générale de la Chambre fédérale de Commerce et de l’Industrie au Burundi lors du sommet économique des Grands Lacs organisé par le Centre pour le Développement économique des Grands Lacs (CDE) en collaboration avec l’Agence pour la promotion des investissements (API) ce 14 octobre à Bujumbura. Les invités étaient des opérateurs économiques du secteur public et privé.
La liberté économique, a expliqué Martin Banyiyezako du CDE, reflète la capacité des individus et des familles à prendre leurs propres décisions économiques sans trop d’ingérence notamment du gouvernement. Jean Marie Ndikumagenge du ministère du Commerce et de l’Industrie s’est interrogé si les modèles économiques libéraux de l’Occident peuvent s’appliquer en Afrique et au Burundi.
Pour le Pr Léonidas Ndayizeye de la faculté des sciences économiques et de gestion à l’Université du Burundi, « l’affirmation des puissances émergente comme Brésil, Inde, Afrique du Sud, Corée du Sud… doit beaucoup à leur politique de libéralisation commerciale. » Il confie que le produit intérieur brut par habitant en Corée était inférieur à celui de certains pays africains. Il révèle par exemple qu’aujourd’hui son PIB par habitant est de 31 362,75 USD plus de 32 fois supérieur à celui du Soudan qui est de 977,27 USD. L’économiste indique que « tout est possible, il suffit de s’ouvrir et voir comment attirer les investissements directs étrangers. »
« Ouverture progressive »
Quant à Hicham EI Moussaou, conférencier et consultant du CDE à distance, chaque pays doit trouver son propre modèle puisqu’il a ses spécificités : sa culture, son héritage local… Il propose une ouverture progressive, mais limitée dans le temps. Car, fait-il remarquer, la protection c’est la compétitivité. Dans sa présentation intitulée « La liberté économique: un outil de lutte contre la pauvreté », ce professeur de l’Université Roi Mohamed IV du Maroc, soutient que la liberté économique est une source de prospérité d’un pays, car elle permet la créativité et l’ingéniosité »
Néanmoins, selon certains des experts économistes avisés, bien que le principal argument des partisans de la libéralisation commerciale soit les gains de bien-être, à l’échange, dans certains pays, les chercheurs arrivent à la conclusion qu’une libéralisation des échanges pourrait être bénéfique aux plus démunis, en permettant la réduction des inégalités entre riches et pauvres alors que dans d’autres pays, les résultats sont plutôt défavorables et indiquent qu’une libéralisation contribuerait à creuser les écarts entre les différentes couches sociales.