Dans le classement de Reporters sans frontières (RSF) sorti ce 3 mai à l’occasion de la célébration de la journée mondiale de la liberté de la presse, le Burundi occupe la 114e place sur 180 pays. Il était 107e en 2022. RSF et CPJ condamnent l’emprisonnement du journaliste Floriane Irangabiye.
« Malgré quelques signaux favorables envoyés par le nouveau président Evariste Ndayishimiye, l’environnement reste encore très hostile pour l’exercice du journalisme au Burundi où une journaliste a été emprisonnée à 10 ans de prison ferme pour des accusations fallacieuses », indique RSF pour justifier la perte de sept places par le Burundi.
Selon le Comité de protection des journalistes (CPJ), une ONG de défense de la liberté de la presse dans le monde, la décision de confirmer la condamnation de Floriane Irangabiye ne fait qu’illustrer davantage l’hostilité du gouvernement envers les critiques.
« Irangabiye n’a pas sa place derrière les barreaux, et il est dévastateur qu’elle risque une décennie de prison. Elle a beaucoup trop souffert, et les autorités devraient faire ce qu’il faut et la libérer immédiatement », fait savoir Muthoki Mumo, représentant du CPJ pour l’Afrique subsaharienne.
La journaliste Floriane Irangabiye est accusée « d’atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat ». Elle a été condamnée à dix ans de prison ferme avec une amende d’un million de francs burundais, le 3 janvier, par le Tribunal de Grande Instance de Mukaza. La Cour d’appel de Bujumbura Mairie a confirmé, ce 2 mai, le jugement rendu par la première instance.
« Toute liberté dépend de la liberté de la presse »
« Au moins 67 professionnels des médias ont été tués en 2022. Des journalistes et les professionnels des médias sont directement ciblés alors qu’ils effectuent leur travail. Ils sont souvent harcelés, intimidés, détenus et emprisonnés », alerte Antonio Guterres, secrétaire général des Nations Unies.
Il déplore que dans les quatre coins du monde, la liberté de la presse est attaquée et que la vérité est menacée par la désinformation et les discours de haine. Selon lui, l’effondrement financier des organisations de presse indépendantes et la multiplication des lois et réglementations nationales qui entravent l’exercice du métier de journalisme renforcent la censure et menacent la liberté d’expression.
« Arrêtez les menaces et les attaques. Arrêtez de détenir et d’emprisonner des journalistes pour avoir fait leur travail. Arrêtez les mensonges et la désinformation. Arrêtez de cibler la vérité et les détenteurs de la vérité », appelle le secrétaire général de l’Onu.
Pour lui, toute liberté dépend de la liberté de la presse : « La liberté de la presse est le fondement de la démocratie et de la justice. Elle représente l’essence même des droits de l’homme ».