Qu’il est loin le temps des Inquisitions, des bûchers, des autodafés, des guerres de religions, des croisades, de conversions par l’épée, de cet Edit de tolérance, puis de ’’tornade du Saint Esprit sur l’Afrique’’. Le sang a coulé et coule encore au nom de Dieu. Puis, il y a eu ces Déclarations… et des Lois plus respectueuses des élans spirituels des hommes …
Si aujourd’hui, les Burundais sont de plus en plus tolérants dans leurs diversités religieuses, cela n’a pas été toujours le cas. A travers l’histoire, les Burundais, très attachés à leur Dieu, ’’Imana’’ avec le culte unificateur dit ‘’’Ukubandwa’’, ont manifesté des résistances à chaque fois que des étrangers introduisaient de nouvelles religions.
Un bon dimanche du mois de janvier à 12 heures, sur la route menant à Rumonge, le long du lac Tanganyika, dans la zone Migera. Dans cette partie sud du pays, notre attention est tournée vers la multitude d’églises et mosquées érigées de part et d’autre de la route : au moins tous les 500 mètres, une église. Nouvelle Jérusalem, Umuco, EEAC ou Eglise Evangélique de l’Afrique Centrale, paroisse Migera de l’Eglise catholique, Eglise Méthodiste Libre de la succursale Buhanda, FECABU, l’Eglise pentecôte, etc. Une conglomération au vrai sens du terme.
Catholiques et protestants sont à la fin de leur prière dominicale. Instruments de musique : tambours, guitares, synthétiseurs, etc. accompagnent les chants de louange.
Du côté des musulmans, même si ce n’est pas l’ « Ijuma » (vendredi) ou dimanche pour la plupart des chrétiens, l’« adhan », l’appel du muézin, a déjà retenti au minaret de la mosquée située à moins de deux kilomètres de Migera à Gitaza pour appeler les fidèles à la prière du « dhuhr », la mi-journée.
« Personne n’est jamais venue nous demander d’arrêter de battre le tambour, de jouer à la guitare parce qu’on dérange. Nous vivons en parfaite harmonie», apprécie Léonie Nshimirimana, pasteure de l’Eglise Méthodiste Libre à la paroisse Wandoha, commune Kayokwe de la province de Mwaro. Pourtant, cela n’a pas toujours été le cas.
Les Burundais d’antan, explique Pr Joseph Gahama, historien, priaient tous Dieu à travers du culte d’ « Ukubandwa » : « Kiranga était comme l’intermédiaire entre Dieu et les hommes.»
« Imana », ce Dieu des Burundais, ajoute Mgr Antoine-Pierre Madaraga, vicaire général du diocèse de Ngozi, était censé protéger leur propriété et leur cheptel, leur faire du bien, leur donner des enfants, la pluie, le soleil au moment opportun. C’est pour cette raison, explique Mgr Madaraga, qu’ils voulaient rester proches de lui.
Vers les années 1845, raconte M. Gahama, Mohamed Ben Khalfani El Hamisi Baruani alias Rumaliza, arabe, arrive au Burundi : « Il vient d’Ujiji (Tanzanie) et il est à la recherche d’esclaves à vendre en Arabie Saoudite » Au juste, fait-il savoir, il veut se frayer le chemin pour Manyema en République Démocratique du Congo parce qu’il y cherchait de l’ivoire.
« Faux et archi-faux. Mohamed Ben Khalfani n’est jamais venu pour faire des Burundais des esclaves. Ce sont des propagandistes opposés à l’Islam qui ont propagé cette rumeur », riposte cheikh Salum Ndijeje, responsable du Centre islamique pour la prédication et l’éducation à Rumonge.
L’historien indique que Rumaliza a tenté deux fois, mais les Burundais à l’aide des lances et des arcs, l’ont combattu et vaincu : « Il a fini par fuir. » Ce n’est que plus tard que des Arabes, venus de la Tanzanie (Dar-Es-Salaam, Kilua et Bagamoyo) et de Mombasa au Kenya pour faire le commerce, ont pu implanter l’Islam au Burundi.