Une chose est sûre avec cette annonce ou promesse faite par Bujumbura ce mercredi 23 février au Secrétaire général des Nations Unies à l’issue de sa visite : aucun prisonnier en lien avec la crise actuelle n’est concerné.
Mis à part l’engagement pour un ’’dialogue inclusif, à l’exception des personnes impliquées dans les violences’’ qui ne sont pas les bienvenus à la table du dialogue, il y a eu annonce de cet élargissement de 2.000 prisonniers.
Le décret présidentiel est clair: «Bénéficie de la remise totale des peines, les prisonniers condamnés à des peines inférieures ou égales à cinq ans devenues définitives du chef de toutes les infractions, à l’exception du génocide, des crimes contre humanité, des crimes de guerre, du vol à main armée, de la détention illégale d’arme à feu, de l’atteinte à la sûreté intérieure et extérieure de l’Etat, de viol, des homicides volontaires, du mercenariat, de l’anthropophagie et tous les autre crimes commis en association ou en bande organisée».
Au vu de ce premier article, des milliers de personnes arrêtées depuis le mois d’avril ou même avant ne vont pas bénéficier de cette clémence présidentielle.
Des sources onusiennes indiquent qu’une partie des personnes à libérer ont été choisies après des discussions entre Bujumbura et l’ONU. Mais les services de communication à la présidence précisent qu’il n’y a pas eu de négociations, qu’il s’agit plutôt d’une ’’mesure annoncée par le président de la République dans son message à la Nation du livré le 31 décembre dernier. Cette grâce présidentielle était en faveur des détenus dont les jugements avaient déjà été prononcés’’.
Pour le Cnared, la plateforme de l’opposition radicale, avec ce décret de grâce présidentielle, il est clair que cette mesure ne concerne que des prisonniers de droit commun. «Peut-être que Bujumbura veut libérer de la place pour trouver où caser tous ceux qui se sont levés contre le 3ème mandat du président Nkurunziza», s’insurge Jérémie Minani, porte-parole du Cnared. Selon lui, ’’cette mesure est une preuve de plus de la mauvaise foi de Bujumbura’’.
Signalons que la population carcérale est aujourd’hui estimée à 12.000 prisonniers pour quelques 3.600 places pour 12 maisons d’arrêt.