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L’hôpital Roi Khaled au bord de l’abîme

05/05/2013 Commentaires fermés sur L’hôpital Roi Khaled au bord de l’abîme

Ses débiteurs ne sont pas prêts à s’acquitter de leurs dettes. Une situation qui dégrade la qualité des soins, mais aussi celle de la formation des futurs médecins.

<doc5018|left>Roi Khaled n’est pas n’importe quel hôpital. C’est « l’hôpital de référence » du pays, le centre hospitalo-universitaire de Kamenge. Celui où sont formés les futurs médecins burundais. Ses débiteurs lui doivent 1 325 435 926 Fbu. Des impayés des ministères de la Solidarité Nationale, de la Santé Publique, de la Sécurité publique et de la Défense, liés à l’application de la politique de la gratuité des soins. L’hôpital Roi Khaled se trouve dans une situation financière explosive car il doit plus de 857 millions de Fbu à ses fournisseurs en produits et matériel médical.

Le ministère de la Santé doit à cet hôpital 544 960 363 Fbu. Ce sont des arriérés principalement dus au système CAM, l’ancienne carte d’assurance maladie. « Une situation qui ira surement de mal en pis avec la nouvelle carte d’assistance médicale. Le nombre de ceux qui bénéficieront des soins gratuitement va augmenter » s’inquiète Moise Ntiburuburyo, le président de l’association pour la défense des droits des malades (ADDM). Car, précise-t-il, il était prévu qu’à chaque sortie d’une carte octroyée à 3000 Fbu, une somme de 10 000 soit disponible pour la couverture des soins élémentaires dans la caisse. De plus, un budget de 30 milliards sera alloué au payement de cette couverture sanitaire. Paradoxalement, constate-t-il, seulement un milliard et demi de Fbu sont disponibles.

La révision budgétaire ne prévoit pas le payement de ces dettes

Quant au ministère de la Solidarité Nationale, il doit à l’hôpital Roi Khaled plus de 691 millions de Fbu d’arriérés pour les prestations de soins de santé aux indigents. Normalement, c’est grâce au fonds provenant de l’allégement de la dette burundaise que le ministère payait les hôpitaux. Mais avec les problèmes budgétaires que connaît le pays, ce ministère est actuellement incapable de payer ses dettes. De surcroît, il ne peut pas arrêter de prendre en charge les nécessiteux. D’après le défenseur des droits des malades, ces ministères, y compris celui de la Défense et de la Sécurité Publique, ne vont pas s’acquitter de leurs dettes puisque lors la révision budgétaire, ces arriérés n’ont pas été pris en considération.

Cette situation provoque des conséquences désastreuses. « Les victimes sont les malades. La qualité des soins laisse à désirer», s’alarme Moise Ntiburuburyo. Selon ce dernier, auparavant, un malade hospitalisé recevait tous les soins nécessaires, sans verser aucun sou. Il affirme aussi qu’on lui facturait les prestations de soins et de services fournis. Actuellement, le patient doit tout acheter jusqu’à la seringue : « Si tu n’as pas le matériel, quand les médecins ou les infirmières font le tour pour les soins, ils continuent. Ce sont les gardes malades qui vont peiner pour les refaire revenir », précise-t-il, atterré.

L’hôpital se rabat sur les produits bon marché…

Faute de moyens, au lieu de mettre à la disposition des malades les produits pharmaceutiques, l’hôpital préfère les mettre dans les pharmacies de vente. Le président de l’ADDM déplore également le fait que l’hôpital ne soit pas capable d’acheter des produits de qualité. Il soutient alors que l’hôpital se rabat sur les produits bon marché, ce qui l’expose à l’achat de produits de mauvaise qualité, voire des contrefaçons. « Ainsi un patient est obligé de chercher des spécialités chez les privés qui vendent souvent à des prix exorbitants », indique-t-il.

Le doyen de la faculté de médecine, Dr Ndayisaba, affirme que cette situation financière « explosive » affecte aussi la qualité de la formation des étudiants en faculté de médecine : « L’hôpital manque cruellement de matériel médical, ce n’est pas un secret. Les étudiants doivent appliquer ce qu’ils ont appris. » D’après lui, les étudiants ne peuvent pas faire de bons diagnostics et savoir le traitement approprié à appliquer s’ils n’ont pas de matériel didactique à leur disposition. « C’est aux ministères de la santé et à celui de l’enseignement supérieur de soutenir davantage toutes les structures de soins nécessaires à la formation ainsi qu’à la prise en charge des patients », conclut-il.
Contacté à ce sujet, le directeur de l’hôpital Roi Khaled n’a pas voulu s’exprimer.

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