Plus de 4,5 milliards de Fbu d’arriérés de subsides, auxquels s’ajoutent près de 800 millions de Fbu de créances pour les soins offerts à la police, l’armée, aux indigents, aux mères enceintes et enfants de moins de 5 ans… Principal responsable ? L’État ! Et les conséquences sont lourdes.
<doc7184|right>« A partir de 2009, l’État a demandé à notre hôpital de payer pour lui les primes et indemnités au personnel quitte à rembourser progressivement lors du paiement des subsides. Mais, jusque fin 2012, il n’avait pas encore régularisé 4,5 milliards de Fbu », déplore Nicaise Ndayizigiye président du Syndicat National des Travailleurs de la Santé (SNTS) en mairie de Bujumbura. Et ce n’est pas tout. Ce travailleur de l’hôpital Prince Régent Charles indique que l’hôpital continue de soigner les femmes enceintes, les enfants de moins de 5 ans, les sidéens, les sinistrés de la guerre, les indigents, le personnel de la santé, les agents de la police nationale et de l’armée…sans que les factures ne soient payées régulièrement, donc à ses frais. « Les arriérés s’élevaient à près de 900 millions de Fbu au 14 février 2013. Et chaque mois la facture est présentée aux services des différents ministères qui prennent en charge ces individus », souligne-t-il.
Même écho du côté de M. Karibwami, représentant du Syndicat National du Personnel Paramédical et Aides Soignants (Synapa) en Mairie de Bujumbura. D’après lui, même si les factures sont parfois payées, les montants recouvrés ne correspondent pas réellement aux services rendus. « Par exemple, pour la mesure de gratuité des soins pour les mères enceintes et les enfants de moins de 5 ans prise par le président de la République, le gouvernement paie 60.000 Fbu pour une césarienne. Mais allez demander combien cela coûte ! Ce service ne peut pas se faire à moins de 300.000 Fbu», se désole-t-il.
Des conséquences
Les conséquences de ces arriérés sur le fonctionnement de l’Hôpital sont multiples d’après les syndicalistes. Le représentant du Synapa évoque la question des dettes énormes envers les fournisseurs de produits pharmaceutiques , le personnel qui n’est pas payé à temps, les patients qui ne sont pas bien traités à cause du manque de matériel suffisant et de médicaments, le manque de médecins spécialistes (l’hôpital en a trois, alors qu’il a besoin de plus d’une dizaine selon M. Karibwami), certains services comme celui d’oto-rhino-laryngologie ont dû fermer, les équipements médicaux vétustes ne sont pas renouvelés ou réparés, les ruptures de stocks de certains produits pharmaceutiques sont fréquentes,…
<doc7185|left>La gestion n’est pas facile
Quant à la gestion de la situation, Jean- Bosco Nduwarugira, directeur de l’Hôpital, indique que son établissement vit au jour le jour. « Tout ce que nous pouvons faire, c’est essayer de payer le personnel et se procurer les médicaments. Et cela nous le faisons en consultation avec le personnel », mentionne-t-il. Il reconnaît aussi que son hôpital n’est pas régulier avec les fournisseurs des médicaments : « Heureusement qu’ils comprennent la situation dans laquelle nous vivons. Ils continuent à nous donner des médicaments tout en espérant que nous les payerons. »
Côté investissements, M. Nduwarugira précise que les ressources ne le permettent plus : « Nous ne pouvons pas penser à remplacer les vieux équipements ou à réparer ceux qui tombent en panne. » La preuve : l’argent liquide que les patients payent mensuellement ne permet même pas de couvrir ne fut-ce que le tiers des charges salariales (214 millions de Fbu par mois, selon M. Ndayizigiye).
Toutefois, une commission chargée d’étudier les modalités de liquider les créances de l’État envers les hôpitaux autonomes est déjà en place à la deuxième vice-présidence de la République. Son président Jean Sindayigaya promet de s’exprimer dans deux semaines après la sortie de son rapport. Iwacu vous fera état des résultats dans ses prochaines éditions.
<quote>Une odeur nauséabonde : Dans les chambres des malades, précisément devant la grande salle no 6, la porte aux vitres cassées laisse entrer l’air. Mais sûrement que les malades goûtent un peu à la poussière de l’extérieur. A l’intérieur de la même salle, une saleté repoussante. Pourtant, l’endroit devrait être propre car de nombreux patients ont des plaies. L’odeur est nauséabonde. Sur de petits lits (une dizaine) de 0,90 m installés sous des moustiquaires attachés de part et d’autres des murs déjà endommagés, les malades s’allongent sur de vieux matelas en lambeaux. « Les punaises il y en a à gogo ici », lance un des gardes-malades. Les lits sont serrés. A peine un espacement de 0,5 m. Pas de lits pour les gardes -malades, certains dorment à même le sol sur de petites nattes. Ces dernières sont conservées entre les objets du malade (Thermos, habits, souliers, casseroles,..) rangés au dessous du lit du malade. Seulement quelques petites armoires pour caser les affaires, d’autres traînent par terre.</quote>