Plusieurs malades affluent vers l’hôpital de Kibimba. Dès leur rétablissement, la plupart se retrouvent incapables de payer la facture et l’établissement en pâtit.
Situé en province Mwaro, l’hôpital de Kibimba accueille des patients venus de plusieurs coins du pays. Beaucoup préfèrent cet hôpital pour la qualité de ses soins. Les patients sont issus des milieux pauvres et viennent des coins les plus reculés du pays comme Makamba et Cankuzo. Certains se dirigent vers Kibimba pour subir une intervention chirurgicale dont ils ne peuvent pas bénéficier chez eux. Dans cet établissement de 198 lits, les patients reçoivent matelas et couvertures pour 300 Fbu par jour. Bus et voitures font des navettes chaque jour entre provinces et Kibimba. Beaucoup rentrent satisfaits des soins qu’ils ont reçus.
En témoigne Innocent Barakanfitiye qui avait amené sa femme pour une césarienne. « A Murore, (Cankuzo), tous les médecins me disaient que les chances de sauver le bébé et la mère étaient très minimes, car l’opération était très risquée. Mais ici l’opération a été une réussite totale. La mère et l’enfant sont en bonne santé », s’est-il réjoui.
« Nous ne refuserons jamais de soigner un patient »
Par contre, Emmanuel Ndoriyobija doit à l’hôpital de Kibimba une somme de 80 1760Fbu. « Où trouverai-je cet argent ? C’est la deuxième fois en deux ans que je me retrouve hospitalisé », s’inquiète-t-il.
M.Ndoricimpa n’est ni surveillé ni chassé de son lit, mais il doit attendre jusqu’à ce qu’il trouve l’argent pour payer son hospitalisation. « Même si je ne peux pas rentrer chez moi, ce n’est pas la faute de l’hôpital. Il a fait beaucoup pour moi, mais je n’ai pas de moyens pour payer cette facture », fait-il-il remarquer.
Vincent Mbunuza est originaire de Bukeye, province de Muramvya. Il est là depuis deux ans. Il vit toujours avec la peur au ventre pour une facture prochaine. Selon le personnel de l’hôpital, il a tenté de fuir parce qu’il s’estime incapable de s’acquitter de cette dette. « S’ils jugent nécessaire de me mettre en prison, j’irai sans me plaindre car nul autre hôpital n’aurait accepté de me soigner tout ce temps là », déclare-t-il.
« Quand il s’agit de sauver une vie humaine, nous la soignons et nous attendons la suite», a lancé Dr Elysé Nahimana, directeur de l’hôpital. D’après lui, l’hôpital est placé dans un milieu où vit une population à faible revenu. Il affirme que le non payement des soins complique la tâche. Pour soigner toute cette population dépourvue de couverture médicale, le directeur de l’hôpital Kibimba propose que[ le système de CAM (Carte d’Assurance Maladie) soit vulgarisé dans tout le pays : « Sans l’application de cette politique, beaucoup d’hôpitaux travailleront à perte. »