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L’Honnorable Jean-Marie Ngendahayo et la langue de bois du panafricanisme

07/11/2012 Commentaires fermés sur L’Honnorable Jean-Marie Ngendahayo et la langue de bois du panafricanisme

Dans le journal Iwacu, l’Honnrable Ngendahayo semble faire un effort particulier pour éluder les sujets intéressants. Tout en usant, abondamment, de la langue de bois qui, par définition, est « une forme d’expression qui, notamment en matière politique, vise à dissimuler une réticence à aborder un sujet en proclamant des banalités abstraites, pompeuses, ou qui font appel davantage aux sentiments qu’aux faits » …

Tout récemment, en politique internationale, l’Hon. Ngendahayo s’est plaint de la chute de Khadafi, et de l’ingérence internationale (occidentale) dans les conflits Africains, comme en Libye, etc., alors que nous savons très bien que l’initiation et la continuation de l’expérience démocratique multipartite au Burundi, comme en Libye, a été et est toujours sujette au soutien international, et surtout Occidental, sinon c’est la casse entre frères africains.…

La propagation du modèle politique Occidental multipartite dans le monde s’accélère. Parfois, la transition se fait avec beaucoup de casses, parce qu’il est souvent difficile aux frères africains, sortant de systèmes totalitaires, d’accepter la divergence d’opinions et le débat libre qui va obligatoirement avec ce multipartisme.
Plusieurs fois, l’Hon. Ngendahayo a été obligé de recourir au refuge occidental, comme beaucoup d’entre nous avons été obligé de le faire, et continuons de le faire de temps à autre (et pour combien de temps encore ?) pour fuir, se réfugier loin en Occident et nous protéger contre l’intolérance, la menace et la violence de nos propres frères africains. Pourquoi, ou presque personne, ne demande jamais refuge en Libye, en Iran, en Chine ou chez d’autres « nationalistes » anti-occidentaux ? La réponse est dans la question.

Les rescapés des putschs au Burundi, notamment en 1993, fuyaient se protéger vers les ambassades des USA ou de la France. Pourquoi personne ne se dirigeait vers l’ambassade de Chine ou de la Libye de Khadafi ? Tout partisan du multipartisme au Burundi est par définition une personne condamnée à mort d’avance dans une Libye de Khadafi ou autres régimes similaires : il n’en reste qu’une poignée sur la carte du monde. N’oublions pas que Khadafi a fait la guerre en Ouganda contre la Tanzanie, et au Tchad.

Au Burundi, comme en Libye, nos problèmes sont nationaux, entre frères et sœurs, il n’est pas réaliste de les coller à l’ingérence des étrangers et autres occidentaux, qui tout au moins, eux, financent le Journal Iwacu et autres secteurs de la vie nationale.

Historiquement parlant, en 1972, l’ambassade américaine était prise à partie par le pouvoir Micombero (voir Wikileaks) tandis que les Chinois et les Nord-Coréens constituaient les soutiens du régime Micombero. L’aile Monronvia du parti Uprona, « dite pro-hutu », décimée par après en 1965, était aussi pro-occidentale tandis que l’aile « Casablanca » réfractaire au multipartisme était pro-chinoise, pour gérer le pays, sans « ingérence étrangère », dans un modèle monopartite comme … en Libye.

Par ailleurs, Kadhafi a fait fuir des centaines de milliers d’Africains par la guerre : tout d’abord les Libyens auxquels il refusait le multipartisme. Puis, beaucoup de mal aux Tchadiens, aux Ougandais et aux Tanzaniens auxquels il a directement fait la guerre. On ne peut pas compter les guerres africaines indirectes de Khadafi qui finançait les guérillas locales d’autres pays.

Khadafi avait des milliers de soldats libyens présents en Ouganda en soutien à Idi Amin pour envahir la partie nord de la Tanzanie de NYERERE, annexant une partie du nord de la Tanzanie (Akagera). C’est de l’histoire récente. Les Libyens se sont battus militairement en Ouganda contre la Tanzanie, ils y ont été tués, d’autres faits prisonniers : l’armée de Nyerere prit le dessus, et arma les rebelles Ougandais. L’armée tanzanienne entra à Kampala, captura 500 soldats de Khadafi et chassa Idi Amin.

Personne n’oublie non plus l’annexion du nord du Tchad par Khadafi : c’est au prix d’une longue guerre menée par le Tchad contre la Libye et avec le soutien des Occidentaux que Khadafi fut vaincu. Le Tchad put libérer la bande d’Aouzou riche en pétrole. Aujourd’hui, quelles larmes de crocodiles pour un panafricanisme de langue du bois ?

L’Hon. Ngendahayo semble oublier que Khadafi est parti sous l’impulsion des mêmes Occidentaux qui ont forcé la plupart des régimes africains au multipartisme, notamment le Burundi de 1993 : une ouverture créé par les Occidentaux et dont le Frodebu a su profite, en 1993, pour exprimer les souhaits démocratiques du moment. Sans cette ouverture, le Frodebu pacifique, démocratique et victorieux de 1993 n’aurait jamais pu exister.

En conclusion, c’est donc une surprise de lire l’Hon. Ngendahayo se plaindre de l’ingérence internationale, notamment pour les Libyens, qui, eux ne se plaignent pas : car enfin, ils obtiennent cette ouverture pour le multipartisme et les urnes que les Burundais ont obtenu en 1993, avant de gâcher cette opportunité en or : ainsi, malheureusement, pour l’instant, l’Hon. Ngendahayo se cantonne dans des sujets très abstraits et sans substance dans les colonnes du journal Renouveau, pardon, Iwacu.

Pour y remédier, j’interpelle et suggère un chantier difficile aux anciens et sages de la politique burundaise, notamment l’Hon. Ngendahayo : aider les jeunesses des partis politiques de changer de noms pour laisser tomber la violence dans leurs dénominations. {Indarangavye} JRR de l’Uprona, qui ne dorment pas ou font peut-être les rondes nocturnes de triste mémoire, les {Intakangwa} du Frodebu qui n’ont pas peur de se battre, les{ Ivyuma vy’Indege} du FNL qui sont faits du métal le plus fort pour tout casser, et {Imbonerakure}, qui sont les éclaireurs sur le champ de bataille : {« igiti kigororwa kikiri gito »}.

J’ai l’immense regret de me souvenir de l’Hon. Ngendahayo, qui dans les années 1992-1993, à la radio ou télévision, avec le FRODEBU, disait que cette « unité nationale » de factice du régime Buyoya, était inutile, qu’« on n’a pas besoin de s’aimer entre Burundais, mais de se respecter » : {« nta tegeko ryo gukundana , ahubwo twubahane »}. Il refusait même de serrer la main des autres pour balancer les bras ensemble avec les autres dignitaires lors qu’il s’agissait de chanter la fameuse chanson lors de la fête de l’Unité Nationale ({« Twese turi bamwe, twonse rimwe »}). L’Hon. Ngendahanyo ne se rendait pas compte qu’on ne peut pas respecter ceux qu’on n’aime pas, ceux qu’on ne considère pas comme des humains comme vous.
Des gens comme l’Hon. Ngendahayo refusaient de regarder les réalités et les solutions en face, pour se complaire dans l’abstrait ou certains principes vagues, {respect mutuel} alors, aujourd’hui {panafricanisme}, ou l{utte contre l’ingérence étrangère}, etc. L’Héros National Président Ndadaye, comme cela transparait dans ses discours, voulait la démocratie dans l’unité donc gagnant-gagnant pour tous, mais il était incompris par ceux, de tous bords, qui croyaient que la démocratie signifiait séparation et antagonisme dans le « respect mutuel » : en d’autres mots, « je te hais mais je te respecte ». Cela ne marche pas dans le monde réel.

Aujourd’hui, sur ce point, je crois personnellement ce que dit souvent le Président de la République Monsieur Pierre NKurunziza, je cite, « il faut aimer ceux que vous dirigez : kunda abo mutwara, comme des humains … » En effet, c’est à cette condition que tout le dispositif des lois et droits de l’homme devient une réalité.

Afin de vivre la véritable indépendance africaine, il ne s’agit pas de jalouser les bonnes œuvres accomplis par les étrangers dans nos pays, au contraire, il faut que les Africains se soucient plus de leur propre bien-être, se respectent plus et prennent soin les uns des autres, à l’intérieur et à l’extérieur des frontières nationales, et au bout du compte, l’amour et le respect du prochain, comme humain, sont le fondement des « droits de l’homme », et donc, sources de l’état de droit et de la démocratie.

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