Samedi 23 novembre 2024

Editorial

L’histoire nous a appris à être comme Saint Thomas 

27/08/2021 7

Le dernier discours du président Evariste Ndayishimiye aux représentants de la magistrature est allé droit au cœur des Burundais, fatigués par la corruption systémique et structurelle qui empoisonne la vie nationale. Jamais un chef d’Etat ne s’était pris à la justice burundaise en termes clairs et forts pour dénoncer ce fléau qui gangrène le pouvoir judiciaire. Il a tiré la sonnette d’alarme. Rares sont des discours dont les commentaires ont créé une aussi grande onde de choc dans les esprits des Burundais et font le buzz sur les réseaux sociaux.

Les Burundais font donc corps avec ce discours, très courageux, du chef de l’Etat. Cela déduit que la corruption a porté atteinte au système judiciaire, refusant aux citoyens le droit d’accès à la justice, et le droit à un procès juste et équitable, parfois même le simple droit à un procès. « Un système judiciaire corrompu ignore la voix de l’innocent et permet au coupable d’agir en toute impunité », a commenté un expert en droit, en retraite.

Honneur aussi à ce magistrat qui a eu le courage de se lever pour accuser nommément l’immixtion « des généraux et du parti » dans les dossiers judiciaires, ces « centres de pouvoir » occultes à l’extérieur de l’institution censée être l’incarnation et la garante de la plus totale transparence. « Quand les tribunaux sont corrompus par la cupidité ou l’ingérence politique, la balance de la justice est faussée et les simples citoyens en paient le prix », analyse Transparency International.

Quoi que l’on dise, quelque chose est en train de changer, les lignes bougent. Tout d’abord, un tel discours était impensable il n’y a pas longtemps.

La preuve, selon plusieurs témoignages crédibles, le discours du président n’aurait pas plu à tout le monde. Tant pis pour eux. Ou tant mieux pour le Burundi. Il est question de la vie de 12 millions de Burundais et personne ne va pleurer cette petite clique gênée. Et comme dit la sagesse burundaise « uwushaka gukira indwara … »

La majorité des Burundais sont donc d’accord avec le triste diagnostic du président. Naturellement sceptiques, ils espèrent que le chef de l’Etat, après les signes de bonne volonté, aille vite en besogne en opérant des réformes qui s’imposent. Ils attendent alors la suite. L’histoire nous a appris à être comme Saint Thomas.

« Comment ? Impossible ! Je ne connais point ce mot-là ! », dixit Napoléon. Tout dépend de l’engagement du Chef et de la détermination des citoyens. C’est donc possible. Autrement dit, comme disent les Anglais, « Never say never »…

Forum des lecteurs d'Iwacu

7 réactions
  1. Mutima

    Monsieur l’éditoraliste.
    Soyons honnetes et disons la vérité. La corruption au Burundi a atteint des sommités jamais égalées au Burundi.
    Ne soyons pas hypocrites, les régimes hima (Pour verser dans la simplicité) étaient aussi corrompus.
    Je mettrais les noms, un certain ministre omnipotent du temps de Bagaza a fait construire une petite bifurcation qui menait chez son pere. La route nationale construite (à cette époque) sous son regne était un bijou. Ce ministre a eu la décence yokurenzako ivu le petit troncon de 357 metres. Juste pour vous montrer le degré de corruption a cette epoque et maintenant.
    Maintenant nous avons des étages a Bujumbura de plus de 7 niveaux. Nous connaissons tous les proprietaires. ILS NE S’EN CACHENT PAS, ILS S’EN VANTENT MEME. Dieu du ciel, mwiyumvira ko ayo mahera ava hehe?
    Maintenant, les termes « Généraux » ou « Ibihangange » devenus d’utilisation courante au Burundi ne signifient rien d’autre qu’une caste ou mafia qui sont au sommet de la corruption qui nous place au rang ignominieux et infame du pays le plus corrompu au monde.
    Alors si on veut s’attaquer à la corruption, commencez par la tete et non la queue.
    Chapeau au magistrat de Rumonge qui a osé pointer le doigt à l’une des multiples causes de la corruption généralisée.

    • Yan

      @Mutima
      Je suis vraiment de votre avis, mais il me semble que vous êtes un peu trop clément avec les régimes passés. J’ai appris une anecdote d’une personne d’origine étrangère qui possédait à l’époque (années 1980) un immeuble au centre-ville de Bujumbura. Un jour cette personne qui vivait dans le pays depuis plusieurs années a été expulsée du pays et un dignitaire du régime (pouvant être à l’origine de la décision) s’est approprié sa parcelle. Cette personne expulsée a pris le soin de partir avec tous les documents attestant son droit de propriété sur l’immeuble. Plus tard le régime étant changé la propriété a pu être recouvrée. Que pensez-vous de cette histoire? Anecdotique ou grave tout de même?

      • Akabanga

        Dire qu’il est clément envers les régimes passés c’est une perception personnelle. Tous les gouvernements qui se sont succéder ont toujours eu cette clique de gens intouchables. L’essentiel comme l’a dit @Mutima, combattre la corruption commence par la tête et non la queue. Et malheureusement ce n’est pas le cas. Attendons la suite.

        • Oser comparer le régime de Bagaza avec les régimes actuels est assez osé. Il faudrait d’abord vous renseigner sur les documents de la banque mondiale avant de raconter des rumeurs de cabarets. Ndayishimiye a dit qu’il n’a jamais été réfugié. Donc il dit qu’il ne voit plus la justice, la population qui pleurent pas, les étrangers qui viennent investir.. car il les a déjà vu au Burundi et ça doit être dans les années 70 et 80 vu son âge. Tout vos commentaires mutima, akabanga et Yan c’est du ragots de cabarets. Les faits sont là et ils sont têtue, Ndayishimiye a dit que tout les burundais pleurent y compris leur chef qu’ils ont élus. Il y a plus de débats possibles sur la vérité.

          • Yan

            @Mike
            « …car il les a déjà vu au Burundi et ça doit être dans les années 70 et 80 vu son âge.  »

            Je peux comprendre votre nostalgie, mais en considérant que « gouverner c’est prévoir », votre Bagaza ne s’y était pas bien pris car ce qui a suivi son régime n’a été que le corollaire de son travail. S’il avait travaillé pour la stabilité politique et sociale de son pays à moyen et long-terme, je ne crois pas qu’on aurait assisté à ce qui s’est passé en 1988, 1991, 1993 et suivants. Je dis ceci avec des pincettes car avec des si, on peut mettre Gitega dans une bouteille.

      • balame

        J ai entendu cette histoire.
        Je pense qu’elle est vraie.
        Malheureusement, les nouveaux régimes n’ont pas appris des erreurs du passé.
        Un dignitaire actuel a dit avec humour. Kera barisha igipawa, ubu naho bakoresha « Pelle chargeuse »
        Le classement de Transparency International nous classe parmi les 3 pays les plus corrompus au monde.
        Dans les années 1980, notre classement n’était pas aussi catastrophique. Nous étions au meme rang que le Rwanda. On faisait beaucoup mieux que le Zaire, Zimbabwe, Cameroun, Soudan, Centrafique, Uganda, etc…

      • Yan Bagaza a gouverné en fonction de ce qui s’était passé dans le régime précédent. A savoir des personnalité étrangères qui voulait instaurer des régimes semblable à ceux d’un pays voisin. Si il y avait pas eu les tragédies des années60 et 70 dont le but était clair(pour une personne non fanatique) Bagaza n’aurait pas pris les décisions qu’il a du prendre par précaution. Je te signale que Le président Jean Baptiste Bagaza dirigeait seul avec un parti politique unique qui n’avait pas de poids face à son pouvoir contrairement au régimes actuels qui sont élus et dirigent au sein d’un gouvernement avec plusieurs partis politiques.
        Bref, tu dis que je suis nostalgique,je te confirme que je suis nostalgique du Burundi où :
        BOSE BARARIRA, ABATO BARARIRA, ABAKURU BARARIRA, UMUKURU WIGIHUGU ARARIRA, ABANYAMAHANGA BASHAKA KUZA MU BURUNDI BARARIRA. ICO GIHUGU NICAHE ABANTU BOSE BARIRA? REKA BASI NANJE NDIRE…

        Les faits sont têtue , tu seras nostalgique du régime actuel et c’est ton droit, tout en espérant que tu y vis, je crois pas.

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