La nouvelle est tombée comme un couperet, elle fait couler beaucoup d’encre et de salive. La «déclaration sur l’exécution de l’arrêt 859 et saisie des biens meubles et immeubles dans le dossier RMPG 697 bis/MA/BV/NTH », en rapport avec le putsch manqué du 13 mai 2015, fait la une des réseaux sociaux depuis la soirée de mercredi 15 mai.
Elle reprend l’ordre du président de la Cour Suprême de saisir des immeubles appartenant aux neuf personnes emprisonnées, accusées d’avoir trempé dans ce coup d’Etat avorté.
Cette ’’déclaration’’ cite la correspondance du procureur général de la République qui porte à la connaissance du conservateur des titres fonciers la saisie des biens meubles et immeubles se trouvant sur le territoire national de 32 personnes. Ces dernières font objet des mandats d’arrêts internationaux, accusées de la même infraction.
L’annonce a suscité moult réactions, laissant place à des spéculations. Elle a provoqué un tollé pour les politiques, surtout de l’opposition. Pour les uns, le gouvernement vient de remettre le compteur de la crise à zéro. « Il vient de briser toute perspective d’un pont entre lui et l’opposition.»
Pour les autres, une infraction est pénalement individuelle. Elle ne peut en aucun cas être collective et familiale. « Qui eût cru que les défenseurs de la démocratie tomberaient si bas dans l’assassinat de toutes les vertus de la démocratie ? Cette fois nous touchons le fond », se désole l’un de ces politiques.
Jouant le juriste, ils clament haut et fort qu’un procureur général de la République ne peut pas signer une même décision judiciaire avec le président de la Cour suprême. Pour eux, ces deux hautes personnalités de la justice burundaise auraient subi des pressions politiques étant donné que leur déclaration a été faite au lendemain de l’intervention du secrétaire général du parti au pouvoir qui demandait avec insistance de punir ceux qui ont trempé dans le putsch.
Certes, la tentative de putsch a eu lieu. Il y a eu mort d’hommes, des maisons brûlées, des véhicules incendiés par ici, des infrastructures publiques et privées, détruites par là. C’est préjudiciable. C’est aussi le droit des victimes de demander des dédommagements. Mais la question est d’évaluer techniquement les pertes subies et la valeur réelle des biens à saisir sans spéculation.
La restitution des biens meubles et immeubles a toujours été une épine dans le pied des différents gouvernements. C’est une question qui ne doit ni céder à l’émotion, ni au chantage, ni à la spéculation, mais à la raison. Les problèmes politiques doivent être résolus politiquement, les questions de justice répondues judicieusement.