Vendredi 22 novembre 2024

Politique

« L’exiguïté des terres risque d’amplifier les conflits fonciers»

09/03/2021 1
« L’exiguïté des terres risque d’amplifier les conflits fonciers»

Dans une interview accordée à Iwacu, Roger Ngendakumana, conseiller technique chargé des questions administratives et sociales dans la commune Mubimbi, brosse le tableau de la cohabitation des partis politiques, la situation socio-économique, la protection de l’environnement, etc.

Comment est la cohabitation des partis politiques après les élections ?

D’abord, les partis les plus visibles sur le terrain sont le Cndd-Fdd, le Cnl, le Frodebu Nyakuri, le Sahwanya Frodebu, l’Uprona et le Fnl. Il est vrai qu’il y a eu des heurts entre les partis politiques durant la campagne électorale. Mais après les élections, ils mènent une bonne cohabitation. Ils répondent et participent ensemble aux travaux de développement.

Mais la commune a été le théâtre d’affrontements entre les jeunes affiliés au Cnl et au Cndd-Fdd avant et pendant les élections…

Il y a une nette amélioration du côté des jeunes affiliés à ces formations politiques. Cela est le résultat des formations conduites à l’endroit de ces jeunes après les élections par les ONG, telles que Cordes et le Centre Ubuntu. Nous exhortons les responsables des partis politiques à encadrer ces jeunes afin qu’ils s’attèlent aux travaux de développement.

La commune n’a pas été épargnée par les crises cycliques qui ont endeuillé le Burundi. Où en est-on avec le travail de la CVR ?

Les différentes composantes de la population de Mubimbi ayant été frappées par la crise se sont déjà confiées à la CVR. Nous espérons qu’il y aura un moment où la commission viendra sur le terrain pour faire le suivi de leurs dépositions.

Une démographie galopante qui inquiète plus d’un…

La surpopulation est une réalité dans la commune Mubimbi. Les chiffres sont éloquents. Nous en sommes maintenant à 771, 5 habitants au km2. La commune a une superficie de 71,4 km2 avec une population qui avoisine 55091 habitants. Il est évident qu’à la longue, la commune aura des difficultés quant à la gestion de cette surpopulation. Nous essayons de sensibiliser la population à faire le planning familial.

Risque de litiges fonciers ?

Des cas s’observent, mais ce n’est pas dû nécessairement à la surpopulation. Des conflits liés au partage des legs sont signalés ici et là. L’exiguïté des terres risque d’amplifier ces conflits. La villagisation serait l’une des solutions.

De quoi vivent les habitants de la commune Mubimbi ?

Ils vivent de l’agriculture et de l’élevage. Les cultures vivrières sont les plus cultivées. Nous observons peu de cultures d’exportation. Ils font aussi le commerce des fruits et des légumes. Seulement, les aléas climatiques impactent souvent la production agricole.

Comment vivent les déplacés internes?

La commune n’a pas de déplacés internes. Avec la crise de 1993, il y a eu des gens qui ont fui leurs collines vers les communes frontalières. Actuellement, ces gens-là ont regagné leurs collines. Ils mènent une bonne cohabitation avec leurs voisins.

Où en est-on avec la lutte contre les unions libres ?

Dès la mesure prise par le ministère de l’Intérieur visant l’éradication des unions libres, les administratifs à la base se sont mobilisés pour identifier tous les couples en situation d’union libre. La commune n’en compte pas beaucoup. Au moins 200 ménages ont été recensés.

Après leur identification, les autorités communales ont sensibilisé ces couples sur le bien-fondé de contracter un mariage légal. Ces couples ont régularisé leurs mariages. Leurs enfants ont été enregistrés à l’état-civil pour qu’ils bénéficient de la gratuité des soins et des frais de scolarité. Nous continuons à recevoir ces couples.

Pas de récalcitrants ?

Aux récalcitrants, nous appliquons la loi portant prévention, protection des victimes et répression des violences basées sur le genre. Mais il y a des gens qui ont trouvé des astuces pour faire le concubinage. Ils vont travailler dans les communes limitrophes et en profitent pour habiter avec une concubine. Nous essayons de combattre ce comportement en échangeant des informations avec l’administration de ces communes. Ceux qui sont surpris sont punis conformément à la loi.

Qu’en est-il de la protection de l’environnement ?

Face aux changements climatiques, nous sensibilisons la population à planter les arbres et à tracer les courbes de niveau pour éviter l’érosion et les éboulements du sol.

Quid du projet « Ewe Burundi urambaye » ?

La crise de 1993 a eu un impact sur les boisements. Ces derniers ont été dévastés. Il y a eu une déforestation à grande échelle. Nous sommes en train de reboiser les montagnes.

Quid de l’état des lieux de la Covid-19 dans la commune Mubimbi ?

Pour l’heure, aucun cas testé positif à la Covid-19 n’a été signalé dans la commune Mubimbi. Nous continuons à sensibiliser la population pour qu’elle respecte et observe les gestes-barrière à la Covid-19.

Où en sont les préparatifs quant à la mise application de l’annonce du président de la République de doter chaque commune d’un hôpital ?

C’est le centre de santé qui se trouve au chef-lieu de la commune qui sera transformé en hôpital. Les terrains de son extension ont été identifiés. Maintenant, ce centre de santé a été doté d’un médecin. Il est à l’œuvre. Un ouf de soulagement pour la population qui ne parcourt plus de longues distances pour l’une ou l’autre consultation.

Qu’est-ce qui est à l’origine des abandons scolaires ?

Chaque année, nous observons des élèves qui quittent les bancs de l’école. C’est déplorable. Les causes sont multiples. Certains évoquent la pauvreté dans leurs familles. Pour les filles, certaines abandonnent suite à des grossesses, d’autres se marient précocement. Des solutions sont envisagées pour diminuer le taux d’abandon scolaire. Nous exhortons les responsables éducatifs à renforcer l’encadrement et la discipline dans les écoles. Nous demandons, par ailleurs, aux parents de renforcer l’éducation de leurs enfants en tout et partout.

Propos recueillis par Félix Haburiyakira

Forum des lecteurs d'Iwacu

1 réaction
  1. roger crettol

    Je ne sais pas si c’ent une commune typique du Burundi, mais l’article est intéressant et aborde bien des points sensibles concernant le développement du Burundi rural.
    Merci.

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